Possery allie mode et made in France

Possery blouson court cuir femme Joliette
Blouson court Joliette pour femme en agneau lisse.

Nouvel entrant sur le marché de la mode femme et homme, Possery conjugue création, expertise du cuir et fabrication locale. Une longueur d’avance pour une marque qui vise haut.
Lancer sa marque de mode est un rêve que beaucoup de professionnels nourrissent. Qui plus est à l’heure de la relocalisation et du made in France, une marque détentrice de son propre outil de production. Aussi, lorsqu’elle apprend en 2018 que la marque Giorgio & Mario cherche un repreneur, Esther Torres n’hésite pas une seconde et se jette dans l’aventure avec l’arrière-pensée d’ajouter sa pierre à l’édifice. « Après des années d’expérience au service de plusieurs sociétés de mode, j’avais envie de reprendre une affaire, confie cette ex-directrice générale de Cortefiel en France. Et je voulais faire du made in France. » Fondée en 1989 par Mario Rosa, ancien artisan spécialisé dans le cuir, Giorgio & Mario fabrique et diffuse des collections de vêtements en cuir pour femmes et hommes. Positionnée moyenne gamme, la marque a rapidement dû acheter des pièces confectionnées en Inde et en Turquie pour rester compétitive. Aujourd’hui encore, elle importe 60% de son offre. « Quand c’est fabriqué dans notre atelier, nous l’indiquons sur l’étiquette », précise la dirigeante. Toutefois, celle-ci voulait « une vraie marque, bien française, détachée de l’image de fabricant ». La crise sanitaire passée – en parallèle de Giorgio & Mario qui continue de satisfaire une clientèle d’habitués avec des classiques -, elle lance donc Possery, avec l’appui d’un cabinet de conseil.

De grandes ambitions

Résolument haut de gamme et mode, Possery propose des modèles exclusifs pour femmes et hommes. La première collection automne hiver 2023-24 comporte une trentaine de modèles pour hommes et environ 90 pour femmes. « Nous nous sommes un peu laissés emporter, concède Esther Torres qui impulse les idées avant qu’elles ne soient finalisées par la modéliste. Pour la prochaine collection, nous nous limiterons à une soixantaine de modèles, vingt pour hommes et le double pour femmes ». Après une première tournée de salons à Paris (Tranoï, Who’s Next), Londres (Scoop), Séoul et Taïwan, Possery compte déjà cinq clients au Japon, cinq en Corée, quatre à Londres et une dizaine en France. « Nous visons une diffusion premium internationale totalement différente des 150 revendeurs français et suisses de Giorgio & Mario. À terme, notre objectif de distribution est d’une cinquantaine de comptes en France et une vingtaine à l’étranger », avance l’entrepreneuse qui confie à demi-mot ses pourparlers avec un grand magasin parisien mais ne cache pas son ambition d’ouvrir une boutique en propre dans la capitale. Le site internet, en pleine reconstruction, complètera bientôt cet arsenal commercial. « Cela nous permettra aussi de travailler en pré-commande. Nous sommes capables de fabriquer en dix jours. »

Possery couture cuir machine
Assemblage sur machine à coudre à plat.

Des matières de premier choix

L’atelier, commun aux deux labels, est situé au cœur de Paris, dans le troisième arrondissement. Une part importante de ses 1 200 m² est dévolue au stockage des peaux sourcées auprès de fournisseurs habituels en Espagne, au Portugal, au Maroc et en France, avec, d’un côté les couleurs de saison, d’un autre les teintes classiques déclinées chaque saison et, au sous-sol, les peaux lainées. Plus précisément, de la chèvre velours, du mérinos espagnol tanné au Portugal, du merinillo espagnol tanné en Espagne, de l’agneau entrefino tanné en Espagne ou au Maroc, du domestic UK, de l’agneau islandais et même de l’agneau de Lacaune tanné en Espagne. « L’hiver, la peau lainée est notre principale matière pour toutes les grosses pièces. L’été, c’est l’agneau lisse (70%) et la chèvre velours (30%) qui remportent la mise, détaille Esther Torres. Nous utilisons également de l’agneau stretch de Cuirs du Futur et parfois de l’agneau plongé de certaines mégisseries françaises. Mais en général, notre agneau est plutôt semi-plongé, c’est-à-dire un peu couvert. » Même si elle reste fidèle à ses fournisseurs historiques, celle-ci se tient au fait des nouveautés sur les salons Lineapelle et Première Vision Leather.

Possery cuir Assemblage surjeteuse.
Assemblage à la surjeteuse.

La tradition pour guide

Ici, la fabrication est encore traditionnelle. D’après un dessin, la modéliste élabore un prototype d’abord en papier puis en toile. « C’est à ce stade que nous prenons les décisions pour modifier le modèle », explique Esther Torres. La gradation est faite à la main. Une fois le patronage définitif, le mécanicien modèle met au point la fabrication. Après sélection des peaux selon leur couleur et leur qualité pour obtenir un vêtement parfaitement homogène, un coupeur prépare les morceaux selon le patronage, en respectant le sens du poil pour les peaux lainées. Cinq à six peaux en moyenne sont nécessaires pour chaque vêtement. D’autres artisans – à l’atelier mais également à leur domicile – se chargent ensuite de l’assemblage de A à Z du vêtement, à l’aide d’une surjeteuse ou d’une machine à coudre à plat. Viennent ensuite les finitions avec la pose des fermetures à glissière et des pressions, puis le repassage, bien sûr sans vapeur et à feu doux pour ne pas jaunir les couleurs, et le contrôle qualité. « Nous conservons tous les patrons, assure cette fille de couturière. Nous en possédons plus de 2 800 en stock. Nous fabriquons aussi des modèles en marque blanche pour quatre clients. Mais tous les modèles Possery sont inédits et exclusifs ». Comme beaucoup d’industriels français de la confection, Esther Torres ne cache pas son inquiétude face à la pénurie de jeunes postulants pour assurer la relève des anciens bientôt sur le départ. « Il n’y a plus que le lycée Turquetil qui forme une douzaine d’apprentis par an à l’assemblage de vêtements en cuir, déplore cet employeur de 17 salariés. Pour la première fois cette année, nous avons pu avoir deux stagiaires. » Souhaitons que le succès de Possery en motive quelques-uns pour se consacrer à ce beau métier.

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Rédaction François Gaillard

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