Sneakers # 2 : nouveautés, innovations et collaborations à ne pas rater

1927 Eram baskets cuir unisexes
Le Groupe Éram propose une ligne de sneakers, baptisée 1927, à l’empreinte carbone réduite qui s’inscrit dans une démarche d’usage circulaire.

Véritable phénomène de mode, et de société, la basket, ou sneaker, est un incontournable du vestiaire adulte. Focus sur une sélection de marques au positionnement décalé.

La basket recyclée, recyclable et consignée d’Éram 

Dans le cadre de son programme RSE Change for Good, le Groupe Éram propose une ligne de sneakers, baptisée 1927, à l’empreinte carbone réduite, entre 4,38kg et 5,65kg de CO2 (contre en moyenne 13-14 kg de CO2 pour une paire de sneakers importée d’Asie). Les quatre modèles unisexes sont en cuir de vachette certifié Leather Working Group Gold, montés sur une semelle à 70% en caoutchouc recyclé provenant de la réutilisation des rebuts d’un fournisseur au Portugal. Le patin, lui, contient 15% de broyat issus des restes de productions de La Manufacture 49, filiale industrielle du groupe (marques Éram, Bocage et Montlimart). Fabriquée en France, dans l’usine du groupe à Montjean-sur-Loire, la gamme 1927, année de création de l’entreprise familiale, s’inscrit dans une démarche d’usage circulaire : l’achat d’une paire, au prix de 120 euros, déclenche une consigne d’un montant de 20 euros sur le compte de l’acheteur qui dispose d’un an pour rapporter sa paire et recevoir un bon d’achat de cette même valeur valable en boutique ou en ligne. La paire, elle, va connaître une seconde vie : elle sera soit proposée à la vente dans l’un des corners seconde main de la marque après remise en état, à 50% de son prix initial ; si elle trop abîmée, elle sera broyée et réutilisée dans la fabrication de semelles destinées à une paire neuve.

O.T.A, du pneu recyclé au saumon valorisé

O.T.A. (On The Asphalt) est depuis sa création pleinement engagée dans une démarche RSE puisqu’elle utilise « des matériaux déjà existants afin de limiter le gaspillage », explique Arnaud Barboteau, son fondateur. Ses sneakers unisexes sont montées sur des semelles réalisées à partir d’anciens pneus de voitures, soit l’équivalent d’un pneu recyclé toutes les trois paires produites. Au fil des saisons, la marque renforce son engagement éco-responsable vers des produits conçus avec toujours plus de déchets, et étoffe sa palette de matériaux upcyclés : chutes de cuir d’une usine de fabrication de gants de jardin, caoutchouc, coton et plastique recyclés. Sa dernière innovation : une collection capsule réalisée à partir de peaux de poissons issues d’un restaurant Sushi Shop à Lyon transformées en cuir marin par la tannerie française Ictyos. L’édition limitée Maki Saumon est disponible sur le e-shop d’O.T.A.

O.T.A sneaker cuir saumon sushi
Sneaker O.T.A. Sansaho Maki Saumon en cuir de vachette italien, logo en cuir de saumon upcyclé, semelle en pneu et caoutchouc recyclés, du 36 au 46, 145€ prix boutique conseillé.

Des sneakers Joseph Malinge made in France tannées au marc de raisin

Artisanat et éco-responsabilité font la paire. Le bottier Joseph Malinge, spécialiste de souliers masculins sur-mesure, façonne dans son atelier du Maine-et-Loire une basket conçue en collaboration avec Tanngreen®. Le modèle unisexe, épuré, associe harmonieusement cuir de veau pleine fleur mat blanc et cuir marin sourcé chez Ictyos, tanné végétal grâce au process Tanngreen mis au point par l’entreprise CDKMaker. Cette dernière recycle un co-produit vinicole, le marc de raisin collecté dans le sud de la France, qu’elle transforme, après fermentation et distillation, en tannin. Cette matière première naturelle est ensuite valorisée par deux tanneries françaises – Ictyos et Arnal -. « Le tannin de marc de raisin dispose de formidables propriétés mécaniques – thermocollant, thermo-durcissant, adhésif – qui permettent de tanner, teindre et nourrir des peausseries animales tout en réduisant le volume de matières premières extraites », explique Corinne Raguin, à l’initiative de ce process avec son équipe, accompagnée de Jean-Pierre Tolo. En juin dernier Tanngreen® a lancé quatre tannins dont le dosage et la concentration en biomasse dépendent de l’utilisation et de la filière ciblée : cuir, composants, caoutchouc, colle. Utilisée dans les secteurs de la mode et du design, cette activité de valorisation d’un déchet à faible impact environnemental va prochainement s’appliquer aux marchés de la cosmétique, de la décoration et de la joaillerie.
La ligne signée Joseph Malinge x Tanngreen® est disponible sur le e-shop de l’artisan-bottier et dans une sélection de boutiques.

Basket cuir marin Tanngreen Joseph Malinge
Baskets en cuir pleine fleur de veau mat blanc, cuir marin tanné et teint Tanngreen®, cousu Blake, semelle liège anatomique, 380€ prix boutique conseillé - Photo © Gillk PHØTØGRAPHY.

