Des liens à intensifier entre la mode et le développement durable

La première étude dévoilée par Paris Good Fashion (PGF) avec Climate Chance en avril dernier, était très attendue. L’Institut Français de la Mode (IFM) a accueilli entrepreneurs, économistes, CEO pour débattre des avancées obtenues par les principaux acteurs de la mode en France face au développement durable. Si la transformation du secteur progresse, les priorités sont encore limitées.
Les 24 acteurs de l’industrie française de la mode, sur lesquels s’appuie PGF pour son premier état des lieux, représentaient à eux seuls plus de 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021. Qu’il s’agisse du luxe (LVMH, Kering, Chanel…), de marques accessibles (Balzac Paris, 1083, Lacoste…) ou encore de distributeurs, tels les grands magasins ou la plateforme leader Vestiaire Collective, ces professionnels engagés – membres de Paris Good Fashion – tiennent les rênes d’une industrie appelée à de profonds changements structurels. Partage de données, interviews sur les différents modèles stratégiques composent un outil qualitatif, inédit en son genre, autour de thématiques clés. « Pour progresser, il faut savoir se mesurer », souligne Isabelle Lefort, cofondatrice dès 2019 de Paris Good Fashion. Selon Raphaël Glucksmann, député européen invité, « notre société est arrivée à la fin d’un cycle, celui de la globalisation sans règles, marqué par la surconsommation, la destruction du climat et des droits humains. L’industrie de la mode a un devoir d’exemplarité, afin de continuer à jouer son rôle de précurseur et d’avant-garde ».

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« La mode a un devoir d’exemplarité », Raphaël Glucksmann, invité par Paris Good Fashion à l’IFM en avril dernier.

Climat, économie circulaire en ligne de mire

L’étude menée une année entière, d’avril 2022 à avril 2023, a identifié l’impact climatique comme priorité absolue. Les groupes leaders ont ouvert la voie et quinze acteurs ont réalisé au moins un bilan carbone. Mais les démarches varient selon les entreprises. La RSE est encore une fonction récente, qui répond autant aux attentes du consommateur qu’aux différentes législations et réglementations en vigueur (loi AGEC, loi Climat et résilience, directive CSR, stratégie textile européenne…). PGF a observé « un fort engagement de la part des directions en faveur du changement ». Pour autant, la tâche est ample et les quelque 600 certifications de la mode en Europe sont difficiles à appréhender. « Le secteur textile peine à formuler des plans de transition climat à la hauteur des enjeux fixés à horizon 2050 », poursuit l’association. Les principaux engagements portent sur l’approvisionnement en électricité d’origine renouvelable et la réduction des besoins en transport. En revanche, la production de fibres – la source majoritaire des émissions – ne se réduit pas. Bien au contraire. De 8,4kg par personne en 1975, la production est passée à 14kg par personne en 2020 et pourrait dépasser 17kg par personne en 2030, a rappelé Textile Exchange. Une hausse aggravée par la prédominance sur le marché des fibres synthétiques responsables de la pollution plastique. Après le climat, l’économie circulaire est le second axe majeur des plans d’actions. L’éco-conception fait partie des objectifs d’un acteur sur deux. Cependant, l’absence de normes et de standardisation freine les pratiques. La filière de recyclage, elle, est en cours de construction. L’éco-organisme Refashion a notamment alerté sur les faibles quantités collectées et triées. Diverses initiatives émergent, telle (Re)Paire, qui invite à réparer les chaussures.

Nature nourricière mais parent pauvre

La protection de la nature est devenue un leitmotiv récurrent depuis le début du millénaire. La préserver et la régénérer placent indubitablement l’homme face à ses responsabilités. L’industrie de la mode, à échelle mondiale, consommerait 4% des eaux douces et contribuerait pour 20% à la pollution des eaux. Chez les acteurs de PGF, l’eau est intégrée aux démarches d’éco-responsabilité. Elle n’en est pas moins « le parent pauvre des enjeux climatiques depuis vingt ans, déplore l’association. Les objectifs, dans l’ensemble, manquent de précision ». La biodiversité, elle, est insuffisamment protégée et un million d’espèces sont aujourd’hui menacées de disparition au plan mondial. « Les  actions se concentrent sur la limitation des risques au niveau de  la chaîne de valeur, dans les process de transformation et de production de matières premières, analyse PGF. Seize de nos membres ont publié une stratégie biodiversité ». Un pas en avant qui mérite d’être plus largement suivi… Afin d’accélérer le changement, Paris Good Fashion a conclu la journée en proposant 21 actions collectives. Parmi elles, l’essor d’énergies 100% renouvelables comme le recommande le Fashion Pact, la généralisation de modèles circulaires ou encore le renforcement de la filière de recyclage… Les chantiers d’avenir ne manquent pas.

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Rédaction Nadine Guérin

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