La réparation au cœur de l’actualité
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Sous le marrainage de la créatrice Karine Arabian, le jury d’ADC (Au-Delà du Cuir), l’incubateur d’entreprises de la filière cuir, a sélectionné six nouveaux talents pour l’année 2022. Les deux marques de chaussures et quatre de maroquinerie vont bénéficier d’un accompagnement personnalisé destiné à valoriser leur créativité et accélérer leur développement. Ces créateurs, émergents ou confirmés, peuvent également prétendre à un soutien financier (subventions, fonds de garantie et de prêt, fonds d’investissement Cuir Invest) et disposer du showroom d’ADC au cœur de Paris, rue de Cléry.
Depuis sa création en 2012 sous l’impulsion de la Fédération Française de la Chaussure et du Conseil National du Cuir, le dispositif soutient des entreprises aux créations originales conçues dans des matières respectueuses de l’environnement et valorisées par une fabrication française ou européenne. Le programme ADC a déjà soutenu plus de 80 TPE. Tour d’horizon de l’édition 2022 placée sous le signe de la créativité et de la RSE.
Née en juillet 2021 sous la houlette du trio fondateur des baskets dépareillées Caval – Achille Gazagnes, Simon de Swarte et Benoît Habfast -, la marque française de sneakers MoEa travaille les matières biosourcées, des végétaux recyclés, substituts au cuir animal et matériaux synthétiques. « Nous adorons les baskets mais pas leur impact environnemental. En explorant les fibres végétales, nous parvenons à créer des modèles stylés avec le même niveau de confort que des baskets en cuir avec un faible impact carbone », souligne Achille Gazagnes. La première collection comprend deux baskets sportswear – une base blanche ponctuée de touches de couleurs et une monochrome – réalisées à partir de déchets de pommes issus de l’industrie du jus en Italie et recyclés en fibres, déchets de raisin sourcés auprès de l’industrie du vin en Italie, feuilles d’ananas des Philippines, cactus du désert mexicain ou encore maïs, non comestible, américain. « Les végétaux sont recyclés, colorés et mélangés à des stabilisateurs tel le coton biologique, le bio-PU ou le plastique recyclé pour donner naissance à des fibres portables. À chaque bio-matière sa propre recette ! En moyenne les fibres végétales sont composées de 49% de plantes ou de fruits. » Chaque couleur correspond au fruit ou au végétal qui a été recyclé. Au-delà des matières végétales soumises à des tests de flexibilité et d’abrasion, la marque n’utilise que des matières véganes et certifiées (GOTS – Global Organic Textile Standard -, USDA bioPreferred, Global Recycled Standard). Les doublures sont en bambou recyclé à 75%, les lacets en coton biologique, la semelle en caoutchouc recyclé à 40% et les semelles intérieures en fibres de bois recyclées à 75%. Les baskets sont fabriquées à Porto et toutes les matières, exceptée la fibre de cactus, proviennent d’Europe. MoEa propose par ailleurs un programme de recyclage des paires usagées transformées en semelles au Portugal. Audité et approuvé végane par l’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), le jeune label est membre du mouvement 1% for the Planet : il reverse 1% de son chiffre d’affaires au programme de protection des forêts de la WWF.
Après avoir œuvré chez Paco Rabanne, Carven, Balenciaga et Chloé, Bea Recoder a lancé sa marque de maroquinerie en 2020 dans le but « d’explorer des accessoires de mode créatifs et alternatifs en composant avec les ressources disponibles ». Reco est ainsi conçue exclusivement à partir de cuirs haut de gamme issus de stocks dormants ou surplus de production sourcés auprès de tanneries certifiées Leather Working Group (LWG) en Espagne et en Italie. « Afin de tirer le meilleur parti de chaque peausserie, nous utilisons une technique inspirée du patchwork », explique la designer espagnole basée à Paris. Du fait du mode d’approvisionnement, les modèles, manufacturés par des artisans en Espagne et en Inde, ne sont disponibles qu’en éditions limitées. Détachées de toute saisonnalité, les collections durables et équitables sont diffusées sur le e-shop de la marque et via le site de vente en ligne Browns Fashion avec une collection exclusive. Leur commercialisation est par ailleurs en cours de développement en réseau wholesale. La marque entend proposer des alternatives à prix justes – 470-590 euros prix boutique conseillés – sans compromis sur la qualité ou le savoir-faire. Elle envisage même de mettre en place un système de pré-commande pour certains modèles. Reco, hommage au nom de famille de la créatrice, travaille par ailleurs à l’élaboration d’un packaging recyclé en collaboration avec une artiste.
