Un maroquinier qui ne manque pas de selle

La maroquinerie Au Sellier Guérandais déploie ses 7 mètres de vitrines dans la rue Saint-Michel à Guérande.

Dans la fameuse cité saline, la maroquinerie Au Sellier Guérandais prolonge aujourd’hui un solide passé équestre. Portrait d’un professionnel qui sait s’adapter.

Un maroquinier historique

De la sellerie à la maroquinerie, il n’y a qu’un pas, ou plutôt qu’une foulée chevaline, que de nombreux selliers – et non des moindres – ont franchi au cours du XXe siècle. Si certains sont devenus de prestigieuses maisons de luxe, d’autres ont plus modestement évolué, ce qui n’enlève rien à leur légitimité. C’est le cas de la maroquinerie Au Sellier Guérandais, issue d’un atelier de sellerie bourrellerie fondé juste après-guerre dans la cité bretonne. « Lorsqu’un arrêté municipal a interdit les chevaux en ville au début des années 1960, l’atelier a déménagé à l’extérieur du bourg tandis qu’un magasin est resté dans la rue principale du centre historique pour commercialiser la production de l’atelier en matériel pour chevaux mais aussi en valises, sacs divers et cartables », relate le petit-fils des fondateurs, Sébastien Pautremat. En 1991, c’est au tour du père de ce dernier de reprendre le flambeau avec son épouse. Après des études de comptabilité, Sébastien Pautremat travaille chez un grossiste en maroquinerie, dont il devient le directeur commercial de 2000 à 2008. Sa première expérience de détaillant en maroquinerie, il la doit à la reprise d’une boutique à Saint-Maixent-l’École dans les Deux-Sèvres. En 2010 il revient dans l’affaire familiale seconder ses parents et leur fille Soizic Picaud. Depuis juillet 2024, le frère et la sœur ont officiellement repris les rênes de la SARL, le premier se chargeant des tâches administratives et comptables quand la seconde s’occupe de l’agencement de la boutique et des vitrines. « Nous sommes tous les deux à la vente, avec l’aide de saisonniers durant la saison estivale et nous réalisons conjointement les achats », précise le gérant.

Petits-enfants des fondateurs, Soizic Picaud et Sébastien Pautremat ont officiellement repris l’affaire familiale en juillet 2024.

Une large clientèle

Couvrant les rayons femme, homme et enfant, l’offre se positionne plutôt moyen de gamme avec des sacs jusqu’à 350 euros selon les marques et la saison. « En hiver, nous recevons plutôt la clientèle locale qui, avec des entreprises comme les Chantiers de l’Atlantique ou Airbus, a un bon pouvoir d’achat et se tourne vers des produits en cuir, durables et de préférence made in France. L’été, les touristes français, particulièrement, font très attention à leurs dépenses et craquent plutôt pour des produits d’importation moins onéreux, souvent en toile synthétique », constate le commerçant. Sans pourtant cibler une tranche d’âge particulière, celui-ci remarque que les plus de 50 ans restent fidèles à la boutique tandis que les 25-30 ans y reviennent et que la tranche 40-50 ans est curieusement moins assidue. En maroquinerie, les marques référentes sont Arthur & Aston, Lancaster, Francinel, Serge Blancoou l’inévitable Cabaia « pour des prix d’appel ». En petite maroquinerie, on trouve Secrid, Frandi ou Mywalit. Pour enfants, les marques Eastpak, Tann’s ou Affenzahn proposent des produits « scolaires ». Et en voyage, Eastpak, Jump, Cabaia et Reisenthel se partagent le rayon. « Notre chiffre d’affaires se situe aux environs de 400 000 euros, provenant à 80% de la maroquinerie et à 20% du voyage. La chute pendant l’épidémie de Covid-19 n’a pas été trop forte et nous sommes rapidement revenus à la hausse jusqu’à la fin de l’année dernière. Mais en décembre 2024, nous avons noté une diminution du panier moyen de la clientèle touristique et, depuis le début de cette année, nous constatons une baisse de pouvoir d’achat. »

La boutique traversante présente son offre de maroquinerie et voyage sur une surface de 110 m².

Encore lié au cuir

« À l’origine, le cuir était omniprésent dans notre offre. Maintenant, il l’est un peu moins avec des marques comme Cabaia qui rencontre un franc succès commercial. Mais il reste très important dans les autres marques, surtout l’hiver et, en petite maroquinerie, il est incontournable », explique le maroquinier. Attaché à une certaine authenticité du cuir, il dit privilégier les cuirs bovins naturels et éviter les cuirs laminés parmi les cuirs fantaisies. Du reste, il ne rechigne pas à faire une sensibilisation auprès du jeune public souvent mal renseigné sur le cuir. Adhérent à la Fédération Nationale des Détaillants en Maroquinerie et Voyage (FNDMV) depuis 2008 et membre du Comité Directeur depuis 2009, il suit attentivement les dernières évolutions, normes et réglementations du cuir. « Les réunions mensuelles sont également l’occasion de rencontrer des confrères, partager des idées ou solliciter une aide juridique en cas de problème », vante-t-il. Des échanges qu’il ne manque pas d’avoir aussi sur les salons Who’s Next et Maison & Objet qu’il visite deux fois par an.

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Rédaction François Gaillard

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