Favoriser la valorisation des sous-produits
Que ce soit à Hong Kong, Londres, Milan ou Paris, la question de la durabilité est de toutes les conversations. D’ailleurs les salons professionnels tels que Première Vision, Lineapelle et APLF anglent la plupart de leurs conférences sur ces sujets quand les entreprises consacrent la majorité de leurs investissements à la transition écologique. Mais bien que nous évoluions dans un milieu professionnel, en échangeant avec les plus jeunes je me suis rendu compte que certains d’entre eux ignorent tout de leur provenance, convaincus que nous élevons et abattons des animaux pour en faire du cuir ! Notre premier réflexe est de rétablir la vérité, et de leur rappeler que du jour où nous arrêterons de manger de la viande, le cuir disparaîtra. Ce n’est pas vrai pour toutes les espèces exotiques, dont l’élevage et la chasse, et la quantité d’individus sont soumis à quota et encadrés par la Convention de Washington. Dernièrement, les initiatives de valorisation de peaux de toutes sortes auparavant inexploitées se sont multipliées. Je pense aux poissons (thon, esturgeon, carpe, pirarucu) ou aux lapins issus de la chaîne agro-alimentaire. Et à l’entreprise britannique Billy Tannery, qui a trouvé des débouchés pour les peaux de chevreaux autrefois incinérées en collaboration avec Cabrito. Ce dernier achète de la viande de chevreaux aux fermes laitières qui prennent la peine de les élever jusqu’à sept mois pour une consommation locale plutôt que les abattre à la naissance ou les exporter. Dans cet esprit, en Mongolie, le label Aduu Mal a créé une filière de cuirs d’équidés à partir de peaux jusqu’ici délaissées. On voit même des peaux de crapauds valorisées d’une espèce devenue nuisible et invasive dans certaines régions du monde. À l’échelle globale 7,7 millions de tonnes de peaux seraient ainsi recyclées par les industriels de la tannerie chaque année (source FAO). En revanche, si le tannage peut se targuer de constituer la plus vieille activité de recyclage, l’industrie du cuir a encore beaucoup à faire sur toute la chaîne, à commencer par ses fournisseurs.