Faire De Lance, plateforme de mise en relation entre fabricants et créateurs
Parmi les freins rencontrés par bon nombre de marques et créateurs de chaussures ou maroquinerie figure la recherche d’un fabricant ou sous-traitant français en mesure de les accompagner dès leurs premiers pas. Afin de pallier ces écueils, la Filière Française du Cuir a initié une plateforme baptisée Faire De Lance (FDL), « chaînon manquant entre la demande et l’offre, entre les marques créatives et les ateliers des secteurs maroquinerie et chaussure », souligne Jean-Pierre Tolo, initiateur du concept lorsqu’il était Président de la Fédération Française de la Maroquinerie (FFM). Cette nouvelle entité a vu le jour grâce à un groupe de travail réunissant CTC, les fédérations françaises de la maroquinerie, de la chaussure et de la tannerie mégisserie, le Conseil National du Cuir et l’incubateur ADC. Son ambition ? Fédérer les différents acteurs de la filière en mesure de développer des prototypes, échantillons commerciaux et mini séries et accompagner les porteurs de projet dès la phase de conception à travers une offre de services : soutien technique, finalisation des cahiers des charges, conseil dans le choix d’un sous-traitant, assistance pour recherche de composants ou matières, mise en relation… FDL s’adresse aux designers, créateurs en phase de lancement, aux marques désireuses de diversifier leurs collections ou encore aux marques établies souhaitant relocaliser tout ou partie de leur production sur notre territoire. Côté industriels, les fabricants, ateliers artisanaux ou prestataires spécialisés peuvent proposer leurs compétences et intégrer le réseau FDL. « Cette structure nationale collaborative valorise les outils industriels, le savoir-faire français et s’intègre dans l’écosystème existant. Elle doit permettre de développer l’activité de sous-traitance. CTC, en cas de besoin, apportera son expertise technique », précise Françoise Nicolas, Directrice Innovation et Expertise Industrielle chez CTC. Le collectif FDL mise sur l’accompagnement d’une vingtaine de projets par an. Ce projet ambitieux, en phase avec le plan de relance de l’économie française, s’inscrit dans une synergie de filière. Un budget de 160 000 euros a été acté pour sa première année de fonctionnement, financé à 70% par le CTC et 30% par le CNC, la FFC et la FFM. Ce nouveau maillon vise à mobiliser et redynamiser l’activité industrielle made in France et vient soutenir un entreprenariat créatif et engagé qui donnera naissance aux marques de demain. Avec pour effet levier de maintenir les emplois dans la filière par l’apport de nouveaux clients. Les débuts sont plutôt prometteurs.
Proto en main, réalisation de prototypes par les fabricants de Romans-sur-Isère
« L’écosystème de la chaussure romanaise est aujourd’hui majoritairement constitué de petites structures spécialisées sur des marchés de niche (sandale, sneaker, chaussure de danse, de ville, chausson d’escalade). L’ancienne capitale de la chaussure de luxe dispose d’une filière qui s’appuie sur un nouveau modèle économique caractérisé par une activité artisanale et la coopération inter-entreprises », annonce d’emblée Christophe Chevalier, président du Groupe Archer et membre du collectif Proto en main. Sous la houlette de l’association Romans Cuir, qui rassemble depuis 2012 les entrepreneurs locaux et leurs partenaires (Musée de la Chaussure, lycée technique, collectivités territoriales), Proto en main entend faciliter l’accès à son réseau et accompagner les porteurs de projets et créateurs dans la réalisation de prototypes au sein des ateliers de Romans-sur-Isère. Opérationnel à partir de septembre 2021, le dispositif vient répondre aux nombreuses sollicitations de recherche d’ateliers et de fabrication en petites séries, à partir d’un croquis ou d’un concept de chaussure. Proto en main est porté par un collectif de fabricants locaux parmi lesquels Atelier Insoft, 1083, Milemil, Made in Romans, Magic Feet, Max Vincent, Venexan… Tel un incubateur technique, il propose trois modules selon la maturité du projet, le niveau de connaissances et les objectifs de chacun. « Proto Accueil » propose à chaque créateur un diagnostic gratuit de son projet afin de faciliter son orientation vers le fabricant, fournisseur, designer…en mesure de répondre à ses besoins. Cette phase d’orientation sera réalisée de manière collective au sein de Romans Cuir par un comité de pilotage ad hoc. Grâce à « Proto Mise au point », le porteur de projet sera accompagné dans toutes les phases de mise au point du premier prototype : choix des composants (lacets, semelles, cuirs, textile, etc.), de la forme… Ce module a un coût de 10 000 euros, pris en charge à 80%. « Proto Industrialisation » permet ensuite de préparer la mise en production du premier modèle de la future marque de chaussures. Cette mini-série d’une paire déclinée dans toutes les pointures, comprenant la mise au point du modèle et l’achat des composants, est estimée à 2 000 euros. Le créateur devra prendre en charge l’investissement des formes de production. À noter que le dispositif dispense également une formation de six semaines au sein de l’AFPA, l’Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes, Proto Formation, permettant d’acquérir les premières notions de création de chaussures. Proto en main dispose d’un budget prévisionnel de plus de 700 0000 euros sur trois ans avec le soutien de la profession et de la filière (le Conseil National du Cuir contribue à hauteur de 15% du budget global). Après l’ouverture en 2019 de la Cité de la Chaussure dans le centre-ville sous la houlette du Groupe Archer, « notre ambition est de replacer Romans au coeur de la planète chaussure et contribuer ainsi à sa redynamisation et au maintien du savoir-faire ».