La liberté et la passion, l’alchimie du Festival de Hyères selon Jean-Pierre Blanc
Lorsqu’il initie en 1985 la première édition d’un festival de mode dans sa ville, Jean-Pierre Blanc fait un pari un peu fou, celui de promouvoir des ...
Près de 400 participants, acteurs de la mode, du luxe et du sport, organisations publiques et leaders d’opinion étaient réunis le 13 septembre au Palais Brongniart à Paris à l’occasion de la troisième édition du Sustainable Leather Forum (SLF). Bientraitance animale, mouvement vegan, empreinte carbone, matières alternatives, production et sourcing responsable, transparence, communication…Une vingtaine de représentants d’entreprises, experts et institutionnels ont pris la parole lors de tables rondes abordant sans tabou ces différents sujets d’actualité, dont certains particulièrement sensibles. Tour d’horizon des informations clés de cette journée riche en débats et témoignages.
Sous le parrainage du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, ce symposium vise à relayer les bonnes pratiques et démarches de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) de la filière cuir. En ouverture de ce rendez-vous annuel, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie, a salué le dynamisme de la filière en matière de RSE, sa détermination et les progrès accomplis. Elle a fait part du bien-fondé des différents dispositifs de soutien proposés par le secteur parmi lesquels l’incubateur d’entreprises émergentes ADC Au-Delà du Cuir, Cuir & Savoir-Faire dédié à la formation ou encore DiagRSECuir, l’outil d’auto-diagnostic mis au point suite à l’élaboration d’un référentiel commun au sein de la Filière Française du Cuir qui permet aux sociétés de structurer leur démarche RSE. « Ces diverses mesures dessinent le visage d’une filière moderne, attractive et prête à relever les défis », a-t-elle souligné.
« Le formidable engagement de nos entreprises et la maturité de notre filière sur les différents thèmes de la RSE s’inscrit dans une approche transversale », renchérit Frank Boehly, Président du Conseil National du Cuir (CNC), organisateur de l’événement. « C’est pourquoi le forum va s’ouvrir à d’autres secteurs d’activités – habillement, bijouterie-horlogerie…-, en collaboration avec le Comité Stratégique Filière Mode et Luxe (CSF). » Son président Guillaume de Seynes reconnaît d’ailleurs que « ce tournant vers une mode durable est une opportunité pour les industriels et fabricants français ». Une évolution qu’Hélène Valade, Directrice Développement Environnement au sein de LVMH, a illustré par la stratégie environnementale déployée au sein des 75 maisons du groupe français qui se matérialise à travers le programme LIFE 360 (LVMH Initiatives For the Environment). « Le modèle du luxe fait écho aux préoccupations actuelles de la société puisqu’il a toujours privilégié la durabilité via la haute qualité et la transmission des articles. »
Face à l’évolution profonde de notre société quant aux relations à l’environnement, aux animaux et au vivant, le forum a consacré une table ronde à une thématique particulièrement sensible : la bientraitance animale. La filière n’a pas attendu l’apparition de ce phénomène pour s’emparer du sujet. Car la bientraitance animale et les conditions de vie des cheptels impactent la qualité de la peau, et donc celle du cuir. « Depuis de nombreuses années la profession mène diverses actions qui visent à améliorer la formation dans les abattoirs ou les pratiques au niveau de l’élevage comme la généralisation de la vaccination contre la teigne. Et les résultats sont là : la proportion de peaux de premier choix a fortement augmenté », a indiqué Ywan Penvern, Associé chez Deloitte Sustainability France, qui supervise une étude collective consacrée au lien entre bien-être animal et qualité du cuir, menée par un groupe de travail de Paris Good Fashion et co-pilotée par le CNC et Kering. Jean-Luc Angot, Président du Comité National d’Éthique des Abattoirs (CNEAb), a rappelé qu’en matière de protection animale, la règlementation française, et européenne, était l’une des plus avancées au monde. L’inspecteur général de la santé publique vétérinaire a détaillé les axes de réflexion et les travaux menés notamment sur la modernisation des abattoirs, la création du premier abattoir mobile ou encore la formation des salariés. L’organisme collabore par ailleurs avec l’interprofession bovine et porcine dans le but de développer des référentiels uniques d’inspection et d’évaluation de la bientraitance animale en abattoir pour, in fine, améliorer l’information au consommateur et ainsi se démarquer des productions plus lointaines. Cet écosystème est désormais indissociable de l’essor du mouvement vegan dont Éric Denécé, Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), a dressé un panorama sociologique, historique et idéologique. « Si la France est moins victime que les États-Unis ou la Grande-Bretagne de cette minorité de plus en plus active », l’expert a rappelé l’importance pour la filière de mener des actions collectives afin de mieux faire face à cette mouvance.
Sous-produit de l’industrie alimentaire, le cuir est depuis la nuit des temps un modèle de recyclage et d’économie circulaire. Chaque année les industries des cuirs et peaux et de la tannerie mégisserie valorisent 170 000 tonnes de peaux brutes en France. Néanmoins se pose la question de l’incidence et de l’évaluation de la déforestation dans la chaîne d’approvisionnement du cuir. Mauricio Bauer, Directeur des chaînes d’approvisionnement boeuf et cuir chez World Wide Fund (WWF), a présenté des initiatives impliquant la filière du cuir internationale qui visent à comprendre, contrôler et réduire la déforestation. Le spécialiste a rappelé l’importance d’un travail collaboratif des professionnels afin de minimiser l’impact du changement climatique. Ce à quoi s’attache Leather Working Group (LWG), organisme à but non lucratif qui évalue la performance environnementale des entreprises du secteur. Il a ainsi récemment complété son protocole d’audits d’un nouveau référentiel pour les tanneries qui comporte notamment l’évaluation de la déforestation dans la chaîne d’approvisionnement du cuir, a explicité Christina Trautmann, Directrice des Opérations chez LWG. Cette transition écologique s’inscrit dans une approche plus globale prenant en compte de nombreux paramètres comme le bilan carbone, l’affichage environnemental, l’innocuité, la valorisation des déchets ou encore l’analyse du cycle de vie (ACV). Régis Léty, Responsable Département Développement Durable à CTC, comité professionnel de la filière qui accompagne les entreprises du cuir, de la chaussure, de la maroquinerie et de la ganterie, a détaillé les travaux menés sur l’ACV, « outil complexe d’indicateurs environnementaux qui permet de calculer l’empreinte écologique d’un article ou d’une matière ».
Face à l’apparition de nouveaux matériaux en apparence similaire au cuir pouvant semer la confusion dans l’esprit des consommateurs, la filière a tenu à réaffirmer que l’appellation « cuir » est réglementée et ne peut s’appliquer qu’à « une matière obtenue de la peau animale au moyen d’un tannage ou d’une imprégnation conservant la forme naturelle des fibres de la peau ». Les résultats d’une étude comparative, « Trend Alternative for Leather » menée par l’institut FILK (Institute for Leather & Synthetic Materials) sur les propriétés physiques de substituts à base de végétaux (cactus, pomme, ananas, champignons…), démontrent « qu’aucun ne possède l’ensemble des qualités naturelles du cuir (usage, longévité, résistance, perméabilité…) et certains contiennent même des produits chimiques préoccupants », souligne Dr Michael Meyer, Directeur Général et Directeur Scientifique de FILK Freiberg Institute. « Il est important que les consommateurs comprennent les lacunes de performance de ces matériaux alternatifs. »
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Rédaction Laëtitia Blin
Photos © CNC – P&M
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