La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Depuis six ans, le label nîmois suit son modeste chemin dans le paysage de la maroquinerie française. Le soutien d’un investisseur lui donnera bientôt un second souffle.
Contrairement au prêt-à-porter où les contraintes industrielles sont vite dissuasives, les accessoires permettent encore à de petits labels de se lancer, grâce au savoir-faire artisanal qu’ils requièrent. Arthur Pons en est l’illustration parfaite, même si un investisseur vient de prendre des parts dans la société pour professionnaliser la marque et l’aider à grandir. Pourtant, adolescent, son fondateur éponyme rêvait plus d’un destin de torero que d’une carrière de maroquinier. Mais la raison et les paroles de ses parents l’orientent vers l’apprentissage d’un métier manuel aux Compagnons du Devoir. Deux années à Nîmes, aux côtés d’un expert de la restauration de sièges et de sacs, le convertiront définitivement au cuir. Les cinq suivantes, comme artisan à la table chez Hermès, où il fabrique des sacs de A à Z avec les plus belles matières, ne feront que renforcer sa passion et sa conviction d’avoir trouvé sa voie. Néanmoins, son amour pour la tauromachie n’a pas disparu et, en avril 2015, Arthur Pons quitte le prestigieux sellier pour créer sa marque d’accessoires pour toreros (boite à chapeau, fourreau d’épée et bagagerie pour ranger le costume). Et c’est à Nîmes, haut lieu de la corrida en France, qu’il choisit logiquement de s’installer en février 2016. Las, l’expérience tourne court, faute de débouchés et de rentabilité. « C’est un marché de niche qui se fournit essentiellement au Mexique. Impossible alors d’être compétitif », constate notre artisan. Mais c’est sans amertume ni résignation qu’il revient à la maroquinerie où « son besoin d’être créatif » peut largement être assouvi.
Son premier modèle sera un quarante-huit heures en taurillon inspiré de son bagage pour torero. Un cabas en veau suivra fin 2016 avant quelques tentatives de petite maroquinerie. « Je n’ai pas continué la petite maroquinerie car c’est un autre savoir-faire et je ne suis pas équipé en machine de refente » ,se résout le jeune maroquinier. Sacs seaux et sacs de soirée s’ajouteront ensuite à l’offre pour totaliser aujourd’hui une dizaine de modèles, essentiellement féminins. « J’ai une pochette mixte et un porte-document qui peuvent s’adresser aux hommes », assure Arthur Pons qui propose aussi deux quarante-huit heures et trois soixante-douze heures pour accompagner les voyageurs. Si les formes jouent plutôt la sobriété, les couleurs, elles, osent des tons vifs et même flashy. Des ceintures sur-mesure sont également au catalogue. Encore hier limitée à un cercle de connaisseuses se passant l’adresse à Nîmes, la diffusion peut à présent toucher un public plus large, notamment de touristes, grâce à l’ouverture, en juin 2021, d’une boutique rue du Pont Louis Philippe dans le quartier du Marais à Paris. Il faut dire que les prix – de 500 à 4 000 euros – sont très abordables au regard de la qualité irréprochable des produits.
« Tout est fait à la main par ma collaboratrice – elle aussi passée par les ateliers Hermès – et moi-même : coupe, coutures et finitions des tranches, déclare le créateur. J’utilise surtout du cuir bovin – veau, vachette, taurillon – que j’achète chez Degermann, Carriat ou un revendeur local lorsque je n’atteins pas les quantités minimales de commandes. J’aime beaucoup le nubuck de taurillon, même s’il est un peu fragile. J’emploie aussi un article en veau initialement développé pour la sellerie dans les avions et les bateaux, résistant aux rayons UV, à l’eau de javel, à l’eau de mer, au gras, à l’huile et au feu, avec une tenue de la couleur inégalable. Et je suis en train de développer une gamme plus luxueuse en galuchat, autruche, lézard et crocodile. » Les doublures sont en toile de coton et lin pour les modèles en cuir bovin et en alcantara pour les modèles en cuir exotique. « Le cuir est un matériau protéiforme qui offre des possibilités de création infinies. Selon son tannage et sa finition, une même peau peut revêtir une multitude d’aspects. C’est aussi un matériau d’une solidité incomparable et responsable puisqu’issu de la récupération d’un déchet. Et lorsqu’on le travaille, on a le sentiment très valorisant d’appartenir à une famille, de se placer dans la lignée d’une tradition multi-centenaire. » Un besoin sans doute légitime quand on est passé par les Compagnons du Devoir.
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Rédaction François Gaillard
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