Focus sur les tendances cuir du Printemps-Été 25
Aventureux, costaud, protecteur, séducteur et mystérieux… Cela n’est pas le portrait de l’être idéal, mais bien les caractéristiques de cette ...
Le cuir met son esthétique et sa résistance au service de meubles et d’objets singuliers. Cinq nouveautés ont fait l’actualité du salon Maison&Objet et de Paris Design Week.
La mégisserie Lauret a exposé pour la première fois sur le salon de Villepinte. Elle n’a pourtant rien d’une débutante… Implantée à Millau depuis 1925, elle y transforme les peaux d’agneau, à l’origine pour la ganterie. Au cours des années 80, le cuir d’agneau – remarquable par sa finesse et sa souplesse -, conquiert le luxe et développe de nouveaux débouchés. « La maroquinerie, le prêt-à-porter sont nos principaux marchés, précise Valérie Guibert, Chargée du commercial au sein d’une équipe de 17 employés. Mais la gainerie est un secteur en croissance. Nous travaillons déjà avec les professionnels de l’horlogerie suisse. Nous produisons notamment des écrins pour montres. Il existe aussi un réel potentiel en aménagement intérieur, spécialement le revêtement mural, les têtes de lit, les portes à gainer… » Sur le salon, dans l’espace Craft dédié aux métiers d’art, la mégisserie Lauret exposait ses collections sous pavillon régional. Celui de l’Occitanie, présente à Paris pour soutenir sept entreprises aux savoir-faire spécifiques. Lauret – l’unique spécialiste du cuir d’agneau – a dévoilé sa grande palette de cuirs : les classiques (nappa, velours, réversibles) sont actualisés chaque saison et, bien sûr, les fantaisies. « L’ennoblissement est réalisé dans nos ateliers, poursuit Valérie Guibert. Il en existe deux types. Les imprimés sont embossés avec un large choix de motifs et de finitions. Le cuir est alors grainé, géométrique, floral, nubucké, métallisé… Nous proposons aussi une vingtaine de cuirs perforés. Beaucoup de nos motifs conviendraient parfaitement à la décoration d’intérieur. » Avis aux designers et prescripteurs.
Le studio de création et atelier de maroquinerie/gainerie fondé par un fils d’artisans, Pierre Roux, a présenté ses créations sur l’espace Craft de Maison&Objet. Une vitrine adaptée à la polyvalence de l’Atelier Reverdie, en plein essor. « Nos secteurs d’activité sont l’hospitality, le design, les marques, qui font de plus en plus appel à nous pour réemployer leurs chutes de cuir sur de petits objets, en marqueterie… », explique l’ancien photographe reconverti dans le cuir haut de gamme. La marqueterie est en effet une technique développée par l’atelier. Le bas-relief aussi. « Ces savoir-faire animent la matière, poursuit Pierre Roux. Leur potentiel graphique est sans limite. » Mais l’Atelier Reverdie a d’autres atouts. S’il fabrique des accessoires sur-mesure (ceintures, petite maroquinerie…), sa « spécialisation multi compétences se prête à divers projets atypiques ». Tel « l’habillage » du buffet tout en ondulations Shape of Silence du designer Mathieu Lehanneur. Ou encore les tables de la « néo-gastronomie », marché de niche en progression, auquel croit Pierre Roux. « Le nappage est l’un des codes de la gastronomie, précise-t-il. Les nouveaux chefs recherchent des substituts pour s’en affranchir. Une table gainée est une solution élégante, qui permet aussi d’économiser d’importants frais d’entretien. » Divers restaurants – alsaciens comme l’atelier – ont déjà plébiscité son expertise de la gainerie sur matériaux souples : Enfin à Barr, l’Auberge de l’Ill à Illhaeusern, Le Clos Vauban à Langres, dont les tables réalisées en cuir bovin innovent par leur drapé naturel. Sensible aux circuits courts, Pierre Roux sélectionne les cuirs tannés localement chez Haas, Degermann. Les cuirs hydrofuges faciles à nettoyer, qu’il propose, se prêtent à la restauration, de même que certains substituts du cuir, à base de raisin, par exemple comme pour les tables du nouveau restaurant Arbane du chef Philippe Mille. Pour accessoiriser la table, l’Atelier Reverdie décline porte bouteille, présentoir à couverts, sous-verres, pince et panière, carte des vins…