Valoriser et perpétuer le savoir-faire maroquinier français, tel est le leitmotiv de Martin Meunier, fondateur de Valet de Pique. « Fabriquer dans l’Hexagone est porteur de valeurs fortes, favorise l’économie locale et permet de réduire l’empreinte carbone. » Les modèles sont manufacturés par des artisans d’ateliers spécialisés à Paris et au Pays basque. Intemporelles au style épuré, les pièces – cartable, sac à dos, sac de voyage, porte-documents, sac seau, accessoires – font la part belle aux tons neutres (noir, chocolat, miel). Les cuirs sont sourcés au sein de tanneries françaises, espagnoles et italiennes. La marque, dont le nom est un clin d’œil au métier de maroquinier – le valet est un outil qui permet de réaliser une couture aux pinces -, s’attache également à upcycler des peausseries issues de stocks dormants de maisons de luxe françaises. Chaque modèle est numéroté et daté par gravure laser et peut être personnalisé par l’ajout d’une inscription.
Atelier DIY (Do It Yourself) spécialisé dans la fabrication de sacs et accessoires en cuir, Pigeoncoq s’inscrit dans « une approche ludique de la matière à travers l’expression de la créativité de nos clients selon des techniques accessibles pour une maroquinerie décomplexée », résume Juliette Chauveau à l’initiative du concept. La majorité des cuirs upcyclés provient de stocks dormants de grandes maisons de couture françaises. « Notre volonté est d’offrir une nouvelle vie à ce matériau noble. » Installée au coeur de Paris où elle possède un atelier, la petite entreprise a ouvert en mai dernier un deuxième espace collaboratif au sein du Village des Créateurs à Lyon. Outre l’organisation d’ateliers, un corner boutique commercialise des box DIY pour concevoir chez soi sac à main, sac bourse, phone pocket, porte-carte…, parmi lesquelles une gamme de boîte en cuirs recyclés certifiés Oeko-Tex® Leather et Global Recycled Standard. Pigeoncoq a par ailleurs collaboré avec la marque française Quo Vadis pour proposer une box permettant de réaliser son agenda 2022 en cuir recyclé, rechargeable et réutilisable. Et cette année de nouveaux formats d’ateliers vont voir le jour, spécialisés dans la valorisation du cuir recyclé.
À seulement 19 ans, Philéo Landowski a déjà présenté sa quatrième collection de baskets lors de la Paris Fashion Week SS22 chez Dover Street Market Paris Showroom. Sa marque éponyme au design épuré est née en 2019 avec pour ambition de « minimiser l’impact écologique par l’utilisation de matériaux bio-sourcés, recyclés ou recyclables comme le canvas tissé en France, le Vegatex (déchet de la production de jus de pomme), le nylon et le suede recyclé », détaille le jeune talent. La prochaine saison estivale s’inspire de la maison d’enfance du créateur dans le sud de la France. La palette chromatique fait voyager entre les plages de sable, les rochers sombres et la mer Méditerranée. « J’ai la chance d’avoir grandi dans une atmosphère propice à la création et à l’évasion. La nostalgie a donné naissance à cette ligne. » Ou comment traduire ses émotions à travers ses créations.
S’il collectionne les sneakers depuis son adolescence, Philéo, qui signifie “J’aime“ en grec ancien, a étoffé sa gamme de derbies et Mary Jane sur semelle XXL. Fabriqués au Portugal, les modèles unisexes sont commercialisés de 250 à 450 euros via la boutique en ligne de la marque et chez une trentaine de détaillants mode multimarques en France et à l’international. Depuis deux saisons, Philéo collabore également avec la marque de bijoux In Gold We Trust à travers une collection capsule d’inspiration rétro.
Créée en 2014 par Yasu Michino, la marque éponyme traduit la vision de son directeur créatif d’origine japonaise installé à Paris. « Mes sacs, dont certains arborent des messages, sont basés sur la fonctionnalité et une identité graphique marquée. » Le styliste, qui a collaboré avec les maisons Yves Saint Laurent, Balenciaga, Givenchy et Delvaux, retranscrit à travers ses modèles colorés la positivité et le dynamisme relevé d’une French Touch assumée. Fabriquées dans un atelier en Italie à partir de cuirs provenant de tanneries françaises et italiennes – veau lisse, taurillon grainé -, les collections sont proposées au prix public moyen de 520 euros. Distribuée via son e-shop, chez une sélection de multimarques et lors de pop-up stores en grands magasins en Asie, la marque multiplie les projets : un nouveau modèle, le sac madeleine, va faire son apparition en exclusivité sur sa boutique en ligne fin janvier ; une collaboration menée avec une marque coréenne sera dévoilée en février alors qu’une oeuvre commune avec un street artiste devrait voir le jour à la fin de l’année.
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Rédaction Laëtitia Blin
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