Rites de passage
Logan Monroe Goff, Prix de la Collection Éco-Responsable Merdes-Benz, souhaitait, avec sa collection « Asphalt Cowboy » évoquer le passage à l’âge adulte, appliquant à sa passion adolescente des courses de moto, les savoir-faire du tailleur homme. Le texan, diplômé de l’école Parsons Paris, travaille le cuir avec un sens aiguisé de la coupe et transpose avec succès l’art sartorial à l’univers technique de la moto, pour réinventer des tenues d’un extrême raffinement. Il manipule la matière, décapant à l’acide certains détails du cuir, fait floquer des cuirs d’agneau par la maison Lesage et termine ses silhouettes par de longs gants matelassés réalisés par Causse.
De son côté la Française Gaelle Lang Halloo, Prix du public de la Ville de Hyères, avec sa collection « Abseits » (hors-jeu en allemand), a repris l’univers esthétique des supporters de clubs de football et l’ambiance de liesse créé par la victoire de l’équipe de France en 1998, pour imaginer des vêtements sportswear à la sobriété gaie et séduisante. Pour ses souliers elle a collaboré avec les ateliers Mephisto situés en Moselle.
Faire corps avec les accessoires
Les choses évoluent aussi du côté du concours Accessoires, dont c’était la cinquième édition avec les lunettes à l’honneur dans les propositions des finalistes. Le jury, présidé par Achilles Ion Gabriel, Directeur Créatif de Camper, a d’ailleurs récompensé celles imaginées par Chiyang Duan, en lui décernant son Grand Prix. Au-Delà du Cuir (ADC), partenaire du festival, qui a confié le parrainage de ses lauréats 2025 à Jean-Pierre Blanc, permettra au grand gagnant de bénéficier d’un accompagnement personnalisé complet au sein de son incubateur. La Française Clara Besnard, qui présentait elle aussi une collection de lunettes fabriquées à partir de stocks dormants, a reçu le Prix Hermès, pour la création d’un accessoire de cou en cuir qui reprend les codes maison des harnais en sellerie et du foulard. Les propositions en maroquinerie offraient une projection sur le rapport au corps, ou le sac s’inscrivait comme un prolongement physique de ce dernier. Eunji Oh, jeune diplômée belge de La Cambre, imagine des pochettes, à partir de modules dont elle fait varier la taille et qu’elle assemble pour créer des sacs plus volumineux, qui adoptent des formes rebondies, imitant poignées d’amour et bourrelets. Un travail à la sensualité contenue, parfaitement rendue grâce aux teintes subtiles de l’agneau plongé de chez Bodin-Joyeux. Louna Clozel, elle, a mené un travail thérapeutique auprès de patients atteints de dysmorphophobie, les aidant à accepter ou, au contraire, à dissimuler les parties de leur corps qu’ils trouvent difficiles à assumer. Grâce à des sacs et accessoires uniques, elle mêle des cuirs soigneusement sélectionnés avec l’aide d’Adapta à des structures métalliques sculpturales.
Camille Cireddu puise son inspiration dans le mythe des Janas, ces fées de la tradition sarde. Ses sacs, mêlant cuirs de chez Faeda et stocks dormants dénichés chez Adapta, se distinguent par des détails poétiques : des accessoires en céramique en forme de doigts délicats, qui bougent avec légèreté, apportant une touche de magie et de mystère à chaque pièce.
Le festival s’est achevé, comme à son habitude sur une grande célébration festive. Cette année toutefois l’événement a pris une dimension particulière en coïncidant avec le 60e anniversaire de Jean-Pierre Blanc. Dans un moment chargé d’émotion, il a réaffirmé son attachement à faire perdurer l’esprit singulier de cet évènement qu’il a créé pour soutenir les jeunes créateurs, renouvelant ainsi son engagement pour l’avenir.
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