« La Minute SLF x LFD » Laura Breban, cofondatrice de Trace For Good
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Elle se destinait à devenir avocate, pourtant, Marie Gas est Directrice Artistique de Gas Bijoux et à la tête de quatre boutiques multimarques de créateurs (deux à Paris, une à Marseille, une à Saint-Tropez) baptisées By Marie. Cette année marque d’ailleurs les 20 ans de cette belle aventure. Rencontre !
C’est d’abord un univers et une image qui n’appartiennent qu’à moi et qui signent l’identité By Marie. En trois mots clés, je dirais : sélection, c’est elle qui fait la différence, c’est un véritable parti pris ; rareté, celle-ci est liée aux marques que je déniche en exclusivité, et qui sont pour certaines visibles uniquement en boutiques et n’apparaissent pas sur notre e-shop. Enfin, artisanat. Je suis très sensible au travail de la main : le façonnier qui travaille le cuir, le teinturier qui va exécuter un tie and dye… J’aime proposer des marques qui combinent à la fois atout créatif et savoir-faire.
Il y a la maroquinerie de Lutz Morris qui est sublime. J’aime le concept de salopettes de la marque Overlover de Los Angeles et l’univers 70’s du vestiaire de Françoise qui signe en ce moment une collab’ avec Gas Bijoux. Je suis fan de Michel Vivien qui concilie féminité et confort. Il a réalisé des pièces en édition limitée pour les 20 ans de By Marie. En chaussures, je suis aussi une adepte d’Ancient Greek Sandals. En bijoux, je suis comme une enfant : impossible de choisir entre Marie Lichtenberg (qui est un phénomène de mode mais que je suis depuis longtemps), la joaillerie de Selim Mouzannar ou encore celle de yv.delloye… Mais quand j’ai un coup de cœur, j’adhère complétement à l’univers d’un créateur et reste fidèle allant jusqu’à leur proposer des collaborations !
Au départ, c’était un outil pour les équipes, je n’avais pas d’ambition extravagante pour le digital. Même si je garde une certaine distance, depuis 2015 beaucoup de choses ont évolué, c’est devenu un vrai canal de vente. By Marie ce sont d’abord quatre boutiques mais c’est aussi une communauté de femmes et de clientes fidèles qui nous suivent sur le Web et les réseaux sociaux. Tout cela est lié et le digital est devenu incontournable. Les clientes interagissent, font un retour sur leur expérience, leur accueil, suivent nos nouveautés et les attendent… Tout est complémentaire !
Justement, nous avons lancé la célébration de nos 20 ans juste à la fin du confinement. Ce fut un moment où nous avons pris le temps de nous interroger. Beaucoup se sont questionnés sur « comment se réinventer ? ». Chez By Marie, nous sommes en accord avec nos choix. L’idée est de prendre le temps de désirer les choses, de proposer des créateurs en accord avec notre approche qui rejoint celle de la Slow Fashion. Bien avant que l’on en parle, la question du timing d’une collection animait déjà nos réflexions, tout comme la quantité et la qualité des articles que nous proposons. À mon sens, il faut repenser les soldes et mieux les encadrer. Toute cette frénésie du système est destructrice de valeurs à tous les niveaux : de la création à la fabrication, jusqu’à la vente…
J’appréhende le monde de la mode à deux niveaux. De mon point de vue d’acheteuse pour By Marie, je trouve que nous sommes arrivés en bout de course. Comme en art contemporain, le rythme des collections, des salons et présentations est allé trop loin. Il faut retrouver le désir d’acheter dans la saison, retrouver le bon timing. Cela changerait tout ! Bien sûr, By Marie organise aussi des ventes privées, des soldes, cela fait partie du jeu. C’est le calendrier qu’il faut revoir et qu’il faut encadrer.
En tant que Directrice Artistique de Gas Bijoux (NDLR – maison fondée par son père), nous avons notre propre organisation. En 50 ans, nous n’avons jamais fait de soldes ! Cela fait sens avec le travail de nos artisans. Les bijoux sont faits à la main dans notre atelier à Marseille. Chaque création demande du temps. Au final que je sois acheteuse ou DA, je m’efforce de défendre les mêmes valeurs.
Déjà ?! Chaque semaine By Marie commercialise des collections avec des marques qui ont ponctué l’histoire de la boutique (Harris Wharf, Michel Vivien, Le Monde Beryl, Lemlem, Ancient Greek Sandals, Marie Lichtenberg…). Tandis que tout l’été des pop-up événements ont lieu en boutiques en partenariat avec des créateurs (La Prestic Ouiston, Monoki, Mira Mikati) pour proposer des exclusivités et de la personnalisation.
J’ai aussi imaginé trois pièces qui mettent en valeur des savoir-faire locaux (petit sac en velours de soie brodé du Maroc, cabas en macramé de coton de Madagascar et foulard en twill de soie made in Italy).
Bref, je vais poursuivre les choses avec le même plaisir, la même recherche permanente de nouveautés, l’envie de rencontres. C’est pour cela que ça me plaît autant ! Je parcours inlassablement les salons, les showrooms, j’adore voyager, découvrir des cultures, valoriser la transmission, moi qui ai grandi dans cet état d’esprit…
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Rédaction Céline Vautard
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