Trois artisans maroquiniers lauréats de la dernière promotion « Un des Meilleurs Ouvriers de France »

La nouvelle promotion Albert Lebrun du concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France » a été officiellement primée le 20 juin lors d’une cérémonie à la Sorbonne. Organisé par le COET-MOF (Comité d’Organisation des Expositions du Travail et de l’examen Un des Meilleurs Ouvriers de France), association loi 1901 créée en 1923, le prestigieux concours valorise les savoir-faire et récompense l’excellence des professionnels de plus de 140 métiers, parmi lesquels ceux de la filière mode et luxe. « Le lauréat « Un des Meilleurs Ouvriers de France » véhicule des valeurs d’excellence techniques mais aussi de dépassement de soi, de courage, de rayonnement et de transmission. »
Trois candidats ont décroché le titre diplômant dans la catégorie « Métier des accessoires, de la mode et de la beauté, classe Maroquinerie », reconnaissance de leur expertise et reflet de leur engagement durant plusieurs mois et plus de 400 heures de travail. Portraits d’artisans qui arborent désormais le col bleu blanc rouge.

Valoriser les métiers manuels et susciter des vocations 

Pour cette édition, le cahier des charges portait sur la réalisation d’un sac à main extérieur cuir (homme, femme ou mixte) avec bandoulière et poche intérieure pouvant contenir a minima un smartphone, un trousseau de clefs et un porte-monnaie ; ainsi qu’un porte-monnaie associé (pièces de monnaie, billets et six cartes de crédits). Les impératifs techniques impliquaient notamment de la couture main, de la piqûre machine, des rembords… Un temps de réalisation globale de 450 heures maximum était imparti aux candidats.
Partenaire de l’épreuve, la Fédération Française de la Maroquinerie (FFM) soutient l’examen qui « met en valeur les savoir-faire et la recherche de l’excellence ». Pour la FFM, « transmettre nos savoir-faire et former parfaitement les futurs salariés de sa filière est essentiel pour assurer sa pérennité et continuer de rayonner en France et à l’international ».

Emmanuelle Sarsar MOF maroquinerie cuir
Emmanuelle Sarsar a mis en lumière les techniques traditionnelles de montage sellerie à travers un sac épuré, aux lignes rigides - Photo © Loran Dherines.

Emmanuelle Sarsar, focus sur les savoir-faire techniques

Après des débuts chez les Compagnons du Devoir en Tapisserie d’Ameublement, Emmanuelle Sarsar a co-fondé en 2010 l’école EMS3 dans laquelle elle enseignait les arts plastiques, la tapisserie d’ameublement et la sellerie-maroquinerie. Après un CAP Maroquinerie et un BAC Pro des Métiers du Cuir option Maroquinerie, elle crée l’Atelier Toolbox à Paris. Atelier et centre de formation en sellerie-maroquinerie, elle y enseigne la sellerie-maroquinerie et conçoit des prototypes et des pièces sur-mesure. « Le concours m’a toujours attiré : ma participation a été mûrement réfléchie », souligne-t-elle. « Le sujet, très libre, laissait place à une multitude de possibilités. Je souhaitais intégrer des techniques traditionnelles de la sellerie-maroquinerie à travers un sac épuré, aux lignes rigides, qui valorise la matière et les savoir-faire. Quant au porte-monnaie, mon envie était qu’il soit lié au sac mais qu’il existe aussi indépendamment : l’idée était d’en faire un compagnon pouvant être porté seul, grâce à la même bandoulière que le sac, amovible et réglable. » Pour ces trois articles, le cuir extérieur est un collet à tannage végétal semi-aniline sourcé chez Cuirs Chadefaux. Son coloris bleu nuit a inspiré la couleur des doublures : jaune soleil pour le sac et gris bleuté (lune) pour le porte-monnaie, en cuir de chèvre à tannage végétal semi-aniline, finition crispée, sourcé chez Relma. Quelque 400 heures ont été nécessaires pour aboutir à ce projet dont l’appellation des créations – L’Éclipse pour le sac à main, La Petite Éclipse pour le compagnon et La Nuit pour la bandoulière – a été inspirée par les coloris. Le système de fermeture, lui, a détourné l’utilisation première d’un dé et d’un mousqueton.

Arthur Galliez, artisan maroquinier designer

Formé chez les Compagnons du Devoir, Arthur Galliez exerce en tant qu’artisan sellier maroquinier au sein de la maison Hermès depuis près de dix ans. « Après avoir participé au concours « Un des Meilleurs Apprentis de France » au tout début de ma formation, la suite logique était de poursuivre avec le concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France », l’un de mes leitmotivs dès mes premiers pas dans le métier », reconnaît l’artisan. « Je souhaitais créer un sac rabat de taille moyenne avec une ouverture suffisamment large pour retrouver facilement les objets à l’intérieur. Je l’ai réalisé en cuir de la maison Hermès, de deux couleurs – bleu et bronze doré -, avec doublure intérieure en peau de chèvre de la mégisserie Alran. J’ai proposé deux bandoulières amovibles : l’une en tissu et l’autre en cuir. Côté technique, j’ai opté pour un montage allemand avec finition mixte sur la tranche (rembord et teinture) qui nécessite une finesse d’assemblage. J’ai dessiné toutes les pièces métalliques sur mesure, un challenge. Pierre Murot, un ami, m’a apporté sa vision de designer et son approche esthétique. Pendant plusieurs mois, cette expérience a été particulièrement enrichissante, riche en rencontres et échanges avec d’autres corps de métiers comme les orfèvres, les électro-chimistes… »

Lucie Lasjuilliarias, géométrie et cuir moulé

Artisane maroquinier-sellier chez Hermès depuis dix ans à Paris, Lucie Lasjuilliarias « recherchais un défi » et a particulièrement apprécié cette période intense en créativité. « Après de multiples croquis, j’ai visualisé une forme géométrique, octogonale, que j’apprécie pour son équilibre visuel. La base fine de l’octogone allège le sac et les détails géométriques façon origamis forment les soufflets. Une partie du modèle est en cuir moulé, une technique que je n’avais encore jamais testée : le cuir de vache à tannage végétal, provenant de la tannerie de Chamont, est mouillé puis formé sur un moule. La doublure est en cuir de chèvre. » Le montage à l’allemande – une pièce de cuir intermédiaire vient en lier deux autres – apporte une touche élégante. « Je souhaitais par ailleurs valoriser la bandoulière, création à part entière, en cuir de vache sculpté et gainé. » Soutenue par ses collègues, Lucie Lasjuilliarias a « pleinement vécu ce moment particulier ! Me confronter au regard extérieur a été valorisant et enrichissant ».

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Rédaction Laëtitia Blin

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