Nathalie Fougeras, l’art de la matière

Installation de la sculpture fixée avec des laces de cuir autour d’une forme globale tombante pour « faire écho à nos ressources restantes, à une dimension écosophique de l'objet obtenue ».

Nathalie Fougeras conçoit des sculptures en cuir à partir de chutes sourcées auprès de tanneries françaises. Au-delà de l’œuvre et de son rapport à la matière, son travail d’artiste questionne l’économie circulaire.

Création finalisée issue des process de surcouches de différents cuirs et nuances de couleurs.

La matière, source d’inspiration

Riche d’une carrière internationale d’artiste plasticienne et de compositrice sonore reconnue notamment en Belgique et en Suède où elle a séjourné et travaillé plusieurs années, Nathalie Fougeras est désormais installée en France. Après avoir exploré le textile, elle exploite le potentiel de la matière cuir, issue de coupes restantes de l´industrie, à travers « une nouvelle approche de la sculpture qui apporte une perception sensorielle du cuir soit comme concept, soit en tant que sujet », explique-t-elle.

Une démarche artistique de valorisation

Ce travail, initié lors du confinement en 2020, a donné vie à des sculptures de petits, moyens et grands formats dans le cadre de son projet nommé LR (Leather Recycled). Les gestes de réalisation reposent sur des plis, des roulés, des retenues de la matière cuir reformée en différentes couches. « Cette matière vivante amène à une sculpture mi souple mi tenue, fixée par des coutures ou par des laces de cuir. » L’artiste a noué des partenariats depuis 2019 avec deux tanneries françaises auprès desquelles elle s’approvisionne. « Les chutes récupérées sont hétéroclites, évidées et creusées par les manufactures. Je m’attache à accentuer les contours restants en les façonnant en une forme : c’est pourquoi je les nomme « Sculptairs ». Ce rapport poreux entre art & craft est particulièrement intéressant en art contemporain », confie l’artiste autodidacte. Elle a ainsi commencé à créer à partir de cette matière noble en expérimentant des techniques anciennes ou empruntées aux métiers d´art et d’artisanat du cuir (coutures à deux aiguilles, trouées avec des piques et marteaux, techniques de nœuds…). Elle a testé différentes combinaisons et méthodes de fixation. Le matériau lui a ouvert de nouvelles perspectives jusqu’à des œuvres d’art conceptuelles où les coupes restantes de cuirs sont utilisées pour certaines comme des « évidements » et pour d’autres c’est l’ »évidé » de la coupe qui est accentué, recoupé pour être façonné. « Selon l’approvisionnement, qu’il s’agisse de cuir de taurillon ou de vachette, c’est la matière même qui parle : sa souplesse, sa semi-rigidité, sa lourdeur, ses textures… Le cuir offre de nombreux potentiels en fonction des associations réalisées. » Chaque création est unique et fonction des traitements et des assemblages des chutes avec l’alliage de différentes couleurs et textures de cuir.

Dimension expérimentale et performance sonore

« J’explore la matière et son recyclage, l’économie circulaire appliquée à l’art et à la sculpture en particulier, en interpellant notamment sur des questions sociétales telles que nos ressources en matériaux. Les formes composites font appel à un détournement du reste et à une implication socio-écologique, économique et écosophique de l’objet. » Si son travail repose sur une expérimentation et une recherche matérielle, sculpturale, scénographique et technique du cuir, il se traduit également par la réalisation d’enregistrements vidéo de la matière et de performances acoustiques grâce à une captation sonore du cuir manipulé, recomposée musicalement. Sa démarche pluridisciplinaire, baptisée « Synthaxiques évidements », est en cours d’élaboration et sa présentation devrait intervenir d’ici quelques mois.

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Rédaction Laëtitia Blin

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