La Cité de la Chaussure : Romans en marche vers l’avenir

Le Groupe Archer fait feu de tout bois pour relancer l’activité emblématique de la ville de Romans.

Depuis la réouverture en 2010 de son atelier de fabrication de chaussures, constitué à partir du rachat d’une ligne de production de l’ancienne usine Charles Jourdan, le Groupe Archer fait feu de tout bois pour relancer l’activité emblématique de la ville de Romans. Convaincu que seule la coopération entre ateliers pouvait permettre de garantir un avenir à la chaussure romanaise, Christophe Chevalier, Président du Groupe Archer, a œuvré pour rassembler en un lieu unique ateliers de production et boutique multimarques en plein cœur de la ville. La Cité de la Chaussure a ouvert à Romans en mai dernier et nous l’avons visitée.

Sur la place Jean Jaurès, en plein centre-ville, s’élèvent les bâtiments flambants neufs de la Cité de la Chaussure, idéalement placés face à la mairie et à deux pas du Musée de la Chaussure.  L’architecture épurée, la façade sobre et moderne annoncent d’entrée de jeu qu’ici on se tourne vers l’avenir. Un avenir que le Groupe Archer, initiateur du projet, construit depuis plus de trente ans autour d’une économie solidaire, d’une valorisation des savoir-faire locaux et d’un engagement collectif où activité associative et entrepreneuriale se mêlent et s’enrichissent mutuellement.

Sur la place Jean Jaurès, en plein centre-ville, s’élèvent les bâtiments flambants neufs de la Cité de la Chaussure.

L’aboutissement d’un long processus collaboratif

La Cité de la Chaussure est l’aboutissement d’un travail entrepris dès 2010, avec la création par le Groupe Archer du premier atelier de fabrication de chaussures à s’établir de nouveau à Romans. À l’époque, Archer fait le pari fou, dans un contexte de décomposition du tissu industriel lié à la chaussure, de fonder un atelier sur un format artisanal. Pour se permettre de relever ce défi, Archer ouvre son capital à des actionnaires, aujourd’hui au nombre de 120, dont beaucoup sont des habitants de la région. L’Atelier Cuir s’est spécialisé dans la fabrication en sous-traitance pour des marques de chaussures et de mode, mais a aussi développé ses propres marques, de chaussures de ville, Made In Romans et désormais de sneakers, Génération Sens dès 2017 grâce à un financement participatif. Les modèles sont tous fabriqués en circuit court avec les peausseries des Tanneries Roux, qui siège également dans la ville.
Dans le mois qui a suivi son lancement, l’atelier rencontre un succès médiatique, mais aussi commercial avec une quinzaine de points de vente désireux de distribuer Made In Romans.

Un lieu de production ouvert au public

En 2011 le Groupe Archer se rapproche d’autres acteurs de la chaussure et du cuir romanais, et crée Romans Cuir, une association d’entraide qui permet de mutualiser un certain nombre d’opérations. Les ateliers de fabrication membres réalisent des achats groupés, partagent des équipements, mutualisent les transports. Une initiative axée sur une économie collaborative, qui regroupe aujourd’hui une vingtaine d’entités locales, dont les Tanneries Roux, le Lycée du Dauphiné et l’AFPA.
L’idée de se grouper physiquement pour faciliter et accélérer les échanges, mais aussi pour pouvoir vendre, émerge assez rapidement. Certains des ateliers cherchent de nouveaux locaux et l’un des membres s’essaye à la vente en louant une boutique. Face aux prix élevés des loyers en centre-ville, le regroupement semble être la seule solution viable. La recherche débute en 2016 et aboutit, en septembre 2018, par l’achat d’un ancien Intermarché fermé depuis dix ans, en plein centre-ville et proche des magasins d’usine Marques Avenue, qui drainent un nombre considérable de visiteurs. Le Groupe Archer investit en propre plus de 3 millions d’euros dans ce projet. Quatre ateliers sont regroupés au sein de la Cité de la Chaussure.

