La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Dans son atelier de la banlieue parisienne, Valentine H.Despointes façonne dans les cuirs les plus fins un univers poétique et onirique de jungles luxuriantes, d’animaux colorés, de personnages aux silhouettes stylisées. Rencontre avec une jeune femme pétillante et inspirée pour laquelle marqueterie et gainerie du cuir n’ont plus aucun secret.
Pour découvrir l’incroyable atelier de Valentine H.Despointes, il faut traverser celui non moins fantastique de son père, sellier automobile, spécialiste des voitures de collection. Une jolie introduction qui nous fait entrevoir à quel point, entre le cuir et elle, c’est une longue histoire d’amour.
C’est, cependant, par le stylisme et le vêtement, et non par le cuir, que tout a commencé au Studio Berçot. Son diplôme en poche, Valentine va découvrir New York et travailler dans un bureau de presse. Rapidement le cuir, avec lequel elle aimait expérimenter dans son enfance, va réapparaître pour satisfaire son envie de création. Elle réalise des prototypes de sacs. La qualité de ces premiers essais ne la satisfaisant pas entièrement, elle décide pour poursuivre cette piste d’entreprendre une formation en sellerie-maroquinerie aux Ateliers Grégoire. Car Valentine est exigeante et déterminée. On sent immédiatement qu’elle ne peut se satisfaire de l’à peu près et que ses créations se doivent, pour refléter son imaginaire fécond, d’être réalisées avec la plus grande minutie. Elle apprendra donc à manier les outils de son art auprès des meilleurs artisans. La plasticité exceptionnelle qu’offre le cuir, lui donne très vite l’envie d’aller beaucoup plus loin et de laisser libre cours à sa créativité.
La créatrice semble pouvoir plier le cuir à toutes ses fantaisies. Par la technique de gainerie d’abord, elle recouvre des lampes et des radios de cuir coloré et très vite elle commence à creuser une veine plus surréaliste qui, depuis, ne la quitte plus en façonnant des objets détournés. Apparaissent alors dans son atelier rôtis lardés et ficelés et entrecôtes de bœuf, suivis de près par des paniers de fruits et légumes plus vrais que nature, burgers, briques de lait et œufs au plat. Elle s’approprie et détourne les objets du quotidien, dans un esprit totalement dadaïste.
Le monde végétal inspire à Valentine des murs exubérants emplis de feuillages aux mille nuances de vert, piqués de fleurs exotiques aux teintes saturées. La gamme colorielle est infinie, plus la teinte est vive et plus elle aura de chance de trouver sa place dans l’impressionnante cuirothèque de l’atelier. Le noir, nous confie Valentine, est le grand absent de ses créations, il n’apparaît qu’en touches, pour réaliser une pupille ou un pistil au cœur d’une fleur.
Pour créer ces objets gainés, elle découpe minutieusement ses pièces à la main, chauffe le cuir entre ses doigts, l’humidifie, l’étire, parfois jusqu’à la rupture, pour recouvrir des formes réalisées en bois. Les pièces de cuir sont parfois armées de fil de fer, pour pouvoir les articuler et donner vie, par exemple, à des feuillages.
Pour ses créations en marqueterie, Valentine a fait réaliser dans un atelier parisien des emporte-pièces découpés au laser, qui lui permettent d’obtenir des pièces aux bords nets, plus faciles à joindre dans ces puzzles incroyablement délicats qu’elle conçoit. Car le cuir s’étire, se rétracte, mais pour que l’illusion de la marqueterie soit parfaite, il ne peut y avoir aucune marge et chaque pièce doit s’emboiter parfaitement avec la voisine. La créatrice va juxtaposer les cuirs pour obtenir les effets graphiques souhaités, en procédant à de multiples refentes, pour aligner les épaisseurs.
Pour ses créations nécessitant des cuirs fins aux teintes vibrantes, Valentine H.Despointes recherche des peaux de grande qualité.
Ses favorites sont les taurillons de chez Rémy Carriat et la chèvre de chez Jullien, dont elle adore tout particulièrement le jaune citron. La chèvre, fine et souple se prête aisément au marquage au fer qu’elle utilise pour créer des nervures dans ses gainages.
