Comment les Français perçoivent-ils le cuir

Quels usages les Français font-ils du cuir ? Quelle est leur connaissance de cette matière ? Quelles qualités lui reconnaissent-ils ? Quels produits en cuir achètent-ils ? Pour quel budget ? Voici quelques-unes des interrogations qui ont conduit l’Observatoire Économique du Conseil National du Cuir à mener une étude en ligne auprès d’un échantillon représentatif de la population française, en collaboration avec Happydemics. Décryptage.

Le cuir quésaco ?

Si 73% de nos compatriotes savent que le cuir est une matière d’origine naturelle, cette notion est malgré tout plus prégnante avec l’âge puisque chez les 55 ans et plus, ce ratio atteint 87%. A contrario, 54% des 18-24 ans pensent que l’on élève des animaux pour « faire » du cuir tandis que 31% déclarent qu’il ne s’agit pas d’une matière d’origine animale (24,9% sur l’ensemble de la population et 39% chez les 18-44 ans). « Ces résultats confirment la méconnaissance de la matière cuir et de sa fabrication par une part importante de la population », constate Frank Boehly, Président du Conseil National du Cuir (CNC).

Quels atouts ?

La durabilité, la solidité et la réparabilité sont les principales qualités reconnues aux peausseries par une majorité de Français. Le cuir bénéficie globalement d’une image positive en termes de longévité et de résistance : 63% de nos compatriotes estiment pouvoir conserver longtemps un produit en cuir, contre 39% pour un article en textile, 19% pour un synthétique et 18% pour une pièce conçue à partir de matière émergente. Néanmoins les plus jeunes, même s’ils sont conscients de la longévité de ce matériau, pensent que les articles en matières « alternatives » ou synthétiques sont aussi durables (27%). À l’inverse, les plus de 65 ans sont convaincus de la durabilité des articles en cuir (73,8%), contrairement à celle des produits en matières alternatives ou synthétiques (4,1% seulement des plus de 65 ans).

Quels produits ?

La chaussure est le produit en cuir le plus consommé par les Français (32,5%) devant la maroquinerie (23,4%), les vêtements (17,7%) puis les gants et le mobilier (13%). Les femmes déclarent acheter plus souvent de la maroquinerie que les hommes (29,8% contre 16,2%). La gent masculine, elle, plébiscite, plus les chaussures que ces dames (33,5% contre 31,6%). Ces achats sont majoritairement effectués au sein de chaînes de magasins spécialisés (16%), dans des boutiques indépendantes (15%), sur internet (14%) et dans les enseignes de prêt-à-porter (13%).

La chaussure est le produit en cuir le plus consommé par les Français (32,5%) devant la maroquinerie (23,4%).

Quel budget ?

Près de la moitié des Français (48%) a l’habitude d’acheter des produits en cuir. Néanmoins cette matière est perçue comme onéreuse pour 70% des personnes interrogées. Le prix est d’ailleurs la principale raison avancée par les individus déclarant ne pas avoir l’habitude d’acheter des produits en cuir (37%), suivi de la protection animale (23,4%) et de l’entretien (12,6%). Seuls les jeunes de 18 à 24 ans placent la protection animale (29,5%) avant le prix (25%). Les Français déclarent cependant être prêts à allouer un budget élevé pour l’achat de modèles en cuir, en premier lieu pour les chaussures (53,5%), puis la maroquinerie et le mobilier (41,7 % et 40,1%). Les vêtements et les gants n’apparaissent que plus tard dans les intentions d’achat (32,8% et 29%).

Une matière ancrée dans l’économie circulaire

Co-produit de l’industrie agro-alimentaire, le cuir n’est pourtant pas identifié comme tel par le plus grand nombre (92,6%). Pour ceux qui ont en conscience, le caractère réparable du cuir est perçu de manière positive puisque six acheteurs réguliers de produits en cuir sur dix ont l’habitude de les faire réparer, les 35-44 ans étant les plus investis (68,1%). Les professions intermédiaires (71,4%) et les cadres (68,6%) sont les catégories socio-professionnelles les plus adeptes de la réparation.
À l’heure de la consommation responsable, le cuir regroupe toutes les qualités nécessaires pour une mode plus durable et éthique. La part de la seconde main dans les habitudes d’achat de produits en cuir atteint d’ailleurs 31%. Une manière de consommer particulièrement en vogue chez les plus jeunes : 41% chez les18-34 ans, 38% pour les 35-44 ans contre 23% pour les 45 ans et plus. Ces réflexes d’achats sont corrélés à la catégorie socio-professionnelle : ainsi les agriculteurs et les ouvriers sont plus consommateurs de seconde main (respectivement 57% et 43%) que les cadres (22%) et les retraités (27%).

Quid de l’environnement ?

Parmi les 52% des Français qui n’achètent pas de cuir, 30% des 18-24 ans évoquent la protection animale pour justifier ce choix alors que 21% estiment ainsi limiter l’impact environnemental. Une image faussée d’une industrie qui est pourtant la plus ancienne activité de recyclage au monde : en France et en Europe, le cuir provient de peaux d’animaux élevés pour leur viande ou leur lait. Ainsi chaque année les industries des cuirs et peaux et de la tannerie mégisserie valorisent 170 000 tonnes de peaux brutes dans l’Hexagone. 30% des répondants considèrent le cuir polluant (43% sur le segment des 18-24 ans). Afin de démystifier les idées reçues sur la matière, la Filière Française du Cuir a lancé en octobre dernier une campagne digitale mêlant pédagogie, humour et créativité. Baptisée RIUC©, anagramme de CUIR, cette opération avait eu pour objectif de présenter le RIUC© comme une nouvelle matière dotée de toutes les propriétés du cuir en adoptant les codes de communication des matériaux dits émergents.
« Le cuir est plutôt perçu positivement par une majorité de Français et ce, malgré de nombreuses idées reçues, souvent persistantes. Néanmoins la Filière Française du Cuir met tout en œuvre pour renforcer le travail d’information et de sensibilisation mené ces dernières années, notamment auprès des jeunes générations. Matière responsable par essence, la filière a à cœur de défendre les qualités intrinsèques de ce matériau exceptionnel », rappelle Frank Boehly.

Le questionnaire a été administré en ligne du 2 au 7 juillet 2021 auprès de 1 104 personnes, dont 65% de moins de 55 ans, réparties de manière équitable sur l’ensemble du territoire.

Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir nos articles à votre rythme et selon vos préférences de thématiques.

Rédaction Laëtitia Blin
Photos © Corinne Jamet

j'AIME
TWEETER
PIN IT
LINKEDIN

Consultez
les derniers articles
de la rubrique

Quitter la version mobile
Fermer