Sustainable Leather Forum #2 : transparence et communication au programme

Le 13 septembre la troisième édition du Sustainable Leather Forum (SLF) a réuni les professionnels et acteurs de la mode, du luxe et du sport à Paris autour des bonnes pratiques en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) des industries de la filière cuir. Les débats ont notamment apporté un éclairage sur la gestion de la supply chain et la nécessité de communiquer en toute transparence auprès du grand public. Tour d’horizon des points forts à retenir.

Véritable lieu de networking, SLF a réuni les acteurs de la mode, du luxe et du sport à Paris autour des bonnes pratiques de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).

Vers un sourcing et une production plus responsables 

En plein boom, le marché des articles de sport et de loisirs n’échappe pas aux défis environnementaux et sociétaux alors que la France a importé 480 millions de paires de chaussures en 2019. Si les marques et les importateurs sont entrés de plain-pied dans une démarche de plus en plus vertueuse, comment peuvent-ils s’assurer de l’implication RSE de leur supply chain ? Les professionnels du secteur ont ainsi échangé sur l’évolution de leur mode de fonctionnement. Mickaël Royer, Vice-Président du Groupe Royer, a rappelé les engagements durables de l’entreprise familiale qui importe 20 millions de paires par an, majoritairement d’Asie. Elle collabore notamment avec des usines labellisées BSCI (Business Social Compliance Initiative), organe créé par la Foreign Trade Association (FTA) qui garantit, par des audits indépendants, les conditions de travail de ces structures. Dans une démarche d’amélioration continue, Salomon, elle, a rejoint la Fair Labor Association afin d’accréditer son système d’audit. L’entreprise annécienne a par ailleurs inscrit sa stratégie environnementale au sein d’un programme baptisé Play Minded avec « pour objectif de réduire notre empreinte carbone de 30% d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 », a détaillé Marie-Laure Piednoir, sa Responsable Développement Durable. Cet engagement responsable se traduit également par la relocalisation de la production dans l’Hexagone, à l’image de l’ouverture ce mois-ci d’une unité de fabrication de chaussures en Ardèche, Advanced Shoe Factory 4.0 (NDLR – soutenu par Cuir Invest, le fonds d’investissement de la Filière Française du Cuir). En partenariat avec Chamatex, fabricant de textiles techniques, Salomon va y produire ses chaussures de randonnée. Le Groupe Éram, lui, a conservé sur notre territoire deux manufactures dans le Maine-et-Loire, son fief historique. Tbs, sa marque loisirs, y fait confectionner chaque année quelque 180 000 paires, une fabrication nationale qui représente 20% de ses ventes globales.

Les professionnels du secteur des articles de sport et loisirs ont échangé sur l’évolution de leur mode de fonctionnement vers un sourcing et une production plus responsables.

L’innovation au service de l’éco-responsabilité

Cette fabrication de proximité s’inscrit dans un cercle vertueux où l’innovation vient renforcer l’approche durable. Salomon a mis au point Index 0.1, une chaussure de running entièrement recyclable. De son côté Tbs a lancé l’an dernier « Re-Source, des sneakers conçues à partir de matériaux recyclés et 100% recyclables », explique Pauline Ranger, Cheffe de produit chaussure de la marque. Un parti-pris partagé par Patrick Mainguéné, créateur et dirigeant d’INSOFT, entreprise spécialisée dans la réalisation de chaussures responsables, pour qui « l’innovation est la clé permettant de mettre en oeuvre un produit différenciant. La mode et l’économie circulaire vont de pair pour donner naissance à un produit attractif, confortable et durable ». Sa TPE romanaise a conçu Ector, une sneaker éco-conçue et recyclable. Tricoté en France à partir d’un fil issu du recyclage de bouteilles plastiques, ce modèle est produit au sein de son atelier au coeur de la Cité de la Chaussure à Romans-sur-Isère. Mais au-delà de l’éco-conception, les professionnels appellent à ne pas sous-estimer l’engouement pour la seconde main et la réparation, modèles de consommation vertueuse, à l’image de Bocage qui a développé la location de chaussures. Ces initiatives répondent aux « objectifs de développement durables désormais considérés comme le cadre de référence pour toute entreprise », a rappelé Bettina Laville, Présidente du Comité 21, comité français pour l’environnement et le développement durable qui accompagne les organisations dans la mise en place de leur stratégie responsable.

