En quoi cette espèce est-elle nuisible ?
Cette variété originaire d’Amazonie a été introduite dans beaucoup de régions pour lutter contre les ravageurs des cultures car elle est très vorace et prolifique. Dans son milieu naturel le Rhinella Marina a des prédateurs, mais malheureusement il n’en possède aucun en milieu d’introduction et du fait de sa forte toxicité (NDLR – il secrète un poison violent qui provoque des arrêts cardiaques foudroyants si ingéré), et de son caractère invasif, ce batracien y est lui-même devenu nuisible pour beaucoup d’autres espèces locales. Dans le Queensland, au nord-est de l’Australie, où il a été importé il y a une trentaine d’années pour éliminer les coléoptères qui dévorent les plants de cannes à sucre, il a muté et grandi. Il progresse désormais de 60km par an et menace d’arriver dans les grands centres urbains. Les associations écologistes et le gouvernement s’associent pour lutter contre cette prolifération et organisent notamment des chasses en famille nommées « Toad Day Out », lors desquelles les habitants attrapent les crapauds vivants et les confient ensuite aux autorités locales.
Pourquoi en avoir fait votre matière de prédilection ?
J’ai toujours beaucoup aimé les animaux et la démarche écologique est essentielle dans mon approche. Le fait de pouvoir, par ma création, m’inscrire dans le prolongement d’un acte de protection de l’environnement a beaucoup de sens pour moi. Mon idée était aussi de garder le crapaud dans son entièreté, ce qui permet de lui rendre hommage d’une certaine façon. En conservant le crâne, je fais aussi un clin d’œil à la légende selon laquelle il renfermerait une pierre capable de guérir des empoisonnements, la crapaudine. Cet animal est vecteur de magie dans l’imaginaire collectif. Il est lié à de nombreuses légendes et croyances dans différentes cultures autour de la félicité, de la prospérité et de l’abondance, auxquelles j’aime me référer. Le Rhinella Marina est, certes, devenu un nuisible en Australie, mais c’est aussi un animal qui possède une peau d’une grande qualité, qui produit un cuir exotique intéressant au niveau de sa texture, de sa douceur et de sa souplesse. Son grain si particulier lui confère un fini graphique dans l’esprit du galuchat.
Comment vous fournissez-vous ?
Pour réussir à trouver des peaux australiennes issues du circuit de contrôle de la population de Rhinella Marina, j’ai contacté les groupes écologistes locaux qui m’ont orientée vers un taxidermiste de la région. Il réalise les nombreuses étapes initiales de traitement et le crapaud arrive pré-tanné et naturalisé en France. Je confie ensuite les peaux à la mégisserie Alric à Millau, qui procède à la coloration et réalise, depuis le lancement de ma marque, un travail remarquable. Ils ont passé des mois à faire des tests car évidemment ils n’avaient jamais travaillé avec des Rhinella Marina. Ils ont réussi à conserver la souplesse de la peau et offrent une gamme colorielle incroyable. C’est aussi chez Alric que je trouve les doublures en agneau de mes pièces, ainsi que du mouton et du baby velours pour la confection des cabas et sacs.