Les mocassins font leur come-back

Dès les années 1950, les mocassins Sebago ont eu les faveurs des étudiants américains au style preppy.

À l’origine chaussé par les Amérindiens, ce qui deviendra le mocassin n’est alors qu’une peau de bison relevée de manière à envelopper le pied, cousue en forme de U et ornée de décorations tribales. Depuis, s’il n’a pas toujours été tendance – car jugé trop classique -, ce modèle est (re)devenu incontournable de la garde-robe masculine…et féminine, aussi facile à porter avec un costume qu’avec un chino retroussé, avec ou sans chaussettes selon la saison. Pratique à chausser, sans système de maintien, il se caractérise par une semelle plate confortable – en cuir ou caoutchouc – et une empeigne qui couvre jusqu’aux deux-tiers du dessus du pied. Du mocassin indien reconnaissable à sa forme canoë et sa souplesse au modèle d’aujourd’hui qui a donné son nom à une technique de montage spécifique – couture sur le dessus du pied dite plateau -, ses déclinaisons sont nombreuses : en cuir lisse, verni, nubuck, imprimés léopard, serpent…, et parées d’accessoires – pampilles, mors, bride chaînette… -. Tour d’horizon des marques qui ont fait de ce modèle leur signature.

Reconnu pour son penny loafer, G.H. Bass décline également ses collections de modèles à pampilles.

G.H. Bass & Co, référence du penny loafer

En 1876, George Henry Bass reprend une manufacture de chaussures dans l’État du Maine au Nord-Est des États-Unis qui fabrique alors principalement des bottes pour l’aviation américaine. L’entreprise diversifie sa fabrication et se spécialise à partir de 1936 dans le mocassin. Son modèle emblématique, le « Weejun », est inspiré des chaussures que portaient les fermiers en Norvège, d’où son appellation référence à « Norwegian » en anglais. Pour plus de praticité, il ne comporte pas de lacets mais arbore une pièce de cuir cousue au niveau du cou de pied dans laquelle les étudiants américains prendront l’habitude de glisser une pièce de monnaie – un penny – ce qui lui vaudra le nom de « penny loafer », une appellation devenue générique.

Tod’s, l’emblématique mocassin à picots

À la fin des années 1970, Diego Della Valle va s’inspirer des « driving shoes », qu’il repère aux États-Unis. Ces chaussures adaptées à la conduite sont munies de picots en gomme anti glisse courant de la semelle au talon. Le jeune entrepreneur va alors réinterpréter cette forme selon la tradition bottière italienne sous la marque Tod’s. Iconique de la maison, le mocassin Il Gommino symbolise une élégance décontractée et un certain art de vivre transalpin, à porter en toutes circonstances. Extrêmement souple et conçu comme une seconde peau, il se caractérise par une semelle dotée de 133 picots en caoutchouc incrustés dans la semelle gomme, ronds ou ovales, pour une adhérence optimale. Autre signature de la marque, certains modèles arborent un mors apposé sur la languette. Au total, pas moins de cent soixante étapes sont nécessaires pour façonner une paire. C’est sur le site de Brancadoro dans la région des Marches, fief de la famille Della Valle et de la chaussure de luxe en Italie, que la manufacture a fondé sa propre école afin de favoriser la transmission de ses savoir-faire. Que de chemin parcouru depuis l’atelier de cordonnier fondé par Filippo Della il y a près d’un siècle au groupe de luxe international que l’on connaît aujourd’hui (NDLR – Tod’s Group possède également les marques Hogan, Fay et Roger Vivier).

Mocassin à pampilles Brera Fratelli Rossetti en cuir souple bicolore finement tressé selon la technique « Paglia di Vienna » (effet Paille de Vienne), semelle cuir, du 35 au 41+, 560€, et du 39 au 45+ à 620€ prix boutique conseillé.

Fratelli Rossetti casse les codes esthétiques et techniques

Modèle emblématique de la maison italienne, le mocassin à pampilles Brera voit le jour en 1968 sous les traits de crayon de Renzo Rossetti. Ce soulier, qui tire son nom d’un quartier de Milan, était initialement destiné à la gent masculine. Son style androgyne se déclinera rapidement en version féminine. Depuis la marque n’a cessé de le parer de broderies et autres matériaux ou détails originaux. Cet été il est conçu selon un nouveau procédé de tissage maison dit en paille de Vienne ou « Vienna Straw Effect », inspiré du monde du design. Le cuir est plongé dans un bain de couleur après l’assemblage de l’empeigne. Ce traitement particulier rend chaque paire unique. L’entreprise de Parabiago en Lombardie, fondée en 1953 par Renzo et Lisetta Rossetti, est aujourd’hui dirigée par la seconde génération représentée par la fratrie Diego, Dario et Luca. Elle est reconnue pour ses innovations parmi lesquelles la technique Toledo, une méthode de coloration artisanale. Le cuir de veau neutre tanné végétal est tamponné à la main directement sur la tige montée sur la forme, révélant une peausserie chargée de nuances.

