Maison Grandadam : une reconversion heureuse
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L’industrie française de la chaussure compte deux indications géographiques (IG). En 2024, les bottes camarguaises s’ajoutent à la charentaise de Charente Périgord, attribuée cinq ans plus tôt. La Botte Gardiane, située dans le Gard, est la seule entreprise du territoire à les fabriquer dans les règles de l’art.
L’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) est un acteur majeur de l’innovation et de la création en France. C’est lui qui, entre autres, délivre les indications géographiques. « L’IG distingue un produit originaire d’une zone géographique déterminée, possédant des qualités, une notoriété ou des caractéristiques liées à ce lieu d’origine », précise l’organisme. À l’heure de la réindustrialisation, cette garantie d’authenticité sert la tradition et le maintien d’un savoir-faire local autant que l’ancrage territorial des entreprises. Les fabricants postulant à l’IG déposent une demande de labellisation à l’INPI, qui examine leur dossier et mène une enquête publique. Après acceptation, un cahier des charges strict veille au respect et à la défense de la fabrication dans le berceau d’origine. Le dispositif a donné lieu à 19 IG depuis sa création en 2016. Deux d’entre elles mettent à l’honneur un patrimoine national inhérent au secteur de la chaussure.
Dernière en date, l’IG bottes camarguaises « consacre la fabrication artisanale de bottes qui allient durabilité et tradition, explique Pascal Faure, Directeur Général de l’INPI. Elles sont conçues selon les techniques transmises depuis plusieurs générations et rendent parfaitement hommage à la richesse de la culture camarguaise ». Spécialement au métier des gardians. Ces éleveurs de chevaux et de taureaux camarguais portent ces bottes robustes, antidérapantes, en cuir gras et épais, depuis le début du XXe siècle. « C’est une botte bien pensée, un produit qui ne bouge pas, affirme Fanny Agulhon, codirigeante et styliste de La Botte Gardiane. La fonction a défini sa forme. » Avec son frère Antoine, elle développe l’héritage de cette PME familiale basée à Aigues-Vives et employant une vingtaine de salariés. « Chaque paire est façonnée à la main avec la technique de montage du cousu Blake, qui assure résistance et longévité », ajoute-t-elle. Depuis 2007, La Botte Gardiane est labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). L’IG, délivrée 17 ans plus tard, est « une reconnaissance supplémentaire de l’excellence artisanale locale et des traditions de notre région. Elle s’inscrit dans notre démarche de transparence. Nous n’avons rien à cacher mais nous voulons nous préserver des contrefaçons et des faux discours », poursuit de concert la deuxième génération de la famille Agulhon. « On entendait de plus en plus le terme « bottes camarguaises » pour des produits fabriqués à l’étranger, surenchérit son frère. Pour protéger notre marque et prétendre à un produit labellisé, nous avions besoin d’une entité neutre. Nous avons donc créé l’association Bottes Camarguaises. Si un artisan ou un point de vente souhaite s’installer, l’association lui transmettra le cahier des charges définissant précisément le périmètre géographique à respecter. » Fanny Agulhon est sûre d’elle. « Dans 100 ans, La Botte Gardiane sera toujours là, mais pas nous ! Il est crucial de préserver cet héritage camarguais sur le long terme. »
La première IG dans le domaine du chaussant avait distingué en 2019 un autre produit « rare et culturel », développé dans le bassin de la Charente-Dordogne-Sud Limousin à la fin du XIXe siècle : la charentaise. Ce chausson souple, confortable et douillet, tire en effet son origine de l’industrie papetière, alors située sur le fleuve Charente et ses affluents. Les feutres à papier étaient en laine. Une fois pressés et après avoir absorbé l’eau de la pâte à papier, ils devenaient imperméables. C’est alors que les savetiers, qui réparaient les souliers, eurent l’idée de récupérer les feutres, naturellement isolants, pour en faire des semelles… Celle de la première charentaise était blanche. L’IG garantit la composition de la semelle (du feutre français), une fabrication dans les départements de la Charente et de la Dordogne, et bien sûr le savoir-faire spécifique du « cousu retourné ». Cette tradition régionale consiste à retourner le chausson après avoir assemblé semelle et tige à l’aide d’un solide fil de chanvre. Une fabrication par l’intérieur, à l’envers. C’est l’Association pour la Promotion de la Charentaise (APC) qui est en charge de la défense et de la gestion de cette IG. Deux entreprises commercialisent aujourd’hui leurs produits en utilisant ce label. Fargeot&Cie à Thiviers et l’Atelier Charentaises à La Rochefoucauld. La première a été relancée en 2016 par deux cousins, Alexandre et Charles Bataille, qui ont rapidement créé la marque Chausse Mouton. La seconde a elle aussi redynamisé la production de la pantoufle made in Charente en 2020, à l’initiative de la quatrième génération Rondinaud. Deux acteurs dynamiques de Nouvelle-Aquitaine qui confortent le constat de l’INPI. « Aujourd’hui, le positionnement de la charentaise évolue pour tendre vers le haut de gamme. La charentaise allie les volets « tradition » et « innovation ». Le marché national est la principale destination des charentaises. L’exportation, elle, est en expansion ».
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Rédaction Nadine Guérin
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