Elle se fournit aussi en chutes de cuirs très haut de gamme qui par leurs textures, leurs grains, leurs couleurs, vont inspirer son travail. À La Réserve des Arts elle trouve du taurillon, sa matière de prédilection pour la réalisation des marqueteries et cherche aussi des peaux à La Trouvaille située à Saint-Ouen.
Cuirs foulonnés ou à fleur lisse et fine en alternance avec d’autres aux grains variables pour des effets de contraste entre les différents éléments de ses compositions, il n’y a pas de limite aux associations que Valentine peut créer. Elle n’utilise aucun cuir exotique, à l’exception de celui d’autruche dans lequel elle crée des cactus plus vrais que nature.
Du côté des finitions, elle privilégie le naturel : pleine fleur aniline ou semi aniline, patiné parfois. Ils peuvent être satinés ou mats mais sans aucun glaçage, impression ou embossage.
Cette attention portée au choix des matières, le savoir-faire et la minutie dans la réalisation, combinés à un univers créatif poétique et fantaisiste, ont immanquablement séduits les plus grandes maisons. Valentine H.Despointes a ainsi développé ces dernières années de nombreuses collaborations avec des belles marques de luxe internationales.
Qu’il s’agisse de set design, de scénographie, de développement de produits, les projets développés ces dernières années par Valentine sont nombreux.
De grandes maisons de luxe françaises font appel à son savoir-faire pour créer des pièces uniques pour des défilés, tel Louis Vuitton en gainerie. Certaines lui commandent aussi des pièces particulières pour leurs clients.
Une des forces de Valentine est qu’elle crée continuellement, au fil de son inspiration souvent en ayant à l’esprit LA maison qui pourrait apprécier sa nouvelle pièce, mais surtout par envie, par besoin même. Une démarche payante, car elle a su développer un véritable univers singulier, au-delà du travail à façon, qui fait d’elle une véritable artiste de plein droit, recherchée pour son style.
Fauré Le Page ne s’y est pas trompé, en lui demandant d’orner ses minaudières, les « BoomBox Oui/Non », conçues comme de petites boites précieuses, sur lesquelles Valentine H.Despointes a réinterprété en marqueterie Arthur le chevalier en mascotte de la maison.
Pour la marque de sacs Yvonne Yvonne, elle a créé des porte-clés et charms de sac marquetés en forme de bouteilles de champagne. Pour Dior Maison c’est une gamme de vide-poches qu’elle a réalisée.
Enfin, elle a collaboré avec la marque américaine de vernis non toxiques haut de gamme Emilie Heathe pour créer une boîte gainée, The Artist Case, contenant trois vernis.
Dernièrement, Bergdorf Goodman à New York, lui a commandé en exclusivité des petits murs végétaux, des plateaux à motifs marquetés et des mobiles toucans, mis en vente dans le cadre de leur installation Tiki Bar. Un thème de Jungle qui a aussi séduit l’Hôtel Meurice qui lui a commandé en Avril dernier de grands décors végétaux pour animer ses vitrines.
Un travail de commande prenant, qui lui laisse somme toute assez peu de temps pour ses autres créations, qu’elles soient artistiques, d’objets usuels ou bien de petite maroquinerie tels ses mobiles et tableaux, ses plateaux, vide-poches, pochettes, jeux de backgammon, réalisés en marqueterie. Elle les distribue sur son site, mais également dans le nouveau concept store Belles Amies rue de l’Echaudé à Paris.
Les prix des créations de Valentine H.Despointes varient de 150 euros, pour un vide-poche en marqueterie de cuir, à 4 000 euros, pour un tableau végétal, mais évidemment les commandes particulières peuvent atteindre des sommes bien plus élevées.
Avant de se quitter, Valentine ne résiste pas au plaisir de nous dévoiler une petite otarie réalisée en gainerie et marqueterie, qui viendra rejoindre une foule d’animaux et personnages qui peupleront son ambitieux prochain projet personnel. Une création originale que l’on imagine déjà parfaitement orner les plus belles vitrines du triangle d’or parisien.
Rédaction Hélène Borderie
Photos © Julie Berranger
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