Objets en cuir tradi innovants

Pouf Charleston, un petit meuble d’appoint, nomade et résistant signé Rudi by Giobagnara, 840€ prix boutique conseillé.

La première édition du salon Maison&Objet à Paris ouvre la saison des collections dédiées à l’art de vivre. En janvier, le besoin de naturalité donnait le premier rôle au matériau. Selon l’agence de conseil tendances et prospectives Peclers Paris, « ce qui est le plus futuriste, c’est un retour aux origines. Le consommateur a besoin de renouer avec une matière plus sensible ». L’artisanat ancestral du cuir n’a pas pris une ride au XXIème siècle… Il se réinvente, au contraire, tirant profit entre tradition et innovation, de la couture sellier comme de la découpe numérique chez Rudi, Silver Sentimenti, LuLé Studio, Les Few. Les objets 2020 en cuir défient les intempéries, jouent avec le relief ou la lumière, embellissent l’usage au quotidien… Focus.

Composite recyclé chez Rudi

Giobagnara conforte sa place de spécialiste du cuir dans la décoration d’intérieur. Son offre très vaste d’objets et de mobilier façonnés en peausseries raffinées s’enrichit encore avec une gamme innovante sur le marché. La dernière-née Rudi s’appuie sur un matériau unique et breveté, le « technocuoio », régénéré à partir de chutes de cuir. Issu de rebuts de cuir de vache pleine fleur, il est tanné aux extraits végétaux, broyé et mélangé avec du latex naturel. En résulte un cuir composite, recyclé, au fini lisse et à la résistance intacte. Ses propriétés waterproof et anti-UV ouvrent à Rudi les marchés porteurs de l’hôtellerie et du yachting. Mais pas seulement… Le Directeur Créatif Simone Fanciullacci a entrepris de moderniser un grand nombre d’objets du quotidien, près de 150 références pour commencer. Poufs nomades, tables basses, coffres polyvalents, miroirs, luminaires, vases, porte-serviettes et porte-manteaux trouvent aisément leur place dans le bureau ou le salon, sur la table ou dans la salle de bains. Fonctionnels et esthétiques, fabriqués à la main dans les ateliers de Giobagnara à Gênes, ils séduisent aussi par leur facilité d’entretien et leur durabilité revendiquée. Le panier – un best-seller chez l’Italien – se décline dans un large choix de formes, de dimensions et de « dentelles » graphiques très visuelles. Les volumes, simples par essence, valorisent les nombreux dessins découpés au laser. Le « technocuoio » existe dans quinze coloris variés, il se personnalise aussi à la demande.

Silver Sentimenti magnifie la broderie en cuir

Silver Sentimenti est un explorateur de la matière et du volume. L’Italien s’est d’abord formé à la sculpture céramique à Faenza puis à la scénographie à Bologne. Il se spécialise dans le costume de scène avant de s’immerger à Paris, en haute couture, dans les ateliers de Givenchy, Chanel et Dior époque Galliano. « J’ai toujours eu le désir de transformer la matière noble, précise le créateur. Dans la mode, j’avais travaillé en 3D des matières à sculpter. » Lorsqu’il s’installe en Normandie et renoue avec la céramique, c’est pour continuer à expérimenter à partir du chaîne et trame qu’il connaît parfaitement. La pratique du tour ouvre au céramiste de nouveaux horizons et l’incite à croiser d’autres matériaux. Tel le cuir dont la dimension sculpturale s’impose naturellement. Silver Sentimenti a l’idée d’ornementer ses pièces uniques en grès de broderies en cuir. Son interprétation est très libre. Couture, broderie, tissage, vannerie…nourrissent ses recherches plastiques. Une fois tournés, percés, émaillés, coupes et vases arborent un savant jeu de nœuds et de tressages, réalisés avec des lanières de cuir – essentiellement de vachette et de chèvre – sourcées en Normandie. La collection Gladiateur porte bien son nom. Elle hybride armure et parure avec une symétrie absolue. Si l’artisan a emprunté au répertoire de la parade militaire ses monochromes noir, rouge ou beige, il élargit aussi le colorama de ses étonnants effets de surface. Les dernières pièces introduisent « les dégradés, patinés à la cire d’abeille pour ombrer, donner de la profondeur ». Un savoir-faire inédit et de haute volée.

La baladeuse Pan devient murale à l’aide d’une patère Lulé Studio, 350€ prix boutique conseillé.

LuLé Studio ou la poésie de la lumière

Alexandra Epée, à la tête de LuLé Studio depuis 2015, « façonne la lumière dans un esprit éco-responsable ». La jeune diplômée de l’Ensad a d’abord été scénographe et a travaillé le papier avant de s’intéresser à un autre matériau. « J’ai voulu changer d’échelle, dit-elle et j’ai rencontré le cuir grâce à la Réserve des Arts à Pantin, une recyclerie qui propose des peausseries issues du luxe ». Dans son atelier parisien, l’artisan designer met au point un concept original. Sa baladeuse est un luminaire nomade et pliable, qu’il suffit de mettre en forme, tel un tipi, et de zipper. « Il s’agissait, affirme la créatrice, d’habiller la lumière à la manière d’une jupe » … Son choix des matériaux optimise l’usage tout en se prêtant à un montage aussi facile que ludique. « J’avais besoin d’un cuir épais, rigide », ajoute la fondatrice de LuLé Studio. L’abat-jour se compose ainsi d’un cuir de collet d’origine française, tanné en Italie avec des extraits végétaux, et d’un papier diffusant – plié et collé à la main – à base de cellulose et de fibre de verre, garanti anti feu. Chaque luminaire allie la technologie de la découpe laser à la couture au point sellier. Les motifs graphiques offrent des jeux d’ombres et de lumières différents. Ils évoquent tour à tour un cannage, un quartier d’agrume, une coiffe indienne, un motif art déco… Formes et couleurs invitent aussi à la personnalisation. LuLé Studio a même pensé enrichir son monoproduit avec une patère en bois de hêtre, transformant instantanément une lampe de table ou de chevet en applique…

Plateaux Armance en cuir cognac, bordeaux et noir, Les Few, 695€ l’ensemble ou vendu à l’unité de 245€ et 355€ prix boutique conseillé.

Entre Stockholm et New York avec Les Few

Eva Eklof a grandi sur la mer Baltique près de Stockholm avant de s’envoler à Paris et à New York pour se former à la Parsons School of Design. Diplôme en poche, elle s’installe en Espagne comme chef produit chez Zara Home, cinq années durant. Elle fait alors le grand écart, résolue à privilégier la petite série de produits durables aux collections effrénées imposées par un géant de la fast fashion. En 2014, la Suédoise lance sa marque d’objets, Les Few. L’esthétique moderniste suédoise lui inspire des accessoires de décoration fonctionnels et atemporels, entièrement fabriqués par des artisans. Les premiers produits sont en laiton mais avec le cuir, la designer fait un choix sentimental, gardant en mémoire le boîtier rigide, patiné, de l’appareil photo Leica de son enfance. Le cuir est aussi « un matériau très chaleureux, dit-elle. Il offre de multiples versions à travers la couleur. » Ses plateaux circulaires multi-usagers, ses boîtes fermées par un couvercle raffiné en bois ou sa corbeille à papier à poignée dorée sont tous réalisés en cuir de vache italien, cousu à la main dans sa ville natale.

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Rédaction Nadine Guérin

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