Morgan Diguerher : « le temps, c’est la définition du luxe »

De multiples influences

Ce spécialiste des accessoires en cuir inscrit son approche créative dans un rapport au temps et à la poésie très disruptif. « J’aborde la phase de conception en intégrant la notion de vestiaire. Je dessine tout à l’échelle et en volume », explique-t-il.
Diplômé d’ESMOD, avec une spécialisation en marketing de mode, sa collection de prêt-à-porter masculin de dernière année valorisait déjà le cuir. « J’ai grandi dans cet amour du savoir-faire, du savoir vivre. Prendre le temps de concevoir, faire l’éloge du temps de l’artisan. Enfant, j’étais impressionné par les pépites rapportées des quatre coins du monde par mon grand-père paternel. Ce rapport au savoir-faire est aussi intrinsèquement lié à mes arrières grands-parents maternels qui dirigeaient une guimperie et travaillaient pour la haute couture. Le rêve de mon grand-père était de travailler le cuir. Il avait d’ailleurs commencé sa carrière dans une tannerie. »

La symbolique du sac … et du cuir

« Un sac, c’est une extension de soi-même et un mode d’expression. Il nous représente socialement et émotionnellement », considère-t-il. « Un sac, c’est avant tout une matière ! En cela le cuir a une dimension symbolique. Cette matière noble, durable, issue de la première industrie de recyclage au monde, mérite toutes ses lettres de noblesse. Le toucher et la sensualité qu’il véhicule, la notion de poésie qu’il fait intervenir, la traçabilité et l’éthique qu’il induit … » Le designer met ainsi en valeur les caractéristiques de la peau (un grain, une veine, une fleur, une croûte, un tomber…) et s’inscrit dans une approche de « produire moins mais mieux ».