Rapprocher créateurs et fabricants du cuir
Julien Maire est un « enfant » de Romans-sur-Isère, l’un des berceaux du cuir en France. Son BTS Chaussure l’a mené chez Heschung, où il passe une dizaine d’années au bureau d’études. « 80 personnes étaient employées entre 2000 et 2010 », se souvient-il. J’ai intégré ensuite des maisons de mode à Paris, fait du consulting en chaussures et accessoires. » Depuis 2022, il pilote le dispositif Faire De Lance, lancé un an plus tôt par la filière française du cuir. « Il manquait un maillon au niveau de la chaîne de valeur, explique-t-il. Mettre en relation marques et fabricants va favoriser la fabrication d’accessoires made in France. » La plateforme est financée par la taxe fiscale collectée par CTC et ouverte à tous les porteurs de projets, jeunes créateurs, marques établies ou émergentes. « Nous prenons en compte la créativité, le potentiel économique du projet, poursuit-il. Les plus farfelus ont un prix inadapté par rapport à un design complexe. » En parallèle, Faire De Lance a entrepris d’identifier les ateliers régionaux aptes à fabriquer prototypes, échantillons, mini séries… « Nous en avons cartographié 150 avec l’aide des fédérations et visité environ 130. Un gros noyau se situe en Île-de-France, en Nouvelle-Aquitaine, dans les Pays de la Loire, qui ont mis en place des clusters ». La construction d’un réseau au service du cuir commence à porter ses fruits. Depuis 2022, une dizaine de marques ont abouti à des productions hexagonales. Parmi elles, la marque de maroquinerie RSVP. « Il reste que la sous-traitance s’est raréfiée dans la chaussure, déplore Julien Maire. Le secteur est très segmenté. L’approvisionnement d’éléments constitutifs – comme le talon, la semelle – est parti à l’étranger. »
Des territoires locaux plus attractifs
Partager les savoir-faire et les réinventer. Tel est l’objectif de Terre&Fils, à la fois fonds de dotation et société d’investissement. « Notre vocation est de soutenir l’entrepreneuriat de savoir-faire dans les régions, affirme la directrice générale Laure Lignon. Nous nous situons au carrefour de l’économie, de la culture et de l’environnement. Pour nous, un patrimoine doit encore avoir un usage. C’est la même chose pour un savoir-faire, qui doit s’adapter, se réinventer en fonction des enjeux actuels. » Terre&Fils a identifié deux écueils susceptibles de menacer le savoir-faire : la « folklorisation » et le luxe. Pour autant, « sauver tous les savoir-faire est un leurre, assure-t-elle. Pour redynamiser un patrimoine local, il faut que le savoir-faire s’inscrive dans un projet de filière. Notre soutien financier est sous le signe de l’intérêt général ». En six ans, Terre&Fils a accompagné divers entrepreneurs de savoir-faire. Tels Insoft qui fabrique des sneakers éco-conçus, la marque textile 1083, Lainamac dédiée à la relance de la filière française de la laine ou encore la Manufacture de Couleuvre, entreprise de céramique rachetée par une historienne. Autant de « modèles durables » qui, en diffusant un savoir-faire spécifique, « défendent la valeur de l’origine du territoire ».
Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir, toutes les deux semaines, un condensé de l’actualité de la filière cuir.