Était-ce un choix naturel de travailler dans l’univers de la maroquinerie ?
Je suis diplômé d’ESMOD en Stylisme homme, avec une spécialisation en marketing de mode. Je me souviens que ma collection de prêt-à-porter masculin de dernière année valorisait le cuir. Mais mon rapport à l’objet est lié à la vie de mon grand-père paternel. De ses sept tours du monde en bateau, il a rapporté des objets de toutes sortes. Enfant, j’ai toujours été impressionné par ces pépites et ma grand-mère m’en a légué bon nombre. J’aime ses objets du monde, symboliques, ce mélange culturel que l’on retrouve dans ma maison en Normandie. Ce rapport au savoir-faire est également intrinsèquement lié à mes arrières-grands-parents maternels, qui dirigeaient une guimperie et travaillaient pour la haute couture, fabriquant des galons et autres passementeries. J’ai appris il y a seulement quelques années que le rêve de mon grand-père était de travailler le cuir. Il avait d’ailleurs commencé sa carrière dans une tannerie, passionné par la noblesse du cuir, avant de devoir intégrer l’entreprise familiale. Finalement c’est un peu comme si je réalisais sa passion. J’ai grandi dans cet amour du savoir-faire, du savoir vivre et du savoir être ; cette élégance à la Française et le respect des petites mains.
Finalement comment définissez-vous votre activité ?
Il m’est difficile de répondre. Tout part d’une intuition, d’une inspiration, de l’observation du quotidien, puis de la rationalisation : trouver la cohérence, justifier l’idée dans l’histoire de la mode, définir un bon produit en fonction d’une équipe, d’un budget, de l’ambition de la marque… Aujourd’hui il convient de retrouver du sens et de redonner de la valeur aux marques, de faire preuve de discernement, d’avoir conscience de sa consommation… C’est la réponse la plus poétique qui soit face la standardisation.
Quelle est votre actualité ?
Je collabore depuis peu avec la jeune marque Valet de Pique pour laquelle je crée deux nouvelles lignes. Cette collaboration me tient particulièrement à cœur : la démarche de son créateur illustre parfaitement mon propos. J’ai également accompagné la créatrice de mode Christine Phung dans la réalisation de son premier sac, conçu à partir de cuirs issus de stocks dormants sourcés par Adapta, et produit par Les Ateliers Carnoy.
Outre la maroquinerie, l’objet de manière générale m’intéresse énormément et j’aspire à enrichir mes compétences techniques dans d’autres domaines, tels les arts de la table ou la décoration d’intérieur, et à façonner d’autres matériaux (la faïence, la céramique, la verrerie d’art…).
Enseigner, accompagner la jeune création, transmettre et partager me plairait également. Dans ma maison du Vexin, j’organise des workshops notamment en faisant découvrir mes archives riches d’un millier de sacs vintage.
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