Time Capsule de Louis Vuitton, véritable voyage dans le temps

La maison de maroquinerie de luxe Louis Vuitton a récemment ouvert les portes de son site d’Asnières. La vocation du lieu est double : « à la fois résidence familiale et berceau de l’entreprise ». S’il sert désormais d’écrin à l’ancienne demeure de la famille Louis Vuitton transformée en musée, le lieu accueille également près de 200 artisans chargés de réaliser les pièces emblématiques de la maison. Certaines d’entre elles sont visibles dans le cadre de l’exposition itinérante Time Capsule. Les pièces et objets présentés sont issus du fabuleux fonds d’archives en partie constitué par Gaston-Louis Vuitton, collectionneur hors pair auquel l’on doit notamment une impressionnante collection de malles de tous pays et de toutes époques. L’occasion d’en apprendre davantage sur la maison de maroquinerie française la plus copiée au monde !

C’est à Georges Vuitton que l’on doit l’iconique toile « Monogram LV » (1896), créée pour rendre hommage à son père décédé quatre ans plus tôt. Le dessin de la toile comporte ainsi les initiales de Louis Vuitton, accompagnées d’un motif fleuri : la fleur quadrilobée traduit le penchant de l’époque pour le Moyen Âge, tandis que la fleur à quatre pointes dénote un certain attrait pour le japonisme.

L’intemporelle malle Louis Vuitton

L’exposition Time Capsule de La Galerie d’Asnières se propose de retracer l’histoire de la maison Louis Vuitton depuis sa fondation en 1854 jusqu’à nos jours. Elle présente les très nombreuses réalisations et innovations de la Maison, parmi lesquelles le symbole même de cette dernière : la Malle. Preuve de son intemporalité, Nicolas Ghesquière, actuel Directeur Artistique des collections femme, s’est amusé à la revisiter en créant la Petite Malle et y fait de fréquents clins d’œil dans ses créations, comme par exemple avec une robe et des bottines dotées de sangles évoquant celles qui servaient à caler les vêtements dans les malles ou celles qui permettaient d’atteler ces dernières sur les automobiles de l’époque.
La Malle Louis Vuitton, objet emblématique s’il en est, se distingue par ses innovations techniques, révolutionnaires pour l’époque, et par sa désormais célébrissime toile enduite Monogram.
La maison Vuitton a révolutionné la malle de voyage de bien des façons. La première innovation de Louis Vuitton fut d’appliquer une toile enduite sur ses malles. Rendues imperméables, celles-ci peuvent troquer leur toit bombé – censé empêcher l’eau de pluie de stagner et de les endommager – contre un toit plat, plus pratique puisqu’il permet de les empiler et de gagner ainsi une place considérable. Cela est d’autant plus appréciable que les voyages, souvent très longs, nécessitent d’importantes garde-robes, de très nombreux bagages et, de fait, d’encombrants trousseaux de clés ! Pour pallier à cette difficulté, Louis et Georges Vuitton ont l’idée d’attribuer à chaque client un numéro de série unique pour toutes ses serrures. Une même serrure sera ainsi dupliquée sur l’ensemble des bagages du client, permettant à ce dernier de tous les ouvrir à l’aide d’une seule clé. Cette serrure à cinq gorges, réputée inviolable – y compris par le célèbre magicien Harry Houdini ! – est encore utilisée aujourd’hui.
La malle Louis Vuitton se distingue également par ses toiles, lesquelles vont beaucoup évoluer au fil du temps. À la toile gris Trianon – l’une des premières créées par Louis Vuitton – va ainsi succéder la toile rayée rouge et beige (1872), beige et marron (1877), puis la toile damier (1888) avec la marque Louis Vuitton déposée à l’intérieur de certains carreaux pour complexifier le travail des copieurs, déjà nombreux à l’époque. Mais c’est à Georges Vuitton que l’on doit l’iconique toile « Monogram LV » (1896), créée pour rendre hommage à son père décédé quatre ans plus tôt. Le dessin de la toile comporte ainsi les initiales de Louis Vuitton, accompagnées d’un motif fleuri : la fleur quadrilobée traduit le penchant de l’époque pour le Moyen Âge, tandis que la fleur à quatre pointes dénote un certain attrait pour le japonisme. Si le monogramme n’obtient pas le succès escompté – la clientèle ne comprend pas pourquoi elle devrait porter les initiales d’un autre sur ses bagages – il est, depuis, devenu la signature de la Maison.

Preuve de son intemporalité, Nicolas Ghesquière, actuel Directeur Artistique des collections femme, s’est amusé à la revisiter en créant la Petite Malle et y fait de fréquents clins d’œil dans ses créations, comme par exemple avec une robe et des bottines dotées de sangles évoquant celles qui servaient à caler les vêtements dans les malles ou celles qui permettaient d’atteler ces dernières sur les automobiles de l’époque.

