La rentrée parisienne plébiscite quatre pépites

Domestique, prix Accessoires de la Ville de Paris, utilise un cuir de veau de Normandie à tannage végétal pour le panier de courses fabriqué à la main à Paris, 1 029€ prix boutique conseillé.

Paris Design Week a tenu sa 13ème édition en septembre dernier, simultanément au salon Maison&Objet. L’actualité dense a conforté une créativité dynamique et le rebond du secteur de l’art de vivre. Cette vitrine plurielle des nouveautés, présentées dans la capitale, a mis en évidence le renouveau des savoir-faire et un engouement continu pour les matériaux nobles naturels, durables. Le cuir, en particulier, a su se détacher avec singularité. Il est au cœur de quatre marques, françaises et italiennes, de maroquinerie et d’ameublement : Domestique, Maërl, Poltrona Frau, Maison Dressage.

Domestique, un prix Accessoires mérité

Les Grands Prix de la Création de la Ville de Paris font partie des événements phares du début d’automne. Ils récompensent les talents les plus prometteurs de la mode, du design et des métiers d’art. Cette année, ils fêtaient leurs 30 ans et avaient notamment choisi un créateur hors-normes pour présider le jury Mode. C’est Jean-Charles de Castelbajacqui a remis le prix Accessoires à Domestique. Ce prix, né en 2022 à l’initiative d’Au-Delà du Cuir (ADC), vise à propulser les talents entrepreneurs en maroquinerie, chaussure, ganterie. « Domestique, comme Amélie Pichard et JN. Mellor Club, sont les lauréats des Grands Prix de Paris et d’ADC », a précisé Clémentine Colin Richard, Présidente de l’incubateur de la filière française du cuir. Pour elle, le label parisien cofondé par Simon Delacour et Bastien Beny, « détourne les sacs du quotidien avec une approche artisanale et sensuelle ». Jean-Charles de Castelbajac parle, lui, de « pièces familières réinterprétées à la manière d’architectures, d’une archéologie contemporaine ». L’innovation créative, l’univers ludique inspiraient déjà les débuts du duo créatif en 2016. L’esthétique bondage avait alors donné lieu à une première collection sulfureuse d’« objets de design intimistes », en cuir. Domestique a, depuis, élargi ses accessoires tout en continuant à les bousculer avec un esprit irrévérencieux reconnaissable. « Ce qui nous intéresse, c’est de décontextualiser le savoir-faire maroquinier », assure Simon Delacour. Le tandem a installé son atelier-showroom en 2021 à La Caserne. C’est précisément là que sont fabriqués les accessoires Domestique, une centaine de références au total. « La fabrication française, voire parisienne, nous tient à cœur, poursuit-il. Nous fabriquons à la demande, nous créons une collection par an. Nous nous sommes fixé les contraintes de limiter les étapes en optimisant le patronage et en utilisant le moins de matière possible. Nous sommes aussi attentifs à chaque détail pour être le plus qualitatif possible. » Le choix du cuir est particulièrement important. « On adore les matériaux bruts. Le cuir à tannage végétal convient le mieux à nos volumes structurés. Pour notre sac imitant le kraft, nous avons sélectionné un cuir de vachette à tannage minéral que nous avons cranté au laser dans notre atelier. » Il fait partie de la collection dernière-née Marché Nouveau. Le panier de courses, la cagette ou encore le ticket de caisse en guise de porte-clefs illustrent, non sans humour, la chaîne de fabrication écoresponsable de Domestique. « Le prix Accessoires de la Ville de Paris (18 000€) va nous permettre de développer nos moyens de production », promettent les lauréats.

