La traçabilité des matériaux et produits, enjeu majeur au sein de la filière cuir

Cédric Vigier, en charge de la Direction Innovation Technologique de CTC, détaille les différents travaux menés par le centre technique visant à répondre aux enjeux de la RSE.

Partenaire du Sustainable Leather Forum (SLF), rendez-vous annuel dédié aux bonnes pratiques en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) de la filière cuir, Leather Fashion Design (LFD) donne la parole en avant-première à des experts qui interviendront lors de tables rondes à Paris le 12 septembre. Cédric Vigier, à la tête de la Direction Innovation Technologique de CTC (Comité Professionnel de Développement Économique Cuir, Chaussure, Maroquinerie, Ganterie), détaille les différents travaux menés par le centre technique visant à répondre aux enjeux de la RSE.

Pouvez-vous nous présenter CTC, et son Département Innovation Technologique ?

CTC, en sa qualité de Comité Professionnel de Développement Économique (CPDE), accompagne la filière cuir française et ses 850 entreprises membres (cuir, chaussure, maroquinerie, ganterie) dans leur développement technique et économique. CTC, en sa qualité de CTI mène des projets collectifs de R&D, participe activement aux comités de normalisation concernant notre secteur et réalise des prestations de formation et de conseil reposant sur les savoir-faire de CTC. Enfin grâce à ses laboratoires d’analyses et de tests situés en France et en Asie, et son bureau de certification pour les produits vendus sur les marchés de l’Union européenne, CTC se positionne comme l’acteur incontournable du contrôle qualité.
Au sein de CTC, la direction Innovation se concentre sur des projets de recherche et d’innovation pour l’ensemble des acteurs de notre filière afin d’anticiper les évolutions structurantes qui permettront de maintenir la compétitivité et l’excellence de nos métiers. Les thématiques traitées à CTC concernent trois axes majeurs :
– L’industrie du futur avec des projets autour de l’automatisation/robotisation des process, l’amélioration des conditions de travail, la mise en place d’essais innovants basés sur l’usage réel des produits, usages qui sont définis scientifiquement dans notre living-lab biomécanique installé dans nos locaux de Lyon.
– La transition numérique de notre industrie par l’intégration d’outils informatiques permettant de générer, structurer et échanger des données de manière agile et fiable pour répondre aux enjeux de performance et de RSE impliquant nos industriels.
– La transition écologique et énergétique qui intègre le développement durable, les technologies propres et la recyclabilité.

La traçabilité unitaire des peaux est assurée par le dispositif ALIS by CTC de marquage au laser, comme cette peau des tanneries Haas - Photo © CTC.

Sur quels travaux d’innovation en lien avec la RSE travaillez-vous actuellement ?

Comme évoqué précédemment, les exigences et les contraintes sont de plus en plus fortes pour les marques et leurs fournisseurs. En particulier l’affichage environnemental, et son contrôle, qui nécessite la collecte de données sur les chaînes de production (entité, pays, processus, origine et nature de la matière…). La traçabilité des produits et des matériaux est donc un enjeu primordial pour notre filière. Pour répondre aux enjeux de plus en plus prégnants de la RSE tels que l’origine des matières premières, la transparence sur l’impact environnemental des produits vis-à-vis du consommateur, les bilans carbone et Analyses de Cycle de Vie (ACV), la cartographie des acteurs de la supply chain ou tout simplement la mise en conformité en regard des contraintes réglementaires françaises ou européennes, nous estimons que nos entreprises doivent se doter d’outils informatiques performants permettant de structurer les données nécessaires pour alimenter les outils RSE de manière fiable et automatisée. Ces données peuvent être internes ou externes (présentes chez les fournisseurs). À ce jour, lorsqu’une marque désire émettre des allégations sur ces produits, elle doit être capable de prouver ses propos par des actifs traçables. Nous constatons donc que le déploiement dans nos entreprises des outils de traçabilité et de management de la Data est primordial. CTC travaille sur la traçabilité matière à travers le dispositif ALIS by CTC qui propose une solution globale et unique pour suivre la traçabilité unitaire et physique du cuir. Cet outil met sur le marché des systèmes de marquage des cuirs au laser CO2 forte puissance (ALIS Marking) que l’on peut installer en abattoir et/ou en tannerie, ainsi que des dispositifs de lectures automatiques de ces marquages basés sur l’intelligence artificielle (ALIS Reading). Nous travaillons également pour la filière chaussure au sein du Comité Stratégique de Filière Mode & Luxe sur un pilote de traçabilité externe. Le but de ce pilote est de dresser le cahier des charges des besoins de nos entreprises pour tester ensuite les solutions de traçabilité externes existant sur le marché et pouvant répondre à ce cahier des charges. L’outil de traçabilité doit permettre d’apporter aux consommateurs de la transparence sur le discours des marques.
CTC travaille également pour l’ensemble de notre filière sur les thématiques suivantes : ACV, bilan carbone, référentiel de tri, démarche RSE via un diagnostic RSE, achats responsables, déforestation, etc… Comme vous pouvez le constater, la RSE est au cœur des travaux de recherche des équipes CTC.  

Avec un recul de plusieurs années, comment voyez-vous évoluer la place de l’innovation dans les entreprises françaises ? 

Il est évident que ces projets sont ambitieux, mais essentiels pour répondre aux enjeux de la RSE et aux attentes de plus en plus exigeantes de consommateurs très informés. Par contre il est certain que ces évolutions technologiques sont financièrement et humainement impactantes pour les entreprises car ces projets sont structurants. Pour que ces démarches soient efficientes, il faut une pleine implication de l’ensemble des ressources de l’entreprise, dont les acteurs doivent être convaincus du bien-fondé et de la valeur ajoutée que cette mutation va induire.
Au niveau international, l’innovation est un facteur indispensable à l’amélioration de la compétitivité car elle permet de rivaliser avec des pays à faible coût de main-d’œuvre. Elle doit favoriser la mise sur le marché de produits premium alliant l’innovation produit à la qualité de production ou à l’automatisation de certains process, afin de limiter le coût de la main-d’œuvre sur des opérations sans valeur ajoutée.

Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir nos articles à votre rythme et selon vos préférences de thématiques.

Rédaction Laëtitia Blin

j'AIME
TWEETER
PIN IT
LINKEDIN

Consultez
les derniers articles
de la rubrique

Quitter la version mobile
Fermer