Efficio Group : le marché secondaire avec les avantages mais sans les inconvénients

Fondé en 1995, Efficio Group propose aux marques de luxe d’écouler leurs invendus dans un contexte avantageux. Seul acteur international adepte du “Barter” dans le luxe, il propose, en échange de ses prestations de communication, de racheter à bons prix les stocks dormants. Ceux-ci sont ensuite écoulés en toute discrétion dans un réseau très qualitatif, qui ne heurte pas les réseaux primaires.

Le troc modernisé

Le troc est vieux comme le monde… Et il résiste encore alors que cartes bleues, virements bancaires et autres crypto-monnaies dominent désormais les échanges marchands.
Créé en 1995, puis racheté en 2007 par Maximilien Urso, Efficio Group a ainsi adopté ce dispositif, modernisé sous la terminologie anglo-saxonne de “Barter”, lequel consiste en un échange de services et marchandises entre entreprises. Il se revendique ainsi comme le seul acteur international de Barter exclusivement dédié aux marques de luxe.
« Nous proposons à nos clients une solution deux en un, explique Maximilien Urso. Nous apportons notre expertise en tant qu’agence de communication et médias, intervenant dans le monde entier (Europe, Amérique Latine, Asie, Moyen-Orient – NDLR) et en échange, nos clients paient nos services en nous fournissant leurs anciennes collections. » Et ce, aussi bien dans la mode (vêtements et accessoires) que dans la joaillerie-horlogerie ou les parfums et cosmétiques.
Efficio Group a en effet une seconde expertise : il a constitué au fil des ans un réseau de revente sur le marché secondaire, soit environ 500 pas de porte (physiques ou en ligne) en Amérique du Nord, Asie, Europe et Moyen-Orient. Son équipe Wholesale dédiée a parcouru le monde entier pour sélectionner les meilleurs revendeurs. Un portefeuille qu’il s’applique à faire évoluer en permanence.

EFFICIO Maximilien Urso dirigeant
Maximilien Urso : « Les stocks dormants peuvent encore représenter jusqu’à 5 à 10% du business. »

Une image de marque respectée

En travaillant de façon directe et non pas avec des traders, l’entreprise dispose ainsi d’une visibilité maximum sur la diffusion dans de bonnes conditions de ces invendus. Avantage de sa double casquette : elle veille à ne pas brouiller l’image de marque qu’il a contribué à parfaire pour ses clients. Outre leur aspect qualitatif, Efficio choisit des magasins suffisamment éloignés du réseau officiel de ses clients, et donc placés « sous les radars ». La mise au point d’un parc secondaire, exclusif et sur mesure, fait toujours l’objet d’une concertation étroite avec ses clients. Lesquels peuvent par exemple avoir besoin de tester telle destination ou d’en éviter une autre.
Si les maisons peuvent bénéficier de la large palette de prestations en communication d’Efficio (affichage, digital, print, recours à des célébrités et influenceurs…), elles peuvent aussi se limiter à son expertise du marché secondaire. « Elles peuvent ainsi être payées 100% via le Barter, avec des plans médias pour promouvoir leur(s) nouvelle(s) collection(s) ou développer leur notoriété dans le/les pays de leur choix, mais pas obligatoirement. Elles peuvent aussi être rémunérées à 100% en numéraire ou encore mixer Barter et numéraire », explique Maximilien Urso. Et de souligner cependant les plus du Barter, à savoir une valorisation des invendus jusqu’à 30% plus cher que le prix cash des produits sur le marché secondaire, associée au levier de la communication.
Pour déterminer de justes prix de revente, Efficio réalise « de la veille en permanence sur la concurrence du marché secondaire, comme cela se pratique aussi sur le marché primaire ». Avec « d’une manière générale, des prix sur le marché secondaire inférieurs de 30 à 50% en moyenne par rapport à ceux pratiqués en boutique ».
Côté clients, Efficio travaille « aussi bien avec des marques de niche qu’avec de grands groupes ». Parmi les catégories de produits concernées, si l’horlogerie est sa spécialité d’origine, les produits de mode en cuir ne représentent encore que 5% du chiffre d’affaires. Mais Maximilien Urso évoque « de plus en plus de demandes » et d’intérêt pour la démarche spécifique de son entreprise. La loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), interdisant en France la destruction des invendus, et l’amorce d’une réglementation européenne du même type attisent bien sûr son attractivité.

Efficio group valorisation invendus sacs cuir stock
Efficio apporte une véritable valeur ajoutée aux marques : elles les accompagne pour trouver des solutions concernant leurs anciens stocks - Photo © Georgii - AdobeStock.

Changement de mentalité

Maximilien Urso observe aussi un véritable changement de mentalité dans les Maisons. Naguère, certaines préféraient détruire leurs invendus que les revendre sur le marché secondaire. Avec le risque de très mauvais buzz, comme celui ayant touché Burberry en 2018, après l’évocation dans son rapport annuel de la destruction de produits pour une valeur de 31 millions d’euros.
Certes, admet Maximilien Urso, depuis la pandémie, les maisons veillent à produire moins de stocks dormants. Mais en raison d’aléas persistants, ceux-ci peuvent encore représenter « jusqu’à 5 à 10% du business ». Et plaide-t-il, « Efficio apporte une véritable valeur ajoutée aux marques. Nous les aidons en effet à trouver des solutions pour leur passé, en résolvant leurs problèmes d’anciens stocks sans faire de mal à leurs magasins officiels et en intégrant, dans leur stratégie, une démarche RSE. Mais aussi à booster leur avenir, pour installer leurs nouvelles collections, réaliser des lancements de produits ou ouvrir des pays ».
Certes, il existe encore quelques Maisons allergiques au marché secondaire à prix discount. «Dans ce cas, nous les aidons à réfléchir à d’autres solutions, comme le recyclage complet de leurs produits, par exemple des sacs en cuir transformés en sièges automobiles, ou leur upcyclage, soit par exemple la transformation d’une partie d’une série de produits en capsule via la collaboration avec des artistes », poursuit-il.
Cette stratégie couteau-suisse réussit manifestement à Efficio. En 2022, son chiffre d’affaires était d’environ 25 millions d’euros, réalisé pour un tiers en Europe/Moyen-Orient, un tiers en Asie et un tiers en Amérique du Nord. En 2023, il devrait progresser de 10 à 15%. L’essor est à peu près équivalent partout, avec une petite avance pour la Chine, même si son rythme commence à ralentir.

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Rédaction Sophie Bouhier de l’Ecluse

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