J.M. Weston consacre une Galerie Boutique à l’art de la marche

18 modèles exceptionnels d’une collection Haute Couture pour femmes, façonnés à la main par les artisans de la manufacture J.M. Weston, sont exposés jusqu’à la fin de l’été dans la nouvelle Galerie Boutique du Marais.

Il en a parcouru du chemin depuis ses premières flâneries dans les boutiques où les grands créateurs des années 80 se prêtaient à toutes les expérimentations. Chef d’orchestre de plus de 140 expositions pour le musée de la Mode de la Ville de Paris pendant dix années, Olivier Saillard a pris la direction artistique du chausseur J.M. Weston en 2018. Sa pédagogie et sa disposition à démocratiser la mode sont restées intactes. Au printemps dernier l’ancien commissaire d’exposition inaugurait, pour la marque de luxe, une Galerie Boutique dans le quartier du Marais à Paris. Un nouveau concept qu’il a imaginé tout de blanc vêtu, prêt pour la narration, se faisant l’hôte de la scène artistique et de la crème des créations de l’emblématique maison. Le fil rouge : cultiver l’art de la marche dans un lieu d’échanges et d’inspiration qui s’offre aux passants comme aux clients. En toute simplicité et convivialité. Respect !

Parlez-nous de la genèse de la Galerie-boutique J.M. Weston

La naissance de ce projet est liée à deux souvenirs. Lorsque j’étais étudiant à Paris dans les années 80, j’allais cultiver mon regard dans les boutiques Yohji Yamamoto, Comme des Garçons et Jean-Paul Gaultier comme on visite une galerie d’art. Jamais un responsable de boutique ne m’a fermé la porte, bien au contraire, et je leur suis reconnaissant parce que je n’ai pas pu m’acheter d’emblée des vêtements de créateurs. Et puis – vous n’êtes pas sans savoir que j’ai été directeur de musée et commissaire d’exposition pendant longtemps – j’ai trouvé opportun que l’on puisse introduire une dimension culturelle en zones commerçantes. C’est important que l’on éduque le consommateur, client ou collectionneur à d’autres disciplines. Nombreux sont les collectionneurs de chaussures chez Weston et j’aime bien l’idée qu’une personne pousse la porte de notre boutique, voit une exposition, reparte, revienne acheter une paire de chaussures demain, ou peut-être pas… mais qu’elle appréhende ce qu’est Weston d’abord à travers une exposition. Nous avons donc imaginé cette boutique, toute blanche, à la manière d’une galerie d’art puisqu’elle se situe dans le Marais. Une Galerie Boutique qui vit au gré des invitations et des expositions.

Le nouveau concept de la boutique J.M. Weston dans le quartier du Marais à Paris inauguré au printemps dernier, a été pensé comme une galerie avec une programmation d’animations culturelles où tout le monde est convié.

En quoi la première exposition – une version haute couture des mocassins 180 -illustre la quintessence des savoir-faire de J.W. Weston ?

L’exposition actuelle « Souvenir d’un défilé » met en valeur le savoir-faire de notre manufacture établie à Limoges à travers l’iconique mocassin 180 né de manière certaine en 1946, officiellement en 1949. Il porte bien son nom parce qu’il demande 180 prises en main. La haute couture ou l’artisanat magnifié avec des pièces uniques est un laboratoire qui permet de tout faire. C’est lorsque l’on veut standardiser des idées ou les industrialiser, que les choses se complexifient ou se résolvent. Ce fut passionnant d’élaborer cette collection, un vrai challenge de revisiter, sans dénaturer, ce mocassin qui est d’une facture parfaite. Nous avons souhaité maintenir l’équilibre entre classicisme et  modernité, une certaine forme d’intemporalité, en jouant sur les semelles, simples ou triples, par exemple.  

Peut-on faire un parallèle entre l’inspiration de cette collection et les aspirations durables ?

Lors du premier confinement nous avons tous souffert de ne pas pouvoir sortir, il n’était même pas permis d’aller se promener dans en forêt donc j’ai voulu y intégrer des éléments issus de la nature qui auraient pu s’agglutiner sur des chaussures au cours d’une ballade imaginaire. Chemin faisant, depuis trois ans, j’essaie toujours d’associer Weston à l’art de la marche, et on a vu durant cette période à quel point la marche était un luxe ! En être privé constituait une perte de liberté. Au fond, j’aspire à une haute couture (qui dans le cas de cette collection est bien plus abordable que la Haute Couture) écologique et égologique. Écologique parce qu’il n’y a pas besoin de produire 1 000 paires d’avance avant de voir si elles vont se vendre, c’est à la commande donc c’est assez vertueux en matière de stocks ou d’archives. Et égologique parce que lorsque l’on achète une pièce sur commande, on nourrit une réflexion avant la décision, on attend sa paire et je pense que tout ce temps – qui est l’opposé d’un clic sur l’ordinateur -, nous invite à garder nos chaussures plus longtemps.

Pourquoi avoir privilégié ce mode de présentation au long cours ?

Comme les défilés se déroulaient beaucoup en virtuel en cette période de pandémie, je me suis figuré une scénographie qui ne concerne pas uniquement les chaussures, avec des invités emblématiques de la mode. « Souvenir d’un Défilé » transcrit une vision taxidermisée de l’événement en question. Ici on a la veste de Charlotte Rampling associée à une paire de mocassins. À côté on a l’ensemble de Tilda Swinton associé à une autre paire. Il y a des amies journalistes, rédactrices ou écrivaines telles que Marie-Pierre Lannelongue, Elizabeth Von Guttman, Nathalie Ours… Plutôt que d’organiser un défilé de onze minutes pour 200 ou 500 personnes largement relayé en virtuel, je favorise un format de rencontres au long cours (trois mois) qui permette à tous les publics de pouvoir contempler les créations. Cette relation au temps qui incarne Weston je veux le rendre accessible à tous, en démocratisant les projets.

« Chez J.M. Weston, le client est également le visiteur éclairé que nous voulons accompagner de nos conseils mais aussi de culture pour l'immerger au cœur de nos créations et dans l'exercice poétique de la marche qui guide notre inspiration. »

Olivier Saillard

Quelles sont les prochaines expositions prévues cette année ?

Nous allons présenter une autre exposition originale qui va s’appeler « Chaussoeuvres » autour des onze paires qui constituent les emblématiques de la maison Weston, avec des lignes un peu extraordinaires et surnaturelles qui mettent en valeur des points de couture ou des points de traçage et de patronage très caractéristiques. Les savoir-faire et les valeurs de transmission qui sont chers à Weston seront mis en scène sous un autre jour, tout en conservant les singularités propres à la manufacture ou la tannerie (NDLR – la tannerie Bastin situé à quelques kilomètres de la manufacture près de Limoges), livrant des clés de compréhension sur cet artisanat particulier de la chaussure. Et puis après nous allons réserver une carte blanche à un photographe ou un artiste qui a travaillé sur cette notion de l’art de la marche, pour enrichir le patrimoine de rêve de la marque.

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Rédaction Juliette Sebille

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