Répertoire Durable, M comme Mégisserie la Molière

Très impliqué dans la transition durable de La Molière, François Roques multiplie les initiatives pour satisfaire les ambitions des acheteurs et des consommateurs. De la mégisserie spécialisée dans le traitement de peaux de mouton, à la création d’une marque de sneakers écoresponsables en cuirs de poisson, c’est toute une entreprise qui se met au diapason ! Direction Graulhet pour retracer l’itinéraire de sa feuille de route.

À l’origine, des coproduits organiques issus des agro-industries

C’est à Graulhet, ancienne capitale de la basane, à mi-chemin entre Albi et Castres, que François Roques perpétue le savoir-faire de la mégisserie fondée par son arrière-grand-père : la valorisation des peaux de moutons du Béarn, brebis des Pyrénées ou Aveyron qui fournissent le lait de fromage. Des matières brutes en devenir, issues des abattoirs et fermes locales, dont les clients exigent la qualité et la traçabilité totales. L’entrepreneur cultive la même démarche pour le cuir marin. Il y a quelques années, il s’est rapproché du Groupe Barba, transformateur des produits de la mer, pour se lancer dans le tannage de peaux de thon. Certifié MSC (Marine Stewardship Council), son partenaire prône la pêche à la ligne, méthode plus responsable. Coproduit de la chaîne agro-alimentaire « chaque peau est attribuée à un lot, le lot correspond à un lieu de pêche et le lieu de pêche à un bateau ».

Économies d’énergie

Depuis toujours, la mégisserie la Molière produit en circuit court. Une logique territoriale favorisée par la richesse de ses racines rurales, entre mer et montagne. Graulhet demeure un carrefour unique dans la filière cuir, favorisant la dynamique de ses métiers (chimie, mégisserie, artisanat). Même le Groupe Barba se situe à moins de 150 km, ce qui n’empêche pas l’entreprise de remettre à plat 90 ans d’habitudes pour la bonne cause ! À commencer par un bilan énergétique qui l’a conduit à se détourner des énergies fossiles. Exit la chaudière au fioul, place à un système de récupération de chaleur pour compresseurs d’air permettant de convertir l’excès d’air en chauffage. Résultat ? « Nous n’avons plus besoin de chauffer les bâtiments et avons économisé 5 000 euros ! », se réjouit François Rocques.

Et au milieu coule une rivière

Du bilan énergétique, mené il y a quatre ans, a découlé une autre mesure visant à réduire la température de l’eau employée dans le processus de production, qui est passée de 80 degrés à 63 degrés. Grâce à cet ajustement, l’entreprise a réduit sa facture de 2 000 à 3 000 euros par année, et ce sans incidence sur la qualité du travail.
Source de préoccupation majeure, la qualité de l’eau est assurée par une station d’épuration collective. Conçue pour alimenter les habitants de l’agglomération de Graulhet il y a une trentaine d’années, elle est réputée pour sa performance. « Pour 100 litres d’eau utilisés en tannerie, 99 litres sont traités, pompés puis épurés avant de retourner à la rivière. Seul un litre s’évapore à l’étape de la sèche », précise François Rocques.

R&D alternative

Lorsqu’elle en a le choix, l’équipe de la mégisserie travaille avec des tannins végétaux, à base de feuilles et de fruits (garantis zéro déforestation). En 2020, Monsieur Barba, en collaboration avec Monsieur Roques, a reçu le prix Coup de Cœur des prix Inn’Ovations de la région Occitanie pour le tannage des peaux de thon. En parallèle, l’entreprise a essayé de créer des tannins à partir d’algues de la méditerranée. Dans le même esprit, elle réduit la proportion de solvants autant que possible au bénéfice de résines acryliques, de sucres ou produits de la terre. « Malheureusement, on ne peut pas toujours remplacer les produits chimiques », déplore François Rocques, « mais on y viendra ». Alors, en matière de chrome, le dirigeant de la mégisserie se fie aux grands groupes et conformités Reach.

La RSE, un travail sur soi

Soucieuse de contrer la prolifération des déchets, l’usine effectue ses achats de façon rationnelle, dans des matériaux recyclés. Tous les déchets sont retriés et les stocks revalorisés mais l’objectif ultime serait de ne pas en générer ! Pour ce faire, l’entreprise a même imaginé un cuir compostable et biodégradable à n’importe quel stade de tannage.
Convaincue des bienfaits économiques, sociétaux et environnementaux de ses efforts, la Molière va bientôt s’inscrire dans le programme de certification LWG (Leather Working Group), protocole d’audits référent pour la production durable et responsable de cuir. À terme, la mégisserie entend gagner encore en autonomie avec l’installation de panneaux solaires et poursuivre sa transition écologique via une politique d’investissements à hauteur de 50 000 euros par an.

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Rédaction Juliette Sebille
en partenariat avec la Molière
Photos © Corinne Jamet

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