La Filière Française du Cuir de nouveau excédentaire en 2024

En 2024, la Filière Française du Cuir a réalisé un excédent commercial de 5,5 milliards d’euros.

En stabilisant ses importations et exportations, la Filière Française du Cuir a réalisé un excédent commercial de 5,5 milliards d’euros l’an dernier. À l’export, ses ventes ont ralenti vers ses trois premiers clients – la Chine, les États-Unis et l’Italie – mais ont bondi au Japon, devenu son quatrième marché.

Bel excédent

Elle affiche, à nouveau, un bien meilleur bilan de son commerce extérieur que l’Hexagone. En 2024, la filière cuir française a réalisé un excédent commercial de 5,5 milliards d’euros « avec des importations stables à 13,7 milliards d’euros et des exportations en légère progression de 1% à 19,2 milliards d’euros », révèle l’Observatoire Économique de l’Alliance France Cuir dans son bilan des échanges 2024 de la Filière Française du Cuir. Ce bon résultat est à comparer avec le solde commercial de la France en 2024, « déficitaire de -81 milliards d’euros ».
Certes, les statistiques de la filière sont moins mirobolantes qu’en post-pandémie. « Après le Covid, le secteur a connu une période de fort rebond de l’export, notamment vers la Chine et les États-Unis, avec parfois des multiplications par deux ou trois des flux. En 2024, on est plutôt sur une stabilisation », observe Philippe Gilbert, Directeur de l’Observatoire.
Si la croissance des exportations de la filière Cuir est restée positive (+1% à 19,2 milliards d’euros), elle a fortement décéléré par rapport à 2023 (+6%). Mais avec 6,4% des exportations mondiales, la France est toujours le quatrième pays exportateur dans le secteur du cuir, derrière la Chine, l’Italie et le Vietnam.
Pour le trio de tête des marchés de la filière française, le rythme s’est calmé. La Chine, sa première cliente, affiche une certaine stabilité de ses importations (à 2,6 milliards d’euros). Les États-Unis, deuxième destination, n’affichent qu’une légère hausse (+1% à 2,4 milliards d’euros), et l’Italie, numéro trois des exportations hexagonales, réduit ses achats de 2% à 1,9 milliard d’euros.

Les exportations de maroquinerie sont en hausse de +2% à 13 milliards d’euros en 2024.

+237% au Japon !

Philippe Gilbert relève cependant des évolutions « remarquables » vers d’autres destinations. Comme la « très belle progression » du Japon où les exportations de la filière cuir française se sont envolées de 237% à 1,6 milliard d’euros. L’Empire du soleil levant est ainsi propulsé quatrième destination hexagonale en 2024 ! « Au début des années 2000, ce pays faisait partie du Top 3 à l’export. Il a ensuite perdu du terrain au profit de marchés comme la Chine, les États-Unis et l’Italie pour descendre dans le Top 10 », rappelle l’expert, expliquant cette belle remontée 2024 par un Yen relativement bas et une belle fréquentation touristique.
Autre destination poussée par un bel essor (+14% à 634 millions d’euros) des exportations de la filière cuir française, la Corée du Sud est devenue son dixième client.
En revanche, d’autres importants marchés asiatiques ont décroché l’an dernier, à savoir Hong-Kong et Singapour, cinquième et huitième partenaires, qui ont respectivement plongé de 9% à 1,4 milliard d’euros et 49% à 898 millions d’euros. Cela n’empêche pas l’Asie de conserver sa place de première destination de la filière, avec 45% (soit 8,6 milliards d’euros) de l’ensemble des exportations françaises.

L’Europe, toujours bonne cliente

L’Europe continue de plébisciter les articles de cuir français, captant 40% des exportations (7,6 milliards d’euros) en 2024. Mais si ces dernières ont progressé en Espagne, son septième client (+2% à 917 millions d’euros), elles se sont tassées vers ses sixième et neuvième clients, l’Allemagne (-5% à 1,1 milliard d’euros) et le Royaume-Uni (-2% à 825 millions d’euros). Côté importations, Philippe Gilbert relève une stabilité et peu de changements en 2024. « La diversification asiatique se poursuit un peu, avec un recul de 5% (à 2,8 milliards d’euros) des importations chinoises (second fournisseur de la France, NDLR), mais une légère hausse (+ 9% à respectivement 1,8 milliard et 615 millions d’euros) du Vietnam et de l’Indonésie, troisième et cinquième fournisseurs. « Ce n’est pas récent, le Vietnam gagne du terrain depuis plusieurs années », observe-t-il.
Devant la Chine (21% des importations françaises), l’Italie (27% des importations françaises) a aussi atténué ses livraisons (-1% à 3,8 milliards d’euros). De même que l’Inde, son sixième fournisseur (-3% à 492 millions d’euros).
Chez les fournisseurs d’Europe du Sud, on relève une nette accélération de l’Espagne, quatrième fournisseur de la France (+ 8% à 791 millions d’euros) mais un recul de 5% à 410 millions d’euros du Portugal, au septième rang.

Légère hausse des importations et exportations de maroquinerie

Quant aux catégories, si les importations de matières premières (5% de l’ensemble) régressent de 3%, les produits finis (95% du total) gagnent un point en 2024. Les achats français de cuirs et peaux bruts se distinguent par la plus forte envolée, soit un bond de +18% à 148 millions d’euros, après un recul de 9% en 2023. A contrario, les importations de tannerie mégisserie se tassent de 7% à 519 millions d’euros, après une hausse de 12% en 2023.
Les importations de maroquinerie sont, elles, en légère hausse de 4% à 4,7 milliards d’euros mais les Français ont importé un peu moins (-1%) de chaussures (8 milliards d’euros) et vêtements en cuir (180 millions d’euros), et autant de gants étrangers (74 millions d’euros) qu’en 2023.
Côté exportations, la maroquinerie, en hausse de +2% à 13 milliards d’euros, est toujours le pilier de la filière, avec deux tiers de ses exportations totales. À noter aussi, à une moindre échelle, la belle performance des exportations de vêtements en cuir (+13% à 260 millions d’euros). En revanche, toujours en amont, la France a vendu moins de chaussures à l’étranger (-1% à 5,4 milliards d’euros, soit 28% des exportations françaises) et de gants (-2% à 32 millions d’euros).
En aval, ses ventes de cuirs et peaux bruts (-4% à 204 millions d’euros) et d’articles de tannerie mégisserie (-6% à 220 millions d’euros) se sont aussi tassées.

Et en 2025 ?

Après une année 2024 en eaux calmes, avis de tempête en 2025 ? Philippe Gilbert relativise les risques, dont le numéro 1, aux États-Unis. « En 2024, les exportations outre-Atlantique de la filière ont pesé 12,5% de ses exportations totales. L’essentiel des ventes est donc réalisé ailleurs dans le monde. Cela sécurise les exportations si des droits de douane sont finalement mis en place aux États-Unis. Et si c’est le cas, les acheteurs américains du très haut de gamme seront peu sensibles à ces augmentations. En revanche, dans le luxe accessible, cela pourrait être plus compliqué. »
Et de conclure : « tout le monde est aujourd’hui dans l’expectative. Mais face aux différentes incertitudes et crises successives, les entreprises de la filière se sont toujours montrées résilientes… »

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Rédaction Sophie Michentef

Photos © Ici Au Loin – Jules Hidrot pour AFCuir.

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