La Rue du Made in France, vitrine du savoir-faire français à Paris
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Parmi la nouvelle génération de marques qui se lancent sur le marché, nombre d’entre elles s’affranchissent du canal de distribution traditionnel (réseau de boutiques multimarques), désireuses de maîtriser toute la chaîne de valeurs : de la qualité des matières et de la production en passant par l’environnement de travail…et surtout dans une gamme de prix « justes » et accessibles. C’est bien le choix qu’ont fait les deux créatrices de la marque française Nomasei, lancée en Mai 2019.
L’amour des beaux souliers féminins a réuni Marine Braquet et Paule Tenaillon, les deux créatrices de Nomasei. Elles se sont rencontrées chez Chloé, où Marine officiait en tant que Responsable des Collections « Chaussures » et Paule en tant que Head Designer, au terme d’un parcours dans la chaussure féminine qui l’avait entre autres conduite chez Stephane Kélian. Pendant plusieurs années elles ont formé un duo productif, partageant la passion des savoir-faire techniques de la chaussure et s’épanouissant lors les visites d’ateliers transalpin.
En créant leur projet, elles ont d’emblée décidé que leurs souliers devraient adopter une esthétique féminine, forte, en équilibre entre la tendance et l’intemporalité. C’est en Toscane qu’elles vont trouver la belle façon qu’elles souhaitent pour leurs souliers.
Leur recherche exigeante mène les deux créatrices jusqu’au village de Montopoli où elles vont rencontrer le fabricant qui deviendra leur associé. De nombreux ateliers de production intégrés dans les districts industriels italiens, développent en parallèle leurs marques propres. Après de nombreux allers-retours, l’usine toscane s’engage à hauteur de 15% des parts. Leur partenaire s’occupe de la mise au point des modèles dessinés par Paule Tenaillon, de l’approvisionnement en matières et bien entendu de la production. Un échange permanent s’établit entre l’usine et les créatrices, qui attachent beaucoup d’importance aux savoir-faire et à l’expérience que les artisans insufflent au projet.
Prenant à contrepied le rythme des marques de chaussures de luxe liées aux tendances, qui conçoivent jusqu’à six collections par an, ils décident d’un commun accord de proposer deux collections annuelles : le temps considéré comme nécessaire à la réalisation d’une collection et de produits de grande qualité destinés à durer. C’est un véritable travail à six mains, qui a inspiré le nom de la marque.
Les collections construites en fonction de typologies et d’usages sont composées de modèles essentiels : deux types de bottines à talon, deux de bottines plates, deux de sandales et un de mule plate. Ils sont conçus à partir de cuirs provenant de tanneries italiennes dans le respect des normes environnementales les plus exigeantes, tels les cuirs de tannage végétal de Conceria 800. Les matières sont choisies pour leur brillance, que les créatrices affectionnent particulièrement comme, par exemple, les cuirs de veau semi vernis des boots Armada et des bottines Slalom. Elles sélectionnent aussi des peaux aux effets plus singuliers, tels ces veaux imprimés façon python ou ces cuirs embossés façon croco, sur les mocassins Nono, ou bien encore ces embossés python, foulonnés pour relever les écailles et donner l’illusion du cuir exotique véritable, sur les bottines Moonwalk. Le veau stretch permet la réalisation de bottines ajustées, au style plus pop, avec leurs couleurs vives. Deux teintes fétiches reviennent dans les collections, un blanc beurre, le blanc Pompéi et un rouille/rouge nommé Montopoli.
Les chaussures sont toutes doublées en cuir de chèvre, les talons fabriqués en cuir de veau lamellé et la semelle extérieure, en double trépointe, est renforcée par un insert de gomme. Cette fabrication très traditionnelle, n’empêche pas les expérimentations, comme avec ces mules de plage en néoprène et éponge, à la semelle faite d’un matériau composite à base de maïs, qui passent en machine !
La volonté de transparence tout au long de la chaîne se reflète jusque dans le choix de communiquer la structure des prix de chaque modèle sur le site Internet de la marque. Des tarifs que les créatrices ont voulu « justes » en offrant la qualité du luxe, rendu possible sans la marge d’intermédiaires. Les chaussures Nomasei sont donc exclusivement distribuées via leur propre site Internet, décision prise dès la conception du projet. L’entrée de gamme se positionne à 195 euros pour des mules plates, le milieu de gamme aux alentours de 300 euros pour les sandales et mocassins et le haut de gamme entre 380 et 485 euros pour les bottines. Des animations commerciales sont régulièrement organisées, notamment sous la forme de boutiques éphémères, afin de pouvoir incarner la marque dans un univers physique et de créer du lien avec les clientes. Des collaborations avec des concept-stores triés sur le volet sont envisagées, afin de capter une nouvelle audience. Néanmoins, même si le modèle ne prévoit pas de s’appuyer sur un réseau de revendeurs, ces collaborations pourraient mener, à l’avenir, à la création de collections capsules exclusives. Le e-commerce a été pensé de façon minutieuse et une plateforme logistique dédiée gère le stockage, les expéditions et les retours. Ceux-ci sont d’ailleurs gratuits en France et dans l’Union Européenne. Un sens du service client essentiel pour Nomasei qui souhaite proposer la remise à neuf des souliers en collaboration avec un cordonnier, ainsi que le recyclage intégral des chaussures, lorsque la réparation n’est plus possible.
Une prise de position radicale en faveur d’un luxe intemporel, fondé sur le partage des savoir-faire, le respect, les engagements éthiques et la transparence pour cette toute jeune marque qui souhaite prochainement associer ses clientes à ses réflexions en éditant un journal à leur intention.
Rédaction Hélène Borderie
Photos © Julie Berranger
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