Sous le signe de l’économie circulaire
Depuis 2017, le cordonnier du Mans a pris les rênes de la FFCM avec une ambition : dépoussiérer son image et la redynamiser grâce à des synergies porteuses. L’organisation a ainsi intégré en 2020 le Conseil National du Cuir (CNC) et noué un partenariat, en décembre dernier, avec la start-up digitale Fingz, qui met en relation consommateurs et artisans réparateurs, répartis sur le territoire. Elle est aussi partie prenante du dispositif Repar’Acteurs, déployé par les Chambres des métiers et de l’artisanat avec l’ADEME. À l’occasion des 14èmes Rencontres du Cuir, organisées par le Conseil National du Cuir, Jean-Pierre Verneau a souligné l’importance de l’économie circulaire. « L’essence même de notre métier est d’entretenir, de réparer, de prolonger. On a évolué et on peut tout réparer. Le cordonnier est un maillon essentiel de la chaine environnementale. Il fait partie d’un système vertueux. » La présidente de la Fédération Française de la Chaussure (FFC), Clémentine Colin Richard, conforte ses propos. « Je crois à la boucle ouverte. À mon arrivée à la FFC, j’ai souhaité regrouper les acteurs de la chaussure. Les fabricants fabriquent mais n’ont pas vocation, à l’origine, à réparer. Les cordonniers jouent un rôle majeur. Nous devons adapter la collecte des chaussures usagées, intégrer les cordonniers, les distributeurs, les succursalistes… La R&D va nous aider à réinventer la chaussure. » L’administratrice de la marque Paraboot est impliquée dans Refashion. La FFCM, qui a soutenu sa campagne de communication #RRRR 2022, renforce son engagement en 2023. « Refashion part de zéro avec la chaussure. Nous allons apporter notre soutien technique. Le groupe de travail auquel participe la FFCM devra déterminer comment, quand, avec quoi réparer. Nous allons aussi nous pencher sur les barèmes de dédommagement proposés au consommateur et une possible labellisation. C’est une vraie chance pour renforcer et moderniser notre métier. »
Assurer la relève
À l’issue des Rencontres du Cuir à la cordonnerie Verneau, le président de la Filière Française du Cuir Frank Boehly synthétisait ainsi l’évolution du métier. « Le cordonnier intervient en bout de chaine pour prolonger la durée de vie du produit et il est un acteur majeur de l’éco responsabilité de la filière cuir. Son métier est à tort mal connu. Aujourd’hui, il fait écho à l’envie de moins consommer et retrouve tout son sens ». Les effectifs (3500 entreprises) se sont stabilisés. « Les CDI sont majoritaires et la profession s’est féminisée, précise Jean-Pierre Verneau. Pour autant, les problèmes de recrutement sont réels. D’ici à cinq ans, 500 entreprises seront à reprendre. La reconversion constitue un vivier. Les jeunes ne nous connaissent pas encore suffisamment ». Côté formation, les deux CAP (Cordonnerie Multiservice, Cordonnier Bottier) se préparent en deux ans ainsi que le Brevet Technique des Métiers (BTM), dispensé au Campus des Métiers et de l’Artisanat à Joué-Lès-Tours. « Entre vingt et trente apprenants sont formés chaque année ». Les adultes, quant à eux, peuvent se former, qu’ils soient demandeurs d’emploi, désireux de se perfectionner ou de reprendre une entreprise. Ce qu’il observe autour de lui donne confiance au représentant national de la cordonnerie. « La jeune génération apporte du renouveau et un vrai dynamisme. De jeunes artisans s’engagent dans la création ou la reprise d’entreprises. La plupart d’entre eux sont autodidactes. Ils sont sensibles à l’accueil, au service, à la qualité du commerce de proximité et font du décor un cadre plus « cosy ». La cordonnerie est inventive. Elle est capable de diversifier ses services sans dénaturer sa pratique. Le multiservice l’a prouvé. La spécialisation permet aussi de se différencier. Les sneakers, les chaussures de montagne, la customisation n’ouvrent pas seulement des débouchés. Ils attirent de plus en plus les jeunes. »
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