Personnalisation et commandes spéciales

La maison Louis Vuitton, toujours très à l’écoute de ses clients, offre à ces derniers la possibilité de personnaliser leurs bagages en fonction de leurs besoins : choix de matériaux spécifiques, aménagement des combinaisons intérieures des malles (casiers à vêtements, à chapeaux ou les deux) et de leurs goûts. Ils peuvent ainsi choisir l’habillage de l’intérieur et de l’extérieur de leur malle. Le couturier Paul Poiret, fidèle client du malletier, avait ainsi habillé ses malles d’un drapeau comportant un rébus : un pois et des raies pour « Poiret ».
La possibilité de personnaliser ses bagages a donné lieu à de nombreuses commandes spéciales, comme par exemple les malles-bibliothèques d’Ernest Hemingway, la malle à chaussures de Greta Garbo ou encore les « boîtes-livres » d’Yves Saint Laurent… Parmi les créations exposées dans La Galerie figure ainsi la malle-bureau du Chef d’Orchestre Leopold Stokowski qui abrite des étagères modulables pour ses livres, des tiroirs pour ses partitions et un casier pour sa machine à écrire.

La maison Louis Vuitton est très proche du monde de l’art, comme en témoignent sa fondation éponyme et ses nombreuses collaborations avec des artistes et créateurs contemporains.

L’art du voyage selon Louis Vuitton

Très fonctionnelles, les malles Louis Vuitton font également le bonheur des explorateurs de l’époque. André Citroën, qui participe à la Croisière noire de 1924 et à la Croisière jaune de 1931, souhaite des malles relativement légères, totalement hermétiques et très résistantes. Pierre Savorgnan de Brazza, missionné au Congo par l’état français en 1875, commande une malle-lit (aujourd’hui dite « malle Brazza ») qui permet un couchage surélevé relativement confortable et extrêmement pratique puisque totalement repliable. Ce modèle, rapidement adopté par de nombreux aventuriers, a depuis donné lieu au sac-à-dos-lit de la collection « Nomade » de Louis Vuitton. Enfin, Albert Kahn, passionné de photographie et grand client de la Maison, dont il possède plus de 60 malles, en fait réaliser une pour contenir son matériel photographique. Cette malle rouge, qui se distingue par l’insigne personnel d’Albert Kahn (des croix blanches, dont on ignore la signification exacte) et par ses poignées en corde, a depuis été réinterprétée par Nicolas Ghesquière dans un cuir épi.
La maison Louis Vuitton va ainsi proposer des bagages adaptés à tous les types de locomotion. Pour le bateau, ce sera le « Steamer bag », qui accompagne la malle de voyage classique et permet de déposer son linge sale aux buanderies en toute discrétion. Pour le train, ce seront des bagages dont les dimensions sont spécialement adaptées aux cabines de wagons-lits, plus petites et plus étroites que celles des bateaux. Le plus célèbre d’entre eux est sans aucun doute la valise à soufflet ou demi-soufflet qui se glisse sous les couchettes et qui permet, grâce à un ingénieux système d’ouverture par l’avant, d’accéder facilement à ses effets personnels. Louis Vuitton créé également des malles adaptées aux déplacements, de plus en plus courants, en automobile (apparition des malles-auto, sacs chauffeur, pique-nique ou outils) et en avion. Enfin, le malletier pallie à l’absence fréquente de salles de bains modernes en proposant des nécessaires de toilette, également personnalisables. Parmi ceux exposés dans La Galerie figure celui de la couturière Jeanne Lanvin, d’après un modèle créé par Vuitton et Marthe Chenal en 1916 et présenté à l’Exposition universelle de 1925. La créatrice a personnalisé son modèle en cuir de vache naturel en ajoutant ses initiales sur les brosses et sur les bouchons des différents flacons.

Très fonctionnelles, les malles Louis Vuitton font également le bonheur des explorateurs de l’époque. La maison Louis Vuitton va ainsi proposer des bagages adaptés à tous les types de locomotion.

