Sourcing et production responsables dans les marchés du sport et des loisirs

Partenaire du Sustainable Leather Forum, rendez-vous annuel de la filière cuir dédié à l’engagement Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), Leather Fashion Design (LFD) donne la parole en avant-première à des experts qui interviendront lors de table rondes à Paris le 13 septembre. Dans le cadre de la thématique consacrée à la production et au sourcing responsables dans les marchés du sport et des loisirs, Marie-Laure Piednoir, Responsable Développement Durable chez Salomon, détaille la stratégie environnementale de la marque française. Décryptage.

Quelle place occupe la RSE au sein de l’entreprise Salomon ?

Salomon a été créée à Annecy en 1947 par la famille du même nom. Depuis 2005 elle fait partie du groupe finlandais Amer Sports. Issue du monde du ski, la marque a, au fil des décennies, développé ses activités et son offre de produits aux sports outdoor – randonnée, running, trail -. La nature est le principal terrain de jeu de notre société, basée au coeur des Alpes, et de ses clients. Son engagement RSE s’inscrit logiquement dans cet environnement. Après avoir constitué la Fondation Salomon en 1999 (action philanthropique auprès des professionnels de la montagne), la marque a structuré sa politique responsable en 2016 à travers le programme Play Minded, en résonance à son motto, « Time to Play ». Il repose sur quatre piliers : Toys (les produits), Playground (l’environnement), Players (les athlètes et notre communauté) et Playmakers (les employés Salomon et nos partenaires). L’entreprise a également signé en 2018 la Charte de l’industrie de la mode pour l’action climatique des Nations Unies, s’engageant notamment à réduire son empreinte carbone de 30% d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. 

La chaussure de running Index 0.1, disponible depuis mars dernier au prix boutique de 200 euros, associe recyclabilité et performance.

En quoi l’activité chaussures reflète particulièrement son implication RSE ?

Salomon a dévoilé en 2019 sa première concept shoe entièrement recyclable, étape préliminaire à la mise au point du modèle Index 0.1 commercialisé depuis mars dernier. Après trois années de recherche et développement, cette innovation pilote avait pour objectif de créer une chaussure de running recyclable et performante au design affirmé. La chaussure est un produit très complexe à recycler car elle associe différents matériaux. C’est pour cela que nous avons cherché à diminuer au maximum le nombre de matériaux de l’Index.01. Dernier projet phare, la construction d’une unité de fabrication de chaussures ultra moderne en Ardèche, Advanced Shoe Factory 4.0 (ASF 4.0 – NDLR – soutenu par Cuir Invest, le fonds d’investissement de la Filière Française du Cuir). Partenaire principal de Chamatex, fabricant de textiles avec lequel la marque collabore déjà pour certains matériaux, Salomon va y produire ses chaussures de randonnée. Les premiers modèles made in France seront commercialisés au printemps-été 2022. D’ici 2025 l’usine devrait produire 500 000 paires par an, dont la moitié pour Salomon. Les avantages d’une production locale sont multiples : réactivité et flexibilité dans la conception de nos produits, possibilité de tester de nouveaux modèles en petits volumes, réduction de l’empreinte carbone liée au process de développement et de transport… La proximité entre ce nouveau lieu et l’Annecy Design Center, centre névralgique de nos innovations qui emploie près de 800 personnes, sera un atout majeur pour accélérer et optimiser le développement de nos modèles. Cet outil industriel 4.0 dédié à la production automatisée de chaussures de sport permet de rationaliser le processus d’assemblage afin de s’aligner sur les prix asiatiques et ainsi rester compétitif. ASF 4.0 va également créer une cinquantaine d’emplois dans l’Hexagone. Ce projet conforte notre approche sociale et environnementale.

Salomon est partenaire du fabricant de textiles Chamatex dans la construction d’une unité de chaussures ultra moderne en Ardèche, Advanced Shoe Factory 4.0 (ASF 4.0). D’ici 2025 l’usine devrait produire 500 000 paires par an, dont la moitié pour le spécialiste de l’outdoor.

Quelles actions sont menées par Salomon quant au sourcing responsable ?

Deux aspects majeurs éclairent notre engagement. D’un côté l’approvisionnement matières. Au sein de l’Annecy Design Center, plusieurs cellules, réparties selon les produits – chaussures, textile et sacs, articles de sports d’hiver – intègrent la composante environnementale dans la sélection des matières, durables et respectueuses de l’environnement. Par ailleurs nous auditons régulièrement nos fournisseurs directs (dits de rang 1).
De l’autre la production. Salomon a franchi un grand pas puisque depuis la collection automne-hiver 2020-21, toutes nos chaussures de running et de randonnée sont fabriquées sans PFC ni PFC EC, des substances chimiques de synthèse nocives pour l’environnement. Pour y parvenir, l’équipe de développement matières a mené un important travail de recherche et de mise au point de nouveaux matériaux écoresponsables ou d’associations avec ceux existants afin de les adapter aux évolutions des besoins et tendances sans impacter la performance de nos modèles comme l’imperméabilité. Le processus de création de chaussures sans PFC ou PFC EC nous conduit aujourd’hui à mener d’autres projets liés au développement durable, comme la recyclabilité de notre gamme Footwear. Ces innovations aident également l’entreprise à évaluer ses propres performances environnementales.

Comment vos engagements contribuent-ils à rendre l’industrie de la chaussure de sport plus vertueuse ? Vers quoi la filière doit-elle tendre selon vous ?

La circularité est centrale dans les réflexions des entreprises autour des produits. Notre approche durabilité et recyclabilité s’applique différemment selon le type et l’utilisation des produits. Ainsi les chaussures de randonnée accompagnent leurs utilisateurs dans la durée, elles doivent donc être réparables afin de limiter leur impact environnemental. Alors que les modèles dédiés au running ont un cycle de vie plus court. Ils sont soumis à des contraintes physiologiques avec un amorti qui se détériore selon la foulée du coureur. Notre axe de travail, dans ce cas, porte sur leur recyclablité, comme cela s’est concrétisé à travers le projet Index 0.1. Cette approche vertueuse liée au recyclage et à la circularité des chaussures mériterait un travail collaboratif avec d’autres entreprises du secteur afin d’atteindre une taille suffisamment critique permettant de renforcer les innovations. L’autre sujet clé pour l’industrie concerne la recherche de transparence parce que les consommateurs le réclament et que la réglementation en vigueur nous y incite (en France avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, en Europe par la méthode de calcul de l’empreinte environnementale de produit – PEF – basée sur l’analyse du cycle de vie). Depuis 2016, Salomon fait partie de la Sustainable Apparel Coalition (SAC) à l’origine de l’indice HIGG, outil de développement durable qui évalue l’impact environnemental des produits manufacturés et guide fabricants et marques dans le calcul des performances de leurs produits et de la chaîne d’approvisionnement dans une démarche de transparence envers le consommateur. Par ailleurs Salomon a rejoint l’an dernier, via le groupe Amer Sports, la Fair Labor Association afin d’accréditer sa conformité sociale quant au respect des lois internationales et nationales du travail.

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Rédaction Laëtitia Blin

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