Un souffle marin anime les collections de Bombelli

Arnaud Bombelli a travaillé pendant douze ans pour des maisons de luxe avant de lancer sa marque éponyme, inspiré de sa passion pour l’océan.

Lancée en 2024, la marque de sacs Bombelli s’est distinguée au dernier salon Première Classe à Paris par ses modèles créatifs et qualitatifs, made in France et Italie. Recourant à des cuirs et matériaux européens issus notamment de stocks dormants du luxe, elle puise son inspiration dans l’univers de la mer.  

Bonne étoile

Bombelli est née sous une bonne étoile. Et pour une marque de maroquinerie et accessoires fortement inspirée de l’univers marin, cela compte… Lors de sa première présentation, en septembre 2024, dans une galerie du Marais parisien, ses cinq premiers modèles tapent dans l’œil d’une détaillante américaine, à la tête d’une grande boutique à Dallas. « Elle a tout commandé. Et trois semaines après la livraison, en janvier 2025, elle avait déjà fait un réassort. Depuis, elle a passé deux autres commandes, dont la dernière lors du salon Première Classe, début octobre », explique Arnaud Bombelli, le créateur éponyme. Ce dernier n’a pas compté que sur la chance pour lancer son entreprise. Triplement diplômé d’Olivier de Serres, de Duperré et de l’Institut Français de la Mode (spécialisation Accessoires), Arnaud Bombelli a créé pendant douze ans, en indépendant, des collections de sacs et de chaussures pour des maisons de mode et de luxe françaises et internationales. Une belle école pour observer « l’exigence de cette industrie et la manière dont les objets sont racontés et fabriqués ». Mais en 2021, un séjour de six semaines dans une maison de pêcheurs basée dans les Caraïbes, lui donne l’envie de raconter sa propre histoire.  Et celle-ci va s’ancrer dans sa passion pour les voyages et l’océan.  Il imagine une marque faisant la part belle aux matériaux de prédilection des marins – cordages, pièces métalliques et cuir – et avec lesquels il va inventer des modèles « protéiformes, résistants et durables », aux « volumes architecturaux et portés ludiques et ingénieux ».

Par le jeu d’un aimant, le modèle Multi en veau velours non doublé, peut prendre la forme d’un tote bag, d’un sac marin revisité ou être replié en maxi-pochette du soir.

Une solide formation

Avant de se lancer dans cette nouvelle aventure, Arnaud Bombelli se dote des compétences d’un futur entrepreneur. Cela passe par un passage (en 2022-23) au sein de l’incubateur de marques de l’IFM et, depuis septembre 2024, du programme Relève d’ADC (Au-Delà Du Cuir), destiné aux dirigeants de start-ups spécialisées dans les accessoires dont le chiffre d’affaires est inférieur à 100 000 euros. Cet accompagnement et cette maturation lui permettent de mettre en place les composantes de son entreprise, qu’il amorce en solo. Il met au point une douzaine de modèles de luxe accessible allant du porte-clef au cabas en toile déperlante orné de galons de cuir en passant par des sacs aisément transformables.
Plaçant « la qualité et la durabilité au cœur de sa réflexion », Bombelli annonce fabriquer « tous ses articles en série limitée à la main en France et en Italie à partir des meilleures mains et matières premières », ces dernières étant toutes certifiées Leather Working Group, ISO 9001 ou REACh.
La marque utilise essentiellement des cuirs de veau espagnols et italiens, mais aussi quelques français provenant des stocks dormants de la plateforme Adapta Paris. Ses étiquettes sont réalisées dans un « sublime collet de vache très résistant », souligne Arnaud Bombelli, fourni par un fournisseur lyonnais, la Maison Fichet. Si la plupart des peaux sont monochromes, évoquant surtout les bleus profonds de l’océan, en versions lisse, vernis (finis en France) pour un effet «liquide » ou velours, Bombelli fait aussi appel à une coloriste experte, basée dans le Choletais, pour réaliser, à la main, le dégradé de l’un d’entre eux.

La base en cuir et son décor en nœuds dits “baderne” du modèle “Knaughty” sont assemblés à Paris par Arnaud Bombelli.

Surplus de LVMH

Les néoprènes dont Arnaud Bombellei désigne le noir et la souplesse à la main comme « à tomber par terre », sont sourcés eux, chez Nona Source, qui revend les excédents des Maisons de LVMH. Ses toiles imperméables imprimées, qui reprennent les teintes de la toile de fond du… Le Radeau de la Méduse de Géricault, viennent de Grande-Bretagne. Les pièces métalliques (manilles et autres mousquetons marins…), grâce auxquelles les sacs peuvent se fermer ou se transformer, sont fournies par le groupe Wichard, à Thiers.  Leur caractère inoxydable et leur résistance à toute épreuve, grâce à leur finition à l’inox 316 L, sont très prisés de l’armée. Les cordages « hyper résistants » sont fournis par le Français Trestec, très réputé, basé dans le nord de la France. Mais le matelotage (réalisation de noeuds plats pour orner les sacs) est sous-traité en collaboration avec la fameuse Corderie Royale de Rochefort. Pour réaliser les sacs, Bombelli s’appuie sur un atelier expérimenté, basé dans la région de Florence, elle-même spécialisée dans le cuir. « Présent dans le réseau depuis une quarantaine d’années, ils achètent les peaux directement sur place », indique Arnaud Bombelli.

La base en cuir et son décor en nœuds dits “baderne” du modèle “Knaughty” sont assemblés à Paris par Arnaud Bombelli.

Matelotage

Le créateur finalise lui-même les modèles composites (associant cuir et cordages) dans son atelier installé, comme son showroom, rue des Martyrs dans son appartement parisien. Il apprend aussi à réaliser des nœuds auprès des mateloteurs de Rochefort pour prendre prochainement aussi en charge, partiellement, cette tâche. Au printemps le sac à main “Knaughty”, dont la base en cuir est recouverte de ces nœuds dits “baderne” très esthétiques, des tresses épaisses protégeant les parties sensibles des bateaux, aura un petit frère. Ses autres modèles évoquent aussi fortement l’univers marin comme le “Marinero”, à la forme d’un col de vareuse de marin blanc et bleu revisité, pouvant être porté, au choix, croisé par un homme ou à la main et l’épaule par une femme. La pochette plate, dite “Ancre”, devient, via un système de coulisses, un berlingot plus volumineux. De même, par le jeu d’un aimant, le “Multi” en veau velours “sfoderato” (non doublé), peut prendre soit la forme d’un tote bag, d’un sac marin revisité ou être replié en maxi-pochette du soir. Avec ces différentes créations, complétées notamment par les porte-clés dits “Oh Buoy” (“petites bouées”), Arnaud Bombelli a pu présenter un univers cohérent pour la première fois au salon Première Classe en octobre dernier au sein de l’espace Brut Icon, dédié aux créateurs émergents proposant des démarches fortes dans les bijoux, les sacs ou le prêt-à-porter. Cette première participation lui a permis de mieux comprendre les goûts des acheteurs et nouer de sérieux contacts avec un grand magasin français. Alors qu’il était jusqu’ici diffusé en BtoC et BtoB via son showroom et son site e-commerce, il entend ouvrir ce dernier à l’international.  De quoi partager son succès avec une cause qui lui tient à cœur, via l’association SOS Méditerranée, dédiée à la recherche et au sauvetage en mer, à qui il reverse une partie de ses bénéfices.

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Rédaction Sophie Bouhier de l’Ecluse

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