Communiquer sur ses actions RSE auprès du grand public est désormais incontournable. Les marques ont à leur disposition divers outils : labels, applications d’évaluation, sites web dédiés…

Informer par tous les moyens

Si les entreprises de la filière ont mis en place bon nombre d’actions RSE, comment le faire savoir au grand public, de plus en plus sensibilisé à une mode durable et qui aspire à plus de transparence de la part des marques de mode ? Egbert Dikkers, Président de Leather Naturally, association internationale de promotion du cuir et ses usages, a partagé les modes de communication adoptés par la structure auprès des jeunes générations via des campagnes impactantes et pointues sur son site Metcha. Ou comment « contrer le cuir bashing en donnant les outils nécessaires à la compréhension de cette matière noble, ses atouts et cela, en faisant preuve de transparence. Il en va de notre devoir éthique ! » Les distributeurs ne sont pas en reste et accompagnent leurs clients dans la sélection de collections éco-responsables. Damien Pellé, Directeur Développement Durable et RSE du Groupe Galeries Lafayette et BHV Marais, a présenté le principe du label interne Go for Good lancé en 2018, qui promeut un commerce plus responsable. Les articles doivent répondre à un cahier des charges rigoureux basé sur des aspects environnementaux (matière recyclée, biologique…) et sociaux (produits solidaires, commerce équitable), des procédés de transformation, leur durée de vie et/ou leur provenance (circuit court, made in France). Chaque saison l’offre Go for Good s’étoffe : 800 marques sont aujourd’hui labellisées et identifiées par un tag en magasin et en ligne. « À l’horizon 2024 cette sélection devra représenter 25% de l’assortiment global contre 13% actuellement », estime-t-il. Mais l’accès à des données claires et détaillées n’est pas encore à la portée de tous. Daniela Liebetegger, Consultante Senior, Information des consommateurs et Écolabels au sein du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, a détaillé les directives relatives à la fourniture d’informations sur la durabilité des produits créées par l’ONU. L’objectif ? « Faire en sorte que toutes les personnes à travers le monde disposent, d’ici à 2030, d’informations fiables et des connaissances nécessaires sur le développement durable. » Dès lors les nouvelles technologies peuvent faciliter la communication. C’est ce que propose l’application mobile d’information sur l’impact social et environnemental des marques de vêtements Clear Fashion dont Rym Trabelsi, sa co-fondatrice, a dévoilé la méthodologie d’évaluation. Fort de quelque 250 000 utilisateurs et 450 marques évaluées selon 150 critères, cet outil vise à éclairer et guider le choix des consommateurs vers une mode plus responsable. Le mode d’évaluation des articles en cuir n’a cependant pas convaincu tous les professionnels.

Rym Trabelsi, co-fondatrice de l’application Clear Fashion, et Olivia Polski, Adjointe à la Maire de Paris en charge du Commerce, de l’Artisanat, des Professions Libérales et des Métiers d’Art et de Mode.

Rendez-vous en 2022

En clôture de cette journée, Olivia Grégoire, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, a réitéré son soutien à l’engagement de la filière. Du côté des collectivités, l’accompagnement des acteurs mobilisés dans une mode durable s’illustre à travers différents lieux dédiés dans la capitale. Olivia Polski, Adjointe à la Maire de Paris en charge du Commerce, de l’Artisanat, des Professions Libérales et des Métiers d’Art et de Mode, a notamment évoqué La Caserne, tiers-lieu consacré à la mode écoresponsable, La Textilerie, Les Canaux
« Cette troisième édition vient confirmer l’intérêt d’une réunion annuelle autour des enjeux de la Responsabilité Sociétale des Entreprises dans nos secteurs d’activité. En faisant le choix d’aborder certains sujets délicats, sans esprit polémique mais en apportant des éléments factuels, notre filière démontre qu’elle est attentive à ces thématiques et y participe activement. Ce forum peut devenir un lanceur d’alerte », a conclu Frank Boehly.

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Rédaction Laëtitia Blin
Photos © CNC – P&M

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