Répertoire durable : I comme Ictyos

Allier esthétique et écologie telle est la vision de la tannerie Ictyos Cuir Marin de France, installée à quelques encablures de Lyon. En trois petites années, la jeune entreprise a hissé près de 11 tonnes de peaux de saumon et esturgeons – qui auraient dû finir leur course dans une poubelle – au rang de cuirs « exotiques » d’un nouveau genre. Débordante d’imagination, elle décline chaque variété en deux formats, deux classes de qualité et une multitude de variations dans une fourchette de 10 à 100 euros la pièce. Une offre accessible, sans minima de commande, pour le plus grand bonheur des amateurs, créateurs, DNVB et maisons de luxe en quête de nouveauté. Plongée au cœur d’un écosystème tout en transparence.

Approvisionnements, production et produits écoresponsables

Collaborer avec Ictyos – Cuir Marin de France, c’est faire le choix d’une entreprise française incarnée par une équipe de sept experts métiers qui maîtrisent leur savoir-faire tout au long de la chaîne. Des approvisionnements à la livraison des cuirs finis, tout est géré maison. Chaque mois, l’entreprise organise le sauvetage de près de 400kg de peaux de saumon en lien avec des restaurateurs lyonnais. Quant aux peaux d’esturgeons, elles sont pour ainsi dire collectées « à la source », post-découpe, au sein de piscicultures ancrées sur le territoire français. Mais si le cuir marin offre un réservoir inépuisable de possibilités, certaines variétés sont menacées. Ainsi Ictyos met un point d’honneur à n’aborder que les peaux de poissons consommés qu’elle a à cœur de valoriser. Métallisées, satinées, brillantes ou dégradées, quelles que soient les finitions, tous les produits sont estampillés par la société.

En à peine trois années d’exercice, Ictyos a valorisé 11 tonnes de peaux de poissons, rebus de notre consommation.

Circuit court et flux tendu

S’il est admis que recycler une ressource existante vaut toujours mieux que d’en créer une nouvelle, la route est longue pour réduire les émissions carbones émanant d’une production. À commencer par le transport. En premier lieu, Ictyos cale le rythme de ses approvisionnements sur la distance à parcourir. Une fois par semaine pour le niveau le plus local (Lyon) à une fois par mois pour le niveau national. Économie non négligeable, la conservation des peaux crues ne nécessite pas de salage et n’engendre pas d’effluents de la sorte. En revanche, elle implique la mise au froid et donc une dépense énergétique que la gestion du stock en flux tendu vient justement pondérer.

Ictyos a fait le choix du tannage végétal à base d’extraits de feuilles, de fruits, racines et écorces zéro déforestation. Un traitement couplant tannage végétal et blanc (dit synthétique, sans métaux) peut se révéler nécessaire pour certaines couleurs et applications.

Coup de filet sur les déchets

Ingénieurs en chimie verte de formation, Benjamin Malatrait, Gaultier Lefébure et Emmanuel Fourault, à l’origine de l’aventure, se sont naturellement tournés vers le tannage végétal. Un traitement certes consommateur d’eau mais compensé par la rapidité du processus autorisée par la réactivité de ce type de peaux aux tannins végétaux. Une semaine à peine et la magie opère ! Ictyos change les déchets en produits d’exception à coup d’extraits de feuilles, de fruits, racines et d’écorces zéro déforestation. S’ensuivent les phases de tests chimiques et physiques au cours desquelles les peausseries sont passées au peigne fin (plus de 70 substances recherchées et analysées) et sont mises à l’épreuve du temps (résistance à l’eau, à l’humidité, à la lumière, aux frottements…). In fine, la tannerie vise la circularité, même si les conditions de biodégradabilité de ses cuirs n’ont pas encore été mesurées. Pour l’heure, les résidus d’écailles de poissons sont compostés avec d’autres bio déchets, à l’initiative de la start-up Les Alchimistes, afin de nourrir les herbacées et d’enrichir les sols dégradés.

Ictyos collabore avec Les Alchimistes, une start-up spécialisée dans les bio déchets, qui récupère toutes les écailles et rebus issus du pré-tannage, afin de les valoriser en compost.

Objectif durabilité : une analyse du cycle de vie pour la fin de l’année

« Toutes les matières recyclées ne se valent pas » souligne Benjamin Malatrait, Président Co-fondateur de Ictyos. Selon sa vision du durable, l’origine et la longévité du produit demeurent primordiales. Si ce dernier point est implacable tant la tenue du cuir est prouvée, le premier reste à formaliser. C’est ce qui a conduit l’entreprise à initier une ACV (analyse du cycle de vie). L’enjeu ? quantifier l’impact de l’élevage de poisson, ou de la pêche afin d’orienter l’activité dans la bonne direction. Les résultats seront connus d’ici la fin de l’année, le rendez-vous est pris !

Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir nos articles à votre rythme et selon vos préférences de thématiques.

Rédaction Juliette Sebille
Photos © Studio Picabel

j'AIME
TWEETER
PIN IT
LINKEDIN

Consultez
les derniers articles
de la rubrique

Quitter la version mobile
Fermer