Le système d’apprentissage chez les Compagnons du Devoir a fait ses preuves. Comment se déroule-t-il et quels sont ses débouchés ?
Nos primo entrants viennent se former à un métier, ils sont en apprentissage. Ils partent ensuite faire le Tour de France, qui dure en moyenne 6-7 ans. Chaque étape du Tour de France est certifiante. Une fois devenu Compagnon, le jeune a accès à la formation supérieure de niveau 5, l’équivalent d’un BTS. Le Tour de France offre une expérience unique, technique et humaine à la fois, très complète et les débouchés sont bien réels. La plupart des Compagnons achèvent leur Tour de France autour de la trentaine, leurs compétences ne cessent ensuite de grandir. Ils ont toutes les clés en main pour réussir leur vie professionnelle. Leurs responsabilités sont diverses : créer une entreprise, intégrer un bureau d’étude, encadrer une équipe importante…
La demande est forte mais certains métiers sont-ils davantage recherchés ?
La maroquinerie explose, ce n’est un secret pour personne ! La sellerie garnissage est en plein essor. Elles sont toutes les deux en tête du classement. Les tapissiers sont aussi recherchés mais on constate que les entreprises préfèrent des artisans déjà formés. Or, il faut jouer le jeu et s’engager à former soi-même. Il y a aussi beaucoup de débouchés en podo-orthésie, qui reste un métier mal connu. Certains secteurs conservent malheureusement des freins qui limitent leur développement.
Le profil des Compagnons a-t-il évolué selon vous ?
Assurément. 80-85% sont aujourd’hui post-Bac niveau 4. Ils entrent chez les Compagnons à la recherche d’une nouvelle formation. Chez les cordonniers bottiers, la reconversion est même de 90%. Une autre évolution tient à la féminisation de nos métiers. Les femmes sont largement majoritaires chez les tapissiers d’ameublement (95%) et les maroquiniers (85-90%). Elles sont en revanche quasi à l’équilibre en cordonnerie botterie et en sellerie garnissage.
Les enjeux du développement durable sont devenus incontournables. Comment les intégrez-vous au sein des formations ?
C’est un enjeu central pour nous. Les Compagnons du Devoir ont créé, dès 2008-09, une Charte dédiée à l’environnement qui a pris vie dans nos formations. Des modules en e-learning font partie des derniers programmes proposés dans un premier temps aux jeunes de niveau 3, dès la rentrée 2022. Ils seront ensuite déployés en niveau 4. Nos maisons sont libres de développer des initiatives spécifiques autour de la sobriété, de l’alimentation… À l’Institut des Matériaux Souples, on a décidé, par exemple, d’optimiser la valorisation de nos déchets.
Qu’est ce qui caractérise le quotidien d’un futur Compagnon du Devoir spécialiste du cuir ?
L’adaptabilité et l’engagement. Il faut être adaptable, savoir « plier comme un roseau » pour s’adapter aux enjeux du monde qui nous entoure, aujourd’hui et demain. Le numérique, les nouveaux matériaux, le respect de l’environnement, la vie en communauté, savoir travailler à l’établi comme en entreprise sont autant de défis qui nous animent chaque jour.
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