Daniel Essa ou les nouveaux codes de la sneaker

Daniel Essa bouscule la sneaker traditionnelle par une approche minimaliste Haute Couture et une recherche particulière dans la construction « pensée comme un véritable bijou d’architecture ». Le designer syrien, installé en France depuis plusieurs années, retranscrit sa créativité à travers sa marque éponyme fondée à Paris en 2017. Superposition de cuirs de bovin sans coutures visibles, combinaison sophistiquée de cuir et néoprène, large bande élastiquée de couleur sur l’empeigne qui facilite le chaussage, système de laçage asymétrique et interchangeable sont la signature des modèles personnalisables qui « incitent les clients à exprimer leur individualité ». Manufacturées en Italie, les sneakers mixtes – montantes, slip-on – arborent toutes un message caché dans leur languette, gravé à la main. La collection est diffusée sur la boutique en ligne de la marque et dans un réseau de multimarques luxe, department stores, détaillants chausseurs et on-line en France et à l’international (Level Shoes à Dubaï, au Koweït…).

Daniel Essa basket cuir
Mixtes, les sneakers Daniel Essa ton sur ton, bicolore ou tricolore, sont proposées entre 395 et 500 euros, prix boutique moyen.

Les sneakers P448 posent pied à Paris

Après Miami et New York, c’est au cœur de la très chic rue du Faubourg Saint-Honoré que P448 a ouvert cette année son troisième point de vente à l’enseigne, suivi prochainement d’une installation à Los Angeles. Sur près de 500 m2, le concept-store, à l’image du label streetwear italien, casse les codes traditionnels. Conçu par Gone Studio, le lieu arbore une mini rampe de skate à l’entrée, des présentoirs en forme de paniers de basket… Une peinture murale géante signée de l’artiste Pak One et des murs recouverts de graffitis de street artists confèrent à l’espace une atmosphère urbaine décomplexée. Le premier étage accueille un show-room et le second niveau, un petit patio qui permet de faire une pause dans son parcours shopping. À Paris la marque est également présente chez L’Exception, au Printemps et bénéficie d’un pop-up store au Bon Marché Rive Gauche. Un maillage de boutiques multimarques assure le relais en région.
Lancée en 2014, P448 s’inspire de l’esprit underground de la subculture pour ses sneakers en cuir premium manufacturées en Italie. Les modèles pour hommes et femmes mêlent design, innovation et écoresponsabilité. Ainsi la collection Frenkye est conçue à partir de chutes de cuir de la production valorisées en édition limitée. Le dernier projet durable de la marque repose sur une ligne de sneakers conçues à partir de peaux d’espèces animales envahissantes et/ou nuisibles, tel le poisson-lion dont la prolifération provoque l’extinction de certaines plantes et animaux sous-marins.

P448 boutique Paris sneakers cuir
Le label italien de sneakers premium P448 a choisi Paris pour sa troisième implantation mondiale de boutique monomarque.

Veja x Amélie Pichard, une collaboration nature

Après ba&sh et Marni, Veja a imaginé avec Amélie Pichard une basket inspirée de l’univers outdoor dans une démarche la plus responsable possible. La créatrice, aux collections teintées d’humour, a repensé une chaussure tout-terrain montée sur une imposante semelle qui apparaît comme trempée dans de la boue. La tige en V-Knit (100% polyester recyclé) est tricotée en une seule pièce. Cette technique permet d’éviter les chutes de tissus réduisant ainsi le gaspillage de matières. La semelle intérieure est composée de canne à sucre et coton biologique ; la semelle extérieure associe caoutchouc d’Amazonie et déchets de riz. Cette collaboration, déclinée dans trois palettes de coloris et disponible au prix boutique de 220 euros, est fabriquée au Brésil où Veja fait fabriquer ses collections depuis ses débuts.

Comprendre la « culture » sneakers

À travers une sélection de modèles emblématiques, l’ouvrage « Générations Sneakers. Sport, mode et pop culture » dresse un panorama mondial d’une chaussure, accessoire de sport à l’origine, passée du stade à la rue, des podiums des Jeux olympiques à ceux de la Fashion Week. Aujourd’hui les sneakers sont omniprésentes. Mathieu Le Maux et Martin Basset retracent, à travers ce livre richement documenté et illustré, les temps forts, sur plus d’un siècle, d’un modèle reflet de notre époque, du classique indémodable aux déclinaisons luxe.
Éditions Hors Collection, 248 pages. 27 euros.

Les sneakers ont fait leur entrée au musée !

Reflets d’une tendance qui s’est peu à peu muée en véritable phénomène de société, les baskets, ou sneakers ou tennis, ont fait l’objet d’une exposition dédiée au Musée de l’Homme à Paris jusqu’en juillet dernier. « Portées par des millions de personnes à travers le monde, les sneakers sont devenues, en quelques décennies, un objet de consommation de masse qui transcende le genre, l’âge et les milieux socio-culturels. »
Longtemps réservées aux activités sportives, elles se retrouvent aux pieds du plus grand nombre avec le mouvement hip-hop et se lient à l’émergence des contre-cultures aux États-Unis avant d’arriver en Europe avec la télévision, le cinéma, la musique… Symbole de l’affirmation sociale et culturelle de certaines minorités, de liberté et d’émancipation, cette chaussure est devenue un véritable accessoire de mode, objet de toutes les convoitises. Au-delà de l’aspect socio-culturel, plusieurs innovations ont marqué ce marché à la pointe de la recherche et développement technologique.

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Rédaction Laëtitia Blin

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