Louis Vuitton : une maison résolument moderne

La maison s’illustre par ses créations dans des domaines aussi variés que le sport et l’art. Elle réalise ainsi généralement les malles « trophées » qui accueillent les coupes de différents événements sportifs (Coupe du monde de football ou de rugby, tournoi de Roland Garros, Coupe Davis 2019…). Elle créé, à chaque fois que la France est championne du monde, un ballon spécial dédicacé par les joueurs et vendu en édition limitée. Par ailleurs, lors de la dernière Coupe du monde de la FIFA 2018, les joueurs de l’équipe de France ont reçu un sac Keepall, modèle iconique de Louis Vuitton depuis sa création en 1924. Cet ancêtre du sac polochon, qui incarne « l’esprit du voyage moderne », est aujourd’hui le best-seller de la marque.
La maison Louis Vuitton est également très proche du monde de l’art, comme en témoignent sa fondation éponyme et ses nombreuses collaborations avec des artistes et créateurs contemporains. En 1996, elle a ainsi célébré le centenaire du Monogram en invitant six designers à imaginer une nouvelle série de bagages habillés de la célèbre toile. En 2009, Takashi Murakami collabore à son tour avec le malletier. L’artiste japonais, dont l’univers s’inspire beaucoup du manga, est le premier à toucher à la couleur du Monogram, en proposant notamment une toile blanche au monogramme coloré. En 2014, soit près de 160 ans après sa création, Louis Vuitton célèbre à nouveau le Monogram en donnant carte blanche à six personnalités – Christian Louboutin, Cindy Sherman, Frank Gehry (qui est aussi l’architecte de la Fondation Louis Vuitton), Karl Lagerfeld, Marc Newson et Rei Kawakubo – pour imaginer un sac ou un bagage dans le cadre de la collection capsule « Icônes et Iconoclastes ». La photographe américaine Cindy Sherman s’approprie ainsi l’incontournable Malle, qu’elle transforme en « Malle Studio ». Les nombreux tiroirs, qui forment un dégradé d’alcantara aux couleurs du perroquet de l’artiste, accueillent son nécessaire de travail : perruques, maquillage et accessoires divers. Elle fait également un clin d’œil au passé en collant sur la malle de nombreuses étiquettes, identiques aux étiquettes de palaces que collectionnait Gaston-Louis Vuitton. Jeff Koons est le dernier en date à avoir collaboré avec la maison Louis Vuitton. Pour l’occasion, il s’est inspiré de son œuvre « Gazing Ball Paintings » et a transposé des reproductions peintes à la main de toiles de grands maîtres (Léonard de Vinci, Le Titien, Rubens, Fragonard, Van Gogh) sur certains sacs emblématiques de la maison. L’artiste n’a par ailleurs pas hésité à associer ses propres initiales à celles de Louis Vuitton, une première dans l’histoire du malletier !

Lors de la dernière Coupe du monde de la FIFA 2018, les joueurs de l’équipe de France ont reçu un sac Keepall, modèle iconique de Louis Vuitton depuis sa création en 1924.

Louis Vuitton en quelques dates 

4 août 1821 : naissance de Louis Vuitton
1837 : Louis Vuitton quitte la maison familiale pour rejoindre Paris, où il débute son apprentissage.
1854 : Louis Vuitton ouvre son premier atelier au 4, rue Neuve-des-Capucines, près de la place Vendôme.
1859 : inauguration des Ateliers d’Asnières.
1872 : la boutique Louis Vuitton déménage au 1, rue Scribe.
1878 : construction de la demeure familiale à Asnières.
1885 : ouverture de la première boutique Louis Vuitton à Londres.
1896 : Georges Vuitton créé la toile « Monogram LV ».
1912 : la boutique Louis Vuitton occupe désormais plusieurs étages du 70, avenue des Champs-Élysées.
1927 : création du premier parfum de la Maison : Heures d’absence.
1954 : la boutique déménage au 78 bis, avenue Marceau.
1984 : la famille Vuitton quitte définitivement la demeure d’Asnières.
1987 : fusion de Louis Vuitton et de Moët Hennessy et fondation de LVMH.
1989 : le groupe LVMH, devenu leader mondial des produits de luxe, est racheté par Bernard Arnault.
1992 : ouverture de la première boutique Louis Vuitton en Chine, à Pékin.
1996 : célébration du centenaire du Monogram.
1997 : arrivée de Marc Jacobs comme Directeur Artistique.
Années 2000 : Louis Vuitton diversifie ses activités et se lance dans le prêt-à-porter, les souliers, les parfums, les cosmétiques, l’horlogerie (et la haute horlogerie), la joaillerie (et la haute joaillerie).
2005 : la boutique Louis Vuitton se réinstalle au 101, avenue des Champs-Élysées.
2011 : Kim Jones prend la tête de la direction artistique des collections Homme.
2013 : Nicolas Ghesquière devient le nouveau Directeur Artistique des collections Femme.
2014 : inauguration de la Fondation Louis Vuitton, lieu d’expositions dédié à l’art contemporain.
2014 : première collection Croisière.
2017 : la collaboration entre Louis Vuitton et le label Supreme réunit pour la première dans l’histoire de la mode les univers du luxe et du streetwear.
2018 : Virgil Abloh devient le nouveau Directeur Artistique des collections Homme.

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Rédaction & photos Garance André

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