Cuirs exotiques : crocodile, alligator ou caïman ?

L’alligator, que l’on retrouve en Floride, au Texas ou en Louisiane, est doté d’écailles arrondies sur les flancs qui deviennent plus structurées vers le centre du dos – Photo © AMTAN.

Crocodile, alligator, caïman… Souvent perçus comme les joyaux de la filière, les cuirs exotiques sont aussi rares que précieux. Une dizaine de tanneries dans le monde dispose du savoir-faire et des techniques minutieuses exigés pour travailler ces peaux, formant à elle seule une industrie à part entière. Parmi ces entreprises, American Tanning & Leather, une structure américaine spécialisée dans les cuirs de reptiles depuis cinq générations. Experte dans le domaine, la co-dirigeante de la société, Christy Plott est imparable lorsqu’il s’agit de déceler les singularités des peaux de crocodile, d’alligator et de caïman. Elle nous éclaire sur le sujet.

Les écailles, une spécificité physique propre à chaque espèce

Seules quatre espèces de crocodiliens – l’alligator mississippiensis (du Mississipi), le crocodile niloticus (du Nil), le crocodile Porosus (marin) et le caïman – sont commercialisées. Mais comment identifier les particularités physiques de chacune d’entre elles ? Christy Plott nous donne l’astuce : ce sont les écailles qui déterminent l’espèce. Le caïman est certainement le plus facile à distinguer car les siennes strient la peau et « esquissent des formes ressemblant aux toiles d’araignées ». Hugues Chevallier, consultant en la matière qui a fait le tour du monde des fermes d’élevages, nous indique également que « ce sont uniquement les flancs du caïman qui sont transformés car la peau du ventre est trop cartilagineuse ». Quant à l’alligator, que l’on retrouve en Floride, au Texas ou en Louisiane, il est doté d’écailles arrondies sur les flancs qui deviennent plus structurées vers le centre du dos. Si la peau du crocodile (Niloticus ou Porosus) se rapproche de celle de l’alligator, on la distinguera grâce à ses écailles géométriques qui constituent des carrés parfaits. Les yeux les plus aguerris remarqueront par ailleurs un détail subtil sur la peau du crocodile : une fois tanné, l’iso – capteur sensoriel permettant à l’animal de réguler sa température et détecter les mouvements – dessine un léger rond dans le bas de l’écaille.

La peau du crocodile (Niloticus ou Porosus) a des écailles géométriques qui constituent des carrés parfaits. Une fois tanné, l’iso - capteur sensoriel permettant à l’animal de réguler sa température et détecter les mouvements - dessine un léger rond dans le bas de l’écaille – Photo © Garance André.

L’élevage, un gage de qualité

Espèces commerciales, les alligators, les crocodiles et les caïmans sont majoritairement issus des fermes implantées dans les années 1960 aux États-Unis. 90% de ces élevages sont destinés au commerce : immaculées, les peaux se révèlent de meilleure qualité contrairement aux espèces sauvages qui présentent des cicatrices. D’ailleurs, lors du traitement des cuirs, seules la taille et la qualité des peaux brutes conditionnent le choix du type de tannage utilisé, non l’espèce travaillée. Si l’alligator et le crocodile ne diffèrent pas au niveau de la résistance de leur cuir, le caïman est de qualité inférieure par son aspect vieilli, bien que sa peau soit plus ferme. Par ailleurs, la qualité influençant le prix, ces trois variétés s’échelonnent aussi au niveau de leur valeur économique : le Porosus est le plus onéreux, suivi de près par l’alligator et le crocodile du Nil. Le caïman reste le cuir de crocodilien le plus abordable – jusqu’à trois fois moins cher que l’alligator -, ce qui justifie en partie son succès.

Le caïman est certainement le plus facile à détecter car ses écailles strient la peau et « esquissent des formes ressemblant aux toiles d’araignées » - Photo © Garance André.

La destination produit, une différence de taille

La destination produit permet aussi la distinction entre les cuirs d’alligator, de crocodile et de caïman. L’usage des peaux est inhérent à la taille des animaux : 80% des cuirs d’alligator et de crocodile, dont les tailles maximales avoisinent respectivement 3 et 5 mètres, sont employés pour la fabrication de bracelets de montres. Du reste, les peaux sont utiles à la production de sacs, souliers, prêt-à-porter et petite maroquinerie. Par sa solidité, le caïman est, quant à lui, davantage adapté aux sacs à main et aux chaussures (notamment aux bottes).

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Rédaction Emma Roesslinger

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