Maërl fait ses premiers pas

Le salon Maison&Objet est, à chaque saison, le tremplin de nombreuses marques émergentes. C’est le cas de Maërl, qui a choisi un nom d’algue marine en Bretagne pour se lancer sur le marché des assises artisanales et durables. « Nous sommes profondément attachés à la défense du savoir-faire et de l’environnement », affirment Martin Rolland et Stephan Lanez. L’ingénieur et le designer, basés en Loire-Atlantique, tissent des liens entre l’écosystème océanique et leurs premières pièces de mobilier à l’élégance fonctionnelle. Le duo a baptisé Galathée, son fauteuil nomade, car « une fois replié, il prend la forme d’une pince de crabe ». La banquette Sepia, elle, tire son nom de l’os plat de la seiche… Maërl revendique la tradition du design français. Les matériaux nobles comme les savoir-faire sont soigneusement sélectionnés. Pour les cofondateurs, le cuir combine à la fois esthétique, résistance dans le temps, propriétés mécaniques. Le collet tannage végétal caractérise aussi Galathée, dont trois coloris exclusifs ont été développés avec la tannerie Sovos Grosjean dans les Vosges. Un atelier de Saint-Nazaire, GBSellerie, a assuré couture et montage du cuir, qui s’enroule simplement lorsque l’assise se plie. Son piètement en acier patiné est travaillé en Mayenne. Celui en bois français du banc Sepia valorise le contraste avec l’assise en cuir naturel. Souple, courbe, rembourrée, elle se compose de chutes assemblées de manière asymétrique et très graphique. « Chaque modèle est entièrement démontable, réparable, recyclable », ajoute Maërl, qui a d’ores et déjà son showroom à Paris.

L’accessoire domestique vu par Poltrona Frau et Giobagnara

« Beautilities », c’est le nom d’accessoires d’un nouveau genre, développés pour la première fois par deux Italiens spécialistes du cuir, Poltrona Frau et Giobagnara. Les chutes du cuir « maison » Pelle Frau composent ces « compléments quotidiens » aussi raffinés que fonctionnels. Les trois lignes inédites, conçues pour les loisirs, l’activité physique et les animaux domestiques, n’ont pas manqué de retenir l’attention lors des événements de Paris Design Week. Le renouveau du divertissement – à travers le jeu ou l’industrie du gaming -, l’essor du sport à domicile ou encore l’intérêt grandissant pour l’animal de compagnie dessinent, il est vrai, des débouchés porteurs que ne peuvent ignorer les acteurs majeurs du secteur. Giobagnara, familier des jeux de table en cuir, met ainsi son expertise au service de la Game Collection : jeux de cartes, de société, de hasard rivalisent d’élégance dans des habillages aussi visuels que précieux. Les accessoires de la Fitness Collection sont tout aussi luxueux. Les équipements, tous transportables, s’adaptent à la pratique de chacun : tapis de yoga, corde à sauter en cuir tressé, haltères et poids, ergonomiques et sculpturaux à la fois. La Pet Collection, enfin, est destinée aux animaux de petite et moyenne taille, à travers neuf produits. Parmi eux, le panier pour chien est revêtu de cuir couleur noix de muscade. Le sac de transport, le collier, la pochette à croquettes affichent, quant à eux, le motif graphique Weavers, dessiné par Simona Cremascoli.

Maison Dressage décline des sacs minimalistes aux coupes précises et détails audacieux. Tel, le Baguette Project 328 en cuir mat et or 22 carats, 930€ prix boutique conseillé.

Maison Dressage sous influence équestre

La marque de maroquinerie Maison Dressage fait partie des exposants européens de Maison&Objet, en quête d’acheteurs sélectifs ouverts à une offre lifestyle. C’est dans l’espace Craft, dédié aux métiers d’art, que la griffe italienne a exposé sa production artisanale. Matteo Dazzo et Rossella Mancini ont d’abord imaginé sur papier des volumes aux lignes racées. Le nom qu’ils donnent à leur marque fait explicitement référence, disent-ils, à la discipline équestre du dressage. « C’est l’expression ultime de la force et de l’élégance. Nous voulions traduire la légèreté et la puissance », poursuivent les designers, qui ont ouvert leur atelier à Trieste en 2015. Les formes architecturales prônent une polyvalence urbaine, aux accents avant-gardistes. À l’image de la série Synapsis aux multiporters. Les sacs à dos adoptent le parti-pris géométrique en proposant fermeture magnétique et bretelles réglables. Le modèle Less is Bag est une version détournée du cartable classique. Le bois de noyer, en touche, comme l’or 22 carats qui rehausse le sac Baguette de Maison Dressage, sont des détails précieux, renouvelant l’ornement d’accessoire. Le cuir toscan à tannage végétal, le laiton brut doré à Vincenza, le bois national de noyer ou d’acajou reflètent une chaîne d’approvisionnement éthique et un positionnement « slow fashion » haut de gamme.

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Rédaction Nadine Guérin

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