Le cuir dans la lumière

Belt gainé cuir artisanal cousu main suspension Bouroullec Flos prix Compasso d'Oro
Belt, gainé de cuir artisanal cousu main, flotte dans l’espace avec élégance. La suspension, dessinée par les Bouroullec pour Flos, a remporté un prix Compasso d’Oro. Trois coloris - naturel, noir, vert - sont disponibles, 3 780€ prix boutique conseillé - Photo © RBA.

L’éclairage est un champ d’expression particulièrement riche et actif en matière de savoir-faire et de technologie. Associer au secteur du luminaire un matériau aussi noble, atemporel, sensuel que le cuir apporte un trait distinctif à haute valeur décorative. Zoom sur cinq démarches artisanales originales qui placent l’authenticité du cuir au cœur de la lumière.

lampe Tulip Pierre Cabrera gainée cuir taurillon Rémy Carriat
La lampe Tulip de Pierre Cabrera est thermoformée à la main et gainée à Carcassonne en cuir de taurillon Rémy Carriat (orange, gold, bordeaux, chocolat), 970€ prix boutique conseillé - Photo © Bernard Vainchtein.

La Tulip sculpturale de Pierre Cabrera

Le Toulousain Pierre Cabrera s’est d’abord illustré dans le design industriel. Diplômé en génie mécanique et productique, il collabore avec divers bureaux d’étude en conception 3D durant une vingtaine d’années. Mais l’attirance pour les matières, l’exploration des formes dans l’espace prend rapidement le pas. En 2011, il réalise ses premières pièces uniques suivies, quelques années plus tard, par de petites séries. Pierre Cabrera se lance en autodidacte dans le travail du métal, de la porcelaine de Limoges, du bambou, du verre trempé… Le designer artisan peut compter sur la maîtrise technique qu’il a acquise au fil des ans. Notamment, quand il a l’idée d’usiner et de thermoformer un matériau Solid Surface innovant, qui s’apparente à une pierre acrylique. Le Hi-Macs sert ainsi de base à la lampe Tulip, son modèle signature vendu à plus de 3 000 exemplaires. « À l’origine, dit-il, je cherchais à créer une lumière douce, facile à intégrer. Un trait de crayon continu s’est transformé en un enroulement de papier. » La corolle, née d’un simple pliage, offre « une surface en volume, d’un blanc éclatant qui diffuse la lumière ». Le travail du cuir est le fruit de deux rencontres, celles d’Amalvi Pimenta, fondatrice de l’atelier O’Nolan à Carcassonne, et de la tannerie Rémy Carriat. Pierre Cabrera a jeté son dévolu sur un cuir de taurillon pleine fleur semi-aniline à tannage minéral. « Son