Maison Neo, l’expérience de la cliente au cœur du concept d’un luxe responsable
Pendant la Fashion Week et jusqu’au 23 mars, Maison Neo a dévoilé son concept d’expérience éphémère dédié au luxe responsable, Rue Rouget de Lisle ...
Face à la fragilité du commerce multimarque indépendant du made in France, L’Appartement Français veut montrer qu’il est possible de résister. Le commerçant parisien s’adapte, se réinvente et ouvre la première boutique de baskets françaises.
Un mois après son inauguration, l’offre de baskets, chaussettes, accompagnés d’un peu de maroquinerie, fait « un carton ! », s’enthousiasme Émilie Auvray. L’effet de surprise est au rendez-vous. « Ah mais la basket made in France, ça existe ? », s’étonnent les clients. Ce qui a permis d’attirer une nouvelle clientèle et de réjouir les fidèles. Parmi les marques présentées, on trouve les baskets réparables de Sessile prisées pour le prix accessible, à partir de 140 euros. Que certains modèles ne soient disponibles qu’en précommande est apprécié par les clients sensibles au défi du surstockage et à la volonté de faire se rencontrer la fabrication et la demande. Les sneakers de luxe Baron Papillon réjouissent une clientèle sensible à un cuir sublimé, à l’orée de la culture française destinée à rayonner à l’international, notamment par la déclinaison de son modèle best-seller, Marie-Antoinette. Un modèle apprécié des touristes américains dans les deux seuls points de vente physiques de la marque : les boutiques du Château de Versailles. Côté maroquinerie, on retrouve notamment l’entreprise familiale Sassi et sa maroquinerie « à des prix extrêmement accessibles » précise Émilie Auvray : une jolie collection issue d’un savoir-faire qui perdure depuis 1961, au cœur de Paris. On lui doit la fabrication de produits de qualité destinés aux divers professionnels de l’industrie, comme l’emblématique sacoche des agents de la SNCF ou encore l’intemporel sac à outils à s’approprier en produit de mode ! Enfin, un imposant présentoir à chaussettes attire les clients tentés par les petits prix. L’occasion de découvrir le savoir-faire de Maison Broussaud, une Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) dans le giron familial depuis 1938.
« Qui veut voyager loin ménage sa monture. » Cette sagesse populaire guide le commerçant engagé. Pour mener à bien sa mission de vente de produits issus de ces riches histoires de savoir-faire locaux à raconter aux clients, L’Appartement Français s’est lancé dans la recherche d’un groupe d’actionnaires constitués « de personnes réellement impliquées ». La piste d’« un fonds d’investissement au fonctionnement trop impersonnel » mise de côté, Émilie Auvray a misé sur son réseau. « On a commencé à parler autour de nous de l’idée d’un groupe d’actionnaires qui apporte une intelligence collective autour du projet. » En Maison Broussaud, L’Appartement Français a trouvé « un véritable partenaire », ainsi qu’en Charles Huet, Président de la boutique en ligne La Carte Française, soutien de toujours. Quelques clients de L’Appartement Français ont rejoint l’aventure. « Ce sont des petits actionnaires mais qui génèrent un élan positif. Aujourd’hui, presque la moitié du capital appartient à un groupe d’actionnaires engagés dans l’écosystème du made in France, soit dans la fabrication, soit dans la clientèle », confie l’entrepreneur. Un groupe d’actionnaires constitué à partir d’un appel sur les réseaux sociaux et d’une newsletter envoyée aux clients.
La reconversion de cette boutique rue du Bourg Tibourg, dans le quartier du Marais, témoigne de « l’agilité nécessaire du commerçant », encourage celle qui a géré, avec succès, le développement du retail en Europe des produits cosmétiques Lush. Aujourd’hui, elle jongle avec les missions : gestion de L’Appartement Français, une entreprise rentable, et coaching de dirigeants. « J’ai la chance de ne pas être bloquée entre mes murs, de regarder ce qui se passe ailleurs, de faire autre chose. » Avec sérénité, Émilie Auvray tire le bilan ayant mené à la reconversion de cette boutique, préalablement axée sur l’univers de la maison, inaugurée l’été 2024 : « On avait tellement envie de générer une accessibilité totale du made in France, avec de petits achats du quotidien comme les verres Duralex à 2,50 euros, mais il faut en vendre une telle quantité pour atteindre la rentabilité qu’on s’est vite dit au bout de quelques mois : Attention, il faut changer maintenant parce qu’on est en train de prendre des risques, on creuse notre trésorerie. » Cette quête d’accessibilité absolue s’était avérée une fausse bonne idée, finalement.
Dans un contexte où ces rares commerces multimarques spécialisés – moins d’une quarantaine sur tout le territoire – sont clés pour les marques du made in France confrontées à une vague de fermeture de ces distributeurs, la commerçante engagée tient bon. « Notre philosophie, c’est d’être agile et sans cesse changer notre paradigme pour s’adapter face à la transformation de la consommation. Que nous demandent nos clients, que portent les jeunes aujourd’hui ? Ils portent notamment des baskets faites ailleurs et du vintage que nous proposons déjà dans notre autre boutique dédiée au dressing. Pour nous, l’important c’est de se connecter au nouveau consommateur. J’ai 25 ans d’expérience du retail et quand ça va mal, je le vois assez vite arriver, je tente deux ou trois changements, si ça ne marche pas, ce n’est pas grave, on change immédiatement. C’est un défi de tous les jours pour le commerçant », assure-t-elle, face à cette autre évolution notable de la consommation : la hausse de sa clientèle touristique. La proportion de sa clientèle locale (de 60% à 70%) et touristique française et étrangère (30%) s’est inversée. Et d’esquisser une explication : « Comme dans le luxe, finalement, ce sont les étrangers qui consomment. Les touristes pour nous constituent une clientèle volatile. Nous avons tout de même un cœur de clientèle locale très fidèle, mais qui peine à grossir. Peut-être est-ce lié à la transformation du cœur de Paris ? »
Émilie Auvray n’en finit pas d’encenser ceux qui lui ont permis d’entreprendre cette aventure du retail inscrit dans un puissant écosystème associatif. Relancée en 2024 à son initiative, La Rue du Made in France a réussi à intéresser une Mairie parisienne à l’idée de fédérer, dans un autre arrondissement que le sien, les boutiques proposant une offre de fabrication française à hauteur de 70%. « En communiquant, nous souhaitons faciliter le repérage de ces boutiques made in France par le consommateur en balade dans un quartier. L’objectif, c’est d’aller proposer à d’autres Mairies la création d’une rue du made in France. Pas forcément une rue constituée uniquement de commerçants made in France, ça peut être un quartier, une ville ou tout autre format, pour faire ressortir ces commerces du paysage urbain. » Et de conclure, déterminée : « c’est une autre initiative parce qu’il faut un autre mode d’action au-delà de la boutique. Aucun d’entre nous n’a les moyens, avec nos marges, de lancer des campagnes marketing. Cependant, il y a de la place pour l’entraide avec le Collectif des Boutiques du Made in France. »
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Rédaction Stéphanie Bui
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