L’atelier du Groupe Archer : fabricant en petites séries

Tout d’abord, celui du Groupe Archer qui emploie aujourd’hui une dizaine de personnes et produit 5 000 paires de chaussures par an. 15 à 20 % sont vendues via son site e-commerce et 25 lieux de vente assurent la distribution en France de la marque phare de l’atelier Made In Romans, mais aussi de sa capsule plus tendance, Atelier du Cuir et du modèle Sneak-up de Génération Sens. Les modèles Made In Romans sont pensés comme des classiques pour hommes et femmes et jouent la carte de la chaussure de ville, épurée et de belle facture. Réalisés dans les cuirs des Tanneries Roux, les souliers Made in Romans sont déclinés dans de nombreux coloris de 89 à 210 euros prix boutique conseillé. La collection capsule Atelier du Cuir est constituée des mêmes modèles, mais réalisés dans des cuirs de fin de séries des autres productions. Les Sneak-Up, nouvelles baskets créées par Archer sous la marque Génération Sens, ont, quant à elles, été développées grâce à une campagne participative sur Internet. Elles sont entièrement conçues à partir de matériaux recyclés de l’industrie textile et de la chaussure. En plus de ses marques propres, l’atelier propose un travail de sous-traitance en coupe, piquage et montage, sur des petites séries de 300 pièces.

Soft’in : bureau d’étude ingénierie produit et fabrication en sous-traitance

L’Atelier de l’entreprise Soft’in, dirigée par Patrick Mainguené, emploie dix personnes et s’est développé d’une part autour d’activités de bureau d’étude d’ingénierie produit, mais aussi de sous-traitance (l’atelier fabrique, entre autres, les sneakers de la marque de jeans romanaise 1083) et a créé ses marques propres : une ligne de sneakers haut de gamme en cuir sourcé auprès des Tanneries Roux, sous la marque Atelier PM ; des sneakers innovantes, en fibre tricotée en France, issue du recyclage de bouteilles en plastique, nommées Ector ; enfin, les chaussons Soft’in, certifiés Oeko Tex 100, en feutre recyclé ou feutre de laine, imprimés par sublimation et recyclables en fin de vie sans désassemblage. Ces marques comptent 50 points de vente en France et en Europe et l’activité de l’entreprise se répartit entre 15% liés à l’étude, 35% à la sous-traitance et 50% pour ses marques propres.

La Cité de la Chaussure est l’aboutissement d’un travail entrepris dès 2010.

Max Vincent et Venexan : manufactures de sandales, chaussures de ville et sneaker

Le sandalier Max Vincent s’est associé avec la marque de jeans 1083, dont il fabrique les sandales en cuir et denim, et travaille pour sa marque propre mais aussi en sous-traitance. 1083 pilote intégralement la gestion du site internet de l’atelier qui représente 50% du chiffre d’affaires. Son catalogue est composé de 50 modèles mixtes, hommes, femmes, enfants, dans la tradition classique de la sandale. Elles sont réalisées dans des cuirs bovins pleine fleur des Tanneries Roux. Toutes les découpes sont réalisées à l’emporte pièce et les sandales sont ensuite cousues main avec un piqué sellier.
Enfin Venexan, dernier atelier présent, fabrique des collections de chaussures de ville et baskets en cuir moyen-haut de gamme mixtes pour son propre compte, mais propose aussi ses services en sous-traitance.

Une vitrine pour la chaussure romanaise

L’office du tourisme romanais, situé à l’entrée de la Cité de la Chaussure, organise des visites payantes des ateliers, permettant ainsi au public de découvrir les étapes de fabrication des souliers qu’il pourra ensuite retrouver dans la boutique attenante. S’étendant sur une surface de 300m², elle jouxte les ateliers, visibles au travers d’une grande baie vitrée. Cette proximité permet aux clients d’apprécier le travail nécessaire à la fabrication des chaussures proposées à la vente, mais il ne s’agit en aucun cas d’un magasin d’usine. Le cadre est élégant et la surface de vente vaste et aérée. Les clients sont accueillis et conseillés par des vendeuses expérimentées ambassadrices des marques fabriquées sur place. On y trouve les chaussons d’escalade Andrea Boldrini, les tongs en cuir Couleur Tong, les chaussures de danse de salon Magic Feet, la maroquinerie de Mharokyn, les sacs Make my Bag, les bijoux en cuir Tout un Romans et les chaussons pour bébés en cuir Jolee Mome. Les positionnements prix sont ceux du moyen-haut de gamme, compris entre 90 et 200 euros. Des accessoires, tels que les chaussettes Archiduchesse et des produits d’entretien sont aussi présentés.

Le Groupe Archer a semble-t-il réussi son pari et quelques mois après son ouverture, la Cité de la Chaussure rencontre un succès certain auprès des drômois. Le groupe espère bientôt pouvoir atteindre son objectif de 100 000 visiteurs à l’année, confirmant que Romans est bien toujours la capitale de la chaussure.

La Cité de la Chaussure en données clés 

Ouverture mai 2019.
Budget de 3,3 millions d’euros.
4 ateliers de fabrication intégrés.
1 boutique de 300 m².
14 marques référencées.
100 000 visiteurs attendus par année.

Rédaction Hélène Borderie
Photos © Corinne Jamet

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