Repenser l’offre
Près d’un tiers des clients se tournent vers Internet car le choix de chaussures et maroquinerie y est plus important. Ce qui met les magasins au défi d’offrir une sélection à la fois pertinente et compatible avec leur trésorerie. “Avant, on pouvait prendre toute la gamme d’une marque sans se poser de question, on savait que ça se vendrait un jour ou l’autre” résume Clotilde Sourice. “Mais il devient difficile de suivre les tendances, qui peuvent partir aussi vite qu’elles arrivent. On risque donc de passer à côté d’une tendance pendant deux ans, ou de se retrouver avec un stock qui ne s’écoule pas”.
« Avant 2020, nous avions moins peur d’acheter », confirme Romain Flandrin, qui rappelle que les commandes de chaussures se font historiquement 7-8 mois en amont. Aujourd’hui, Chauss-Tex a réduit d’un tiers ses commandes en début de saison, gardant ainsi une marge pour renouveler son offre en cours de saison. Les enjeux de trésorerie sont désormais « au cœur du métier », confirme Cécile Marzinski. Ce qui amène Jean-Pierre Gonet à redouter de voir les marques confrontées aux mêmes enjeux, et ne plus se risquer à être créatives. « Faire une collection un peu innovante coûte », concède-t-il.
Cette perte créative face au ralentissement du marché, Sophie Brenot ne la constate pas côté maroquinerie. Un marché où l’offre des multimarques souffrirait cependant d’être boudée par des marques en vue. En effet, « certaines veulent des adresses qui vendent aussi du prêt-à-porter ».
Prix et zones de vente
Devant la variété de l’offre, le prix est le premier motif d’achat sur internet, que cela soit dans la maroquinerie (42%) ou dans la chaussure (37%), selon l’Observatoire Économique de l’Alliance France Cuir. Et ceci, même si les clients ne se chaussant qu’en boutiques ont un budget moyen (72 euros) inférieur à ceux des clients en ligne (85 euros), ou ceux achetant sur les deux canaux (88 euros).
La situation des centres-villes revient souvent dans le discours des professionnels. Sophie Brenot, évoquant les difficultés connues par la vente de maroquinerie depuis décembre 2024, pointe ainsi l’impact fort des nombreux travaux et changements de plans de circulation sur l’activité. Clotilde Sourice se montre, quant à elle, circonspecte face aux effets de la piétonnisation des cœurs de ville. « Ce que l’on constate, c’est que les gens ne veulent plus marcher. »
« Certaines municipalités font vraiment du bon travail », se félicite Jean-Pierre Gonet du côté des chausseurs. « Certains redoutent l’éloignement des parkings, mais à 20 ou 30% de vacance commerciale, une artère est déjà fichue : il faut changer de logique pour espérer faire revenir les passants », estime le professionnel, qui pointe par ailleurs la responsabilité des bailleurs. « Certains augmentent les loyers alors que le trafic baisse, or un détaillant ne peut plus consacrer 10% de son chiffre d’affaires à un loyer. »
« La dernière modification de l’indice des loyers n’a pas permis d’atteindre une hausse cohérente avec nos chiffres d’affaires, ni avec la situation du marché », déplore Cécile Marzinski, qui rappelle que le nombre d’enseignes de chaussures est passé en vingt ans d’environ 80 à une cinquantaine. « Sur les loyers comme sur les prix, il reste donc un nouvel équilibre à trouver. »
Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir, toutes les deux semaines, un condensé de l’actualité de la filière cuir.