La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Parmi les rares prestataires à proposer dans l’Hexagone une telle spécialité, L’Accessoire Choletais réalise sur mesure des lanières en cuirs de toutes sortes pour le compte de donneurs d’ordre de la mode mais aussi d’autres secteurs comme la décoration ou l’automobile.
Sa spécialité est peu connue. Exposants pour la première fois au salon Made in France Première Vision en mars, Patrice Aigrault et son épouse Sophie étaient venus présenter leur société et son activité, devenue rare en France, la passementerie de cuir. Ils ne sont en effet, selon le dirigeant, guère plus de cinq à six à être ainsi spécialisés dans ce travail sur notre territoire. Résultat : leur présence n’est pas passée inaperçu lors de cet événement. « Nous avons rencontré de nombreuses entreprises intéressées et nous envisageons d’exposer à nouveau l’année prochaine », reconnaît le dirigeant.
Sur son site web, L’Accessoire Choletais explique être capable de réaliser, suivant le cahier des charges de ses clients, « brides rempliées, lacets piqués, passepoils, teintes de tranche, franges ou tout autre accessoire ». Soit, en des termes moins techniques, des lanières en cuir ouvragées de façon plus ou moins sophistiquée et faisant de 3 à 30mm, destinées à divers usages.
Fondée en 1979 par le père de Patrice Aigrault dans le Maine-et-Loire, l’entreprise travaillait à l’origine pour des fabricants de chaussures, une industrie très présente dans sa région. Son activité, qui se concentrait surtout sur les lanières pour les sandales féminines, était alors assez saisonnière. Mais l’industrie de ses donneurs d’ordre a commencé à péricliter. Et quand Patrice Aigrault, menuisier ébéniste de formation, a rejoint L’Accessoire Choletais en 1995, avant d’en prendre les rênes en 2000, il a poussé à la diversification. Aujourd’hui, la société travaille pour la mode au sens large (maroquinerie, chaussures, prêt-à-porter…), la bijouterie fantaisie, l’automobile, la décoration d’intérieur… Et la liste n’est pas exhaustive. « Au salon Made in France Première Vision, nous avons reçu la visite d’un fabricant de sacs d’emballage de luxe, intéressé par la réalisation de poignées en cuir pour des modèles plus raffinés », indique Patrice Aigrault. « Nous fournissons déjà un fabricant de vêtements professionnels avec des bretelles destinées à des tabliers de cuisine ou de service. Et nous avons même réalisé des décors de tête de lit pour des camping-cars et hôtels de luxe ! »
Lorsque L’Accessoire Choletais exposait au salon Première Vision, de 2011 à 2020, il présentait, en partie, des collections. « Mais il est toujours très délicat de satisfaire nos clients. Notre formule est donc désormais de vendre notre savoir-faire uniquement à façon, tout en continuant de proposer des cuirs si besoin à la demande », poursuit-il.
Dans la plupart des cas, ses clients lui fournissent en effet les peaux déjà finies, qui peuvent être de toutes provenances animales. Mais il arrive qu’il les procure, sourcées auprès d’intermédiaires italiens ou espagnols. Les cuirs sont alors transformés par ses trois salariés et Patrice Aigrault à la production et la trentaine de machines de son atelier de 250 m2. « Les deux tiers, de base, sont anciennes mais l’entreprise a aussi investi il y a deux ans dans des machines électroniques récentes de parage et de refente. C’est préférable pour attirer des salariés formés en école sur du matériel moderne, mais aussi pour nos clients qui voient ainsi notre évolution technique quand ils nous rendent visite. »
Dans la même optique, l’entreprise va déplacer, courant 2025, son atelier historique, jusqu’alors situé en centre-ville de Saint-Macaire-en-Mauges, dans la zone industrielle de la même commune. « Nous bénéficierons ainsi d’un espace d’un seul tenant, plus spacieux (360 m2 au lieu de 250 m2), plus ouvert et agréable. Il sera également plus adapté aux livraisons », explique Patrice Aigrault.
Visiblement, l’entreprise séduit d’ores et déjà ses donneurs d’ordre, tous français. Avec aujourd’hui une nette majorité (75%) de maroquiniers, principalement du secteur du luxe, mais pas seulement. « Même pendant la pandémie, nous avons continué à travailler en fabriquant une partie des masques FFP2. Depuis 2020, l’entreprise va bien et compte régulièrement de nouveaux clients. Et 2023 a été une année meilleure qu’avant le Covid », constate-t-il, admettant un seul souci : « les difficultés de recrutement ». Depuis trois ans, le dirigeant a en effet dû remplacer une personne partie à la retraite et embaucher deux autres salariés, soit un de plus qu’auparavant à la production. Cette réorganisation lui permet de répondre à la hausse des commandes et de revenir, lui-même, en tant que visiteur ou exposant sur des salons comme Made in France Première Vision. « Ce n’est pas une tâche aisée de trouver les bons salariés. La motivation ne suffit plus, il faut proposer de bonnes conditions de travail. Jusqu’ici, nous formons, parfois en complément d’un centre de formation, les personnes que nous recrutons, âgées d’une quarantaine d’années et en reconversion professionnelle. Cela demande du temps car il y a beaucoup de machines et de cuirs différents. Seule l’expérience fait son œuvre. »
Enfin, Patrice Aigrault ne manque pas de rappeler que son entreprise a beau ne pas dater de la dernière pluie, elle intègre depuis toujours une dimension développement durable, avant que cette démarche ne devienne une nécessité absolue. « Depuis notre démarrage en 1979, nous faisons de la gestion raisonnée en essayant de recycler au maximum des choses qui pourraient aller à la poubelle. Certains emballages carton proviennent d’usines des alentours. Pour certains, cela évite de gonfler les poubelles, et pour d’autres de trouver un second emploi à ces articles. » L’économie circulaire n’a (presque) pas de secret pour L’Accessoire Choletais.
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Rédaction Sophie Bouhier de l’Ecluse
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