Quelles sont les spécificités des cuirs d’équidés ?
Non dépilés, ces cuirs s’apparentent un peu au veau façon poney (baby calf), et peuvent se substituer à la fourrure. On peut tout à fait les raser pour créer du relief, jouer sur l’intensité des teintes en créant différentes couches…Nos interlocuteurs sont étonnés de voir tout ce que l’on peut en faire !
La peau de cheval est très difficile à tanner car très dure au niveau dorsal, et nous avons passé plusieurs années à mettre au point la bonne méthode de tannage avec les techniciens.
Nous avons dû faire un gros travail de sensibilisation auprès des coopératives et paysans parce que vous imaginez bien qu’auparavant les peaux brutes n’étant pas valorisées, aucun soin particulier n’était apporté à leur qualité. Pour vous donner un ordre d’idée, sur 10 000 peaux collectées, nous pouvions en sélectionner uniquement 2 000, car les autres étaient trop marquées. Ce qui veut dire que nous avons dû également accompagner le personnel des abattoirs et leur suggérer d’autres outils de travail. Nous y avons mis beaucoup d’énergie mais sans cela nous n’aurions pas pu instaurer une chaîne traçable.
De plus en plus de créateurs sont sensibles à notre type de démarche et adaptent leurs créations selon les contraintes des ressources existantes. Hans Ubbink s’est habilement servi de la partie la plus rigide des peaux, à priori inexploitable, qui court de la crinière au dos du cheval, telle une colonne vertébrale sur une veste. Viendra un temps où les griffures et les marques seront acceptées sachant que ce serait dommage de ne pas utiliser ces peaux. C’est un grand challenge à faire comprendre au consommateur.
Quelle relation entretiennent les peuples Mongols avec les chevaux ?
Quand j’ai montré les premiers résultats de cuirs équins aux bergers, ils étaient satisfaits de voir qu’on pouvait en faire un cuir de qualité parce qu’ils ont de l’affection pour cet animal. En Mongolie, contrairement aux pays européens, les habitants consomment toujours de la viande de cheval bien que ce ne soit pas quotidien. Le cheval fait partie intégrante de la vie quotidienne, on le monte pour guider les troupeaux. La plupart des cheptels sont abattus au début de l’hiver pour la consommation de viande, excepté pour les ovins qui le sont tout au long de l’année. Seuls les animaux qui ne sont plus en bonne forme sont concernés, les plus âgés d’une manière générale. Les industriels utilisent le cheval pour développer des protéines également, mais en matière de peaux, cela représente en moyenne 350 000 unités inutilisées chaque année.
Traditionnellement, quand un cheval mourait, les peuples nomades récupéraient le crin pour mettre sur leurs tentes comme une sorte de talisman. C’est pourquoi les paysans mongols apprécient que l’on puisse en conserver quelque chose en retour, en faire de beaux cuirs, car par le passé c’était ainsi, ils en faisaient des boots ou des tapis.