Mocassin Dan Sebago en cuir pleine fleur lisse brossé, cousu main, talon en caoutchouc moulé, semelle extérieure Polaris colorée en mousse de caoutchouc, légère et résistante à l'eau, du 39 au 48, 179€ prix boutique conseillé.

Sebago, le moc’ so preppy

Fondée en 1946 par Daniel J. Wellehan Sr., William Beaudoin et Joseph Cordeau en Nouvelle-Angleterre, la Sebago Moc Company fabrique des chaussures inspirées des modèles amérindiens d’où sa dénomination qui signifie « grandes eaux ». À l’image de son premier mocassin en cuir Dan (hommage au co-fondateur Daniel J. Wellehan), les modèles sont cousus main selon un savoir-faire artisanal qui leur assure résistance et longévité. Chausseur du style « preppy » – casual chic -, ses mocassins sont adoptés par les étudiants des preparatory schools de la côte Est dès les années 1950. La marque sera même citée en 1980 dans l’« Official Preppy Handbook » qui recense les attributs indispensables de l’étudiant moderne. En 2017, le label fête son 70e anniversaire avec la réédition de mocassins Citysides déclinés dans un arc-en-ciel de couleurs. En ce début d’année Sebago, représentée dans l’Hexagone par le Showroom Robert Dodd, a choisi la côte atlantique pour ouvrir sa première boutique française, dans le centre-ville d’Arcachon.

Mocassin 180 J.M. Weston en cuir de veau box noir, bride en forme de mouette, plateau cousu main, montage Goodyear, disponible en 7 largeurs par demi pointure, 670€ prix boutique conseillé.

J.M. Weston, le mocassin made in France

En Europe, c’est après la Seconde Guerre mondiale que le chausseur J.M. Weston démocratise ce soulier venu de l’autre côté de l’Atlantique. À la suite d’un voyage aux États-Unis, Eugène Blanchard importe la technique du cousu Goodyear dans sa manufacture de Limoges, un montage qui permet le ressemelage de ce modèle intemporel. Le mocassin 180, symbole de la bande du Drugstore, est indissociable de l’histoire de la maison française. Plus de 150 opérations manuelles sont nécessaires à sa réalisation dans les ateliers du Limousin. Disponible en plusieurs largeurs par demi-pointure, il fait partie des modèles emblématiques pour hommes et femmes que l’entreprise, sous la houlette d’Olivier Saillard, son Directeur Artistique, Image et Culture, propose de restaurer à travers son offre de seconde main, Weston Vintage.

Mocassin Pembrey 2w Church’s en cuir de veau finition polie effet fumé coloris tabac, col replié pour un confort optimal, semelle caoutchouc à losanges, construction Blake, du 34 au 42, 550€ prix boutique conseillé.

Church’s, symbole du soulier anglais

L’histoire de la manufacture remonte à 1617 quand Anthony Church, un maître bottier fabriquait main des chaussures à Northampton, ville réputée pour son activité florissante dans le secteur. En 1873, Thomas Church et ses fils fondent la marque éponyme profitant de l’essor de cette industrie. La maison marquera son époque par son concept novateur de pied droit et pied gauche avec son modèle « Adaptable » qui lui vaudra de nombreux prix. Novatrice, elle fera partie début 1900 des membres fondateurs de la British Shoe and Allied Trades Research Association dédiée à la recherche et à l’innovation dans le monde de la chaussure. Forte d’un succès international, la maison anglaise reçoit en 1965 des mains de la reine Elizabeth II la prestigieuse récompense Queen’s Award to Industry qui couronne sa réussite et sa contribution au rayonnement du royaume britannique à l’exportation. Passée dans le giron du groupe Prada, la marque est restée fidèle à l’élégance typiquement britannique. À l’image de son loafer Pembrey inspiré du mocassin et doté d’un plateau surélevé caractéristique le long de l’empeigne. Ce modèle, à l’origine chausson d’intérieur pensé pour le roi George VI d’Angleterre, se décline dans un éventail de cuirs, couleurs et finitions.

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Rédaction Laëtitia Blin

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