La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
L’industrie française de la chaussure compte deux indications géographiques (IG). En 2024, les bottes camarguaises s’ajoutent à la charentaise de ...
Via son site web ouvert en 2008, Cédric Donnaint a permis aux artisans de Graulhet, fief de la maroquinerie, de vendre en ligne leurs produits. Il a depuis confirmé la justesse du concept, en étoffant la gamme et en lançant deux marques propres.
Les débuts d’Artiweb et de son site, la Rue des Artisans en 2008, coïncident avec la fin d’une aventure professionnelle pour Cédric Donnaint, qui a commencé sa carrière dans l’industrie. « Un ami originaire de Graulhet m’a parlé de ce haut lieu de la maroquinerie française. Comme à l’époque, on n’en était qu’aux débuts d’internet, j’ai eu l’idée de défricher ce canal pour les artisans n’ayant pas la capacité d’y aller seul. La Rue des Artisans a été leur trait d’union avec le consommateur en quête de produits en cuir non industriels ».
Après un démarrage avec de la petite maroquinerie et quelques sacs hommes et femmes, la Rue des Artisans se diversifie dès 2009 via des ceintures, chaussons et accessoires de bureau.
D’abord accompagné par un fabricant de Graulhet, Jean-Claude Milhau, le site de vente en ligne est vite sollicité par d’autres artisans pour vendre leurs produits aux savoir-faire variés. Des demandes croissantes de clients l’incitent aussi à créer ses propres produits, commandés à ses partenaires. Deux marques sont lancées : La Guêpe dès 2010, qui propose de la petite maroquinerie, des sacs et des ceintures, et Lavoisier Maroquinerie en 2012, dédiée à l’univers du bureau. « Aujourd’hui, une centaine de personnes travaillent indirectement pour nous via une dizaine de fabricants, tous dans le Tarn à l’exception d’un, installé à Cholet », détaille Cédric Donnaint, qui précise qu’Artiweb emploie cinq salariés.
Côté peaux, La Rue des Artisans source des cuirs de vachette en Italie et en Espagne. « Ce n’est pas tellement le prix qui entre en jeu dans ce choix, mais plutôt le fait que les tanneurs de ces pays acceptent de livrer de petites quantités. »
Depuis cinq ans, pour être plus réactive, La Rue des Artisans a intégré le savoir-faire nécessaire pour fabriquer les accessoires de bureau, via d’abord un matériel de personnalisation des produits (embossage, marquage laser) puis des machines pour découper et coudre le cuir. Une décision qui l’a amenée à déménager dans Graulhet, où elle était déjà installée.
La Rue des Artisans propose désormais environ 400 références de produits (sans compter les déclinaisons couleurs), répartis de façon équilibrée entre les catégories (petite maroquinerie, sacs et cartables, ceintures et accessoires de bureau).
Son profil clients ? « Pas bling-bling. Ils sont prêts à payer ce que cela vaut, mais pas le double. » Son cœur de cible a la cinquantaine, à 95% mais quelques clients de 25-30 ans passent aussi par son site, en général pour un achat cadeau.
La Rue des Artisans, qui produit environ 15 000 pièces par an, réalise 95% de son chiffre d’affaires en France, le solde au Benelux, en Suisse ou auprès de Français expatriés (au Brésil, au Japon…). Depuis deux ans, elle a atteint sa «vitesse de croisière. Le Covid a été un accélérateur. Contrairement à beaucoup de sites e-commerce, notre activité n’a pas connu de coup de frein brutal par la suite et reste stable depuis », constate son fondateur.
En 2024, il s’attend cependant à « une légère baisse » de son activité « en raison notamment de l’inflation ». Il se dit en effet contraint « d’augmenter légèrement – de 10 à 15% – quelques produits », une décision qu’il avait jusqu’alors pu éviter. « En 2022-2023, j’avais anticipé les futures hausses en faisant des stocks. Nous les avions ainsi absorbés. »
Cette stabilité des prix, dans une ambiance inflationniste, a joué en faveur du site. Ses clients sont aussi satisfaits des autres services déployés, comme le fait que l’équipe soit réactive lors des appels ou qu’elle propose la personnalisation de produits comme les portefeuilles ou articles de bureau, les paquets cadeaux… » Le remboursement ou échange jusqu’à … 200 jours après l’achat des produits, s’ils ne sont pas abîmés, est également apprécié.
Artiweb réalise aussi 30% de son chiffre d’affaires avec des clients professionnels. La société a fabriqué des objets, comme des sous-verres personnalisés pour les restaurants-bars d’hôtels (Sofitel Ajaccio ou Paris, Cheval Blanc Paris), des protège-cahiers personnalisés pour L’Oréal ou sous-mains pour le Sommet de la Francophonie… Elle a récemment relevé un défi pour la Banque de France. « La direction de l’imprimerie nous a contactés il y a six mois pour fabriquer des classeurs présentant des maquettes de billets aux pays africains qu’elle fournit. Elle voulait les moderniser mais les services étaient réticents, pensant que ce serait trop compliqué. J’ai pris sur moi de fabriquer un prototype et il a été approuvé ! En BtoB, observe le dirigeant, la marge est un peu inférieure à celle du BtoC mais on compense sur les quantités.»
Alors que le chiffre d’affaires d’Artiweb a atteint un million d’euros en 2023, la société est rentable depuis le début, avec un résultat d’environ 10%.
La clé du succès ? Cédric Donnaint estime « qu’il s’agit avant tout de persévérer car les choses ne marchent pas tout de suite. Il y a aussi le respect du client. Je ne suis pas là pour lui vendre des produits mais pour apporter une solution à ses besoins. Si je ne sais pas faire quelque chose, je le renvoie vers un autre professionnel ».
Il souligne par ailleurs la capacité d’écoute d’Artiweb vis-à-vis des professionnels, ce qui permet de bien cerner leurs demandes. Le tout explique sa résilience.
« À Graulhet, il y avait, à son apogée, plus d’une centaine de fabricants de cuir (tanneurs et maroquiniers) et plus de 5 000 salariés dans une ville de 10 000 habitants, conclut Cédric Donnaint. Ils ne sont plus qu’une dizaine. Nous espérons bien faire partie des derniers des Mohicans ! »
Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir, toutes les deux semaines, un condensé de l’actualité de la filière cuir.
Rédaction Sophie Bouhier de l’Ecluse
L’industrie française de la chaussure compte deux indications géographiques (IG). En 2024, les bottes camarguaises s’ajoutent à la charentaise de ...
Dans sa boutique-atelier installée dans les Cévennes, Jimmy Grandadam, professionnel de l’écologie reconverti, répare les chaussures et fabrique et ...
Depuis plus de soixante ans, Chaussures de Gatine chausse les professionnels du monde agricole. Mais pas que. Reprise en 2021, l’entreprise se modernise tout ...