Que pouvez-vous nous dire de l’évolution du district ?
La région comptait bon nombre de fabricants de chaussures ce qui n’est plus vrai aujourd’hui. D’un autre côté, Scandicci est en passe de devenir le fief de la maroquinerie de luxe. Les grandes maisons françaises rachètent des unités ou en créent, attirées par la qualité du cuir produit dans la région. Notre district est l’un des rares certifié EMAS, récompense délivrée par le Ministère de l’Environnement italien, qui atteste du respect des normes globales d’éco-responsabilité. Les tanneries sont de moins en moins nombreuses mais de plus en plus grandes et la capacité de production s’en voit augmentée (250 tanneries et 250 sous-traitants du travail de rivière à l’ennoblissement des cuirs). Chanel a racheté Samanta, Kering possède plusieurs tanneries (Caravel, Blutonic), Prada est partenaire de Superior… Si les tanneurs demeurent concurrents, ils s’associent dans les mêmes sociétés d’épuration. En revanche, si le nombre d’unités diminue, cela se répercute sur les coûts fixes de la station d’épuration, qui sont très élevés. Elles ont donc intérêt à ce que tout le monde travaille.
Quel est selon vous l’autre enjeu majeur de votre profession ?
Nous travaillons beaucoup à attirer les jeunes dans les tanneries. Nous avons mis en place une formation filière généraliste avec le concours de l’Université de Pise qui forme aussi bien aux métiers de la tannerie que de la fabrication de chaussures ou maroquinerie. Les étudiants y apprennent à concevoir des chaussures avec des cuirs déjà testés dans notre laboratoire. Car les futures recrues des tanneries doivent être au fait des problématiques de fabrication et vice versa. Les formations peuvent aller jusqu’au niveau Bac +5, comme c’est le cas pour la spécialisation en chimie et génie chimique de tannage en lien avec cette même faculté depuis 20 ans. Les maisons de mode envoient même leurs employés pour suivre cette formation, comprenant deux cours obligatoires sur le site du PO.TE.CO. Nous avons également noué un partenariat avec un lycée de San Miniato, qui propose deux parcours, l’un professionnel (tannerie) et l’autre technique (chimie). Il est réputé comme le meilleur d’Italie au niveau technique, selon les analyses de la Fondation Agnelli. Et 90% des diplômés trouvent du travail en corrélation avec le secteur de leurs études, dans les six mois après l’obtention de leur diplôme. Par ailleurs, le PO.TE.CO, outre son activité de recherche et de tests physico-chimiques sur les peaux et produits finis (partenaire du CTC), propose des formations continues destinées aux employés et demandeurs d’emploi, accréditées par la région et subventionnées par des fonds européens.
LE DISTRICT DE SANTA CROCE EN CHIFFRES CLÉS
Destination produits : 70% de cuir et cuir à semelles, 20% maroquinerie, 10% ameublement.
Contribution dans la production de cuir nationale : 98% de la production de cuir à semelles, 35% de la production de cuir.
Nombre de tanneries : 250.
Nombre de sous-traitants de tanneries : 250.
Effectifs : 6 000 ouvriers.
Effectifs moyens par entreprise : 12 ouvriers.
Chiffre d’affaires annuel consolidé : 2,4 milliards d’euros.
Investissements réalisés au cours des 40 dernières années en recherche, innovation et formation : 1,8 milliard d’euros.