Nouveau venu en France, le Belge Poqq a lancé son monoproduit à l’occasion de Maison&Objet. Bart de Backer et Grret Jacobs, basés à Bruges, ont mis deux ans pour développer un chargeur d’un nouveau genre, alliant technologie de pointe et savoir-faire artisanal. « Nous voulions mettre sur le marché une solution sans fil associant fonctionnalité et esthétique, précise le duo fondateur. C’est un produit minimaliste avec une technologie totalement invisible. » Visuellement, le Poqq a tout d’un très élégant plateau rond – mais aussi carré ou triangulaire – en bi-matériaux nobles : pierre naturelle, céramique, bois et même bronze pour le socle, recouvert d’une surface en cuir tressé à la main. Si l’on regarde de plus près la surface, « des points discrets signalent l’emplacement recommandé pour recharger l’appareil, ajoute Bart de Backer. Le travail d’électronique est complexe. Le bloc d’alimentation garantit jusqu’à 25 charges rapides pour smartphones et écouteurs ». Ce nouvel accessoire, décoratif et intelligent, est entièrement fabriqué en Belgique. Couplé à une appli dédiée, il se décline en 18 modèles de tailles diverses. Le choix du cuir, combiné à d’autres matériaux tout aussi durables, répond à un parti pris esthétique affirmé.
Un nouveau volet s’ouvre pour le fabricant d’ameublement basé dans la Vienne. La collection Duvivier Canapés Héritage est née pendant Paris Design Week avec une première réédition. Celle du SF103, conçu par Michel Mortier(1925-2015), en 1954. « Le design d’aujourd’hui doit beaucoup aux années cinquante, explique Estelle Wierzejewski, en charge du marketing et de la communication. C’était une décennie marquée par l’industrialisation, la rationalisation mais aussi l’innovation et une élégance atemporelle très actuelle. Pour Michel Mortier, le design était une quête de perfection fonctionnelle et de qualité. Le rééditer nous permet de préserver et de transmettre le patrimoine du design français tout en lui insufflant une nouvelle dimension. » C’est le cas de ce fauteuil lounge emblématique de l’héritage moderniste. Sa coque arrondie, combinée à de l’acier cintré et du bois, est toujours aussi ergonomique. « Les quatre pétales qui le composent sont identiques à l’original, précise Estelle Wierzejewski. En adaptant légèrement l’appuie-tête, nous avons optimisé son confort. » Soixante dix ans après sa naissance, l’assise – aussitôt primée lors de la Triennale de Milan – n’a rien perdu de sa modernité avant-gardiste. La réédition en 103 exemplaires numérotés devrait combler collectionneurs et amateurs de design. Duvivier Canapés propose quatre versions, dont deux en cuir pleine fleur : la Classique et la Luxe Sportive en collaboration avec Ferrari contre le cancer.
C’est la dernière collaboration dévoilée pendant Paris Design Week par le maroquinier français. « À travers L’Art du Savoir, nous défendons notre engagement envers la transmission de l’artisanat français », affirme Le Tanneur, qui a choisi de mêler son savoir-faire avec celui d’une céramiste. Pia Chevalier est diplômée de l’école Boulle et basée à Paris. Son approche de la céramique est expérimentale, instinctive. « Pour ma collaboration avec Le Tanneur, j’ai dû inverser ma pratique, dit-elle. Comme je ne connaissais pas le cuir, j’ai commencé par dessiner. » Trois formes très graphiques ont vu le jour : le vide-poche Méduse, le cache vase Damier, qui réinvente le tressage du cuir et le vase Couture, qui joue du faux semblant. « Les surpiqûres contrastées prolongent les anses. On dirait que l’émail a « coulé » sur le cuir. J’ai aimé marier les deux matières, trouver des passerelles entre elles. La céramique émaillée peut avoir un côté brillant et doux comme la fleur du cuir. Et l’envers, un aspect rugueux comme un grès brut. Pour la couleur, nous avons joué les parallèles en associant cuir Tan et céramique terracotta. »
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Rédaction Nadine Guérin
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