Stéphane Rostaing : « Les réglementations RSE sont clairement un vecteur de dynamisme »

Fondée en 1789, Rostaing est spécialisée dans la fabrication de gants de protection (industrie, BTP, pompiers, forces de l’ordre, jardinage et espaces verts). Son Président, Stéphane Rostaing, représente la sixième génération aux manettes – sa nièce et son neveu Sandrine Rostaing et Charly Brunel, actionnaires de la société, seront la septième génération.

Stéphane Rostaing, PDG de l’entreprise éponyme : « Depuis 1998, nous sommes positionnés sur le sujet de la RSE, qu’on appelait alors développement durable. »

Comment vous êtes-vous montrés pro-actifs par rapport à la règlementation RSE ?

Depuis 1998, nous sommes positionnés, via de premières études, sur le sujet de la RSE, appelé alors développement durable. Une stagiaire ingénieure a ainsi réalisé un rapport sur les bonnes pratiques, aboutissant à une charte interne. En 2005, nous avons adhéré à la Fondation Nicolas Hulot et avons fait circuler son livret vert. Dans les années 2000, nous avons lancé la démarche ISO 14001, avec un bilan de nos pratiques environnementales et une base d’évolution. Rapidement, nous avons déployé la récupération des eaux de pluie pour les sanitaires, réalisé des économies de gaz… La profession très réglementée des EPI nous soumettant aux normes européennes depuis 1994, nous allons très vite vers la certification ISO 9001 d’un management de qualité. Mais nous n’avons commencé à déployer l’éco-conception que depuis cinq ans. Nous sourçons désormais nos matières premières, dont le cuir, à moins de 2 000 kms : plus de 90% en France (chez Pechdo), le solde en Italie. Notre production est réalisée en zone Euromed, soit plus de 95% dans nos deux usines marocaines (330 salariés) et moins de 5% dans notre atelier près de Lyon (50 salariés). Parmi nos produits éco-conçus, nous avons lancé l’an dernier le “Jean”, une paire de gants upcyclée, réalisée en cuir (pour la paume), provenant de stocks d’invendus de Pechdo, et de chutes de denim sourcés chez le jeanner 1083.

Côté recyclage, nous intégrons un groupe de travail avec la Facim (fédération nationale des fabricants de fournitures administratives, civiles et militaires), qui réunit une cinquantaine de sociétés (fabricants, tisseurs, confectionneurs et distributeurs). Son objectif est de pouvoir bien collecter et trier ensemble les produits EPI en fin de cycle. C’est important pour nous car il est courant que les gants usagés soient aujourd’hui jetés à la poubelle.

De façon générale, nous n’arrivions pas à valoriser nos efforts RSE car nous communiquions très peu sur le sujet.  Mais il y a 18 mois, j’ai réalisé que la transparence (provenance des matières…) devenait prioritaire pour nos clients et demandé qu’on y travaille. Depuis six mois, nous nous y attelons sérieusement avec le soutien d’une consultante chargée de mesurer l’empreinte carbone de nos produits. Elle s’est dit étonnée du nombre élevé de nos actions alors que nous communiquions si peu.

Rostaing s’approvisionne en matières premières - dont le cuir - à moins de 2 000 kms, dont plus de 90% en France, notamment auprès de la tannerie française Pechdo - Photo © G. Perret.

Pensez-vous que la réglementation puisse être un vecteur de dynamisme et non une contrainte pour vous ?

Les outils et réglementations (loi Agec, score carbone, ACV…) sont une véritable opportunité pour mettre en avant des actions que nous faisions depuis longtemps et pour nous démarquer du greenwashing trop souvent pratiqué ailleurs. Si nous communiquions peu, c’est d’ailleurs parce que nous voulions être irréprochables. Pas question par exemple de dire que nous étions 100% made in France si 1% de composants était encore sourcés ailleurs. Ces réglementations sont clairement un vecteur de dynamisme. Les paramètres RSE seront demain essentiels pour nos clients mais aussi pour recruter et dans la notation financière.
Côté marché, nous avons commencé récemment à communiquer auprès de nos prospects sur nos démarches RSE (circuit court, etc.). Nous constatons qu’ils y sont sensibles et cela pourrait faire la différence dans une affaire, aujourd’hui en bonne voie d’être conclue.

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Rédaction Sophie Bouhier de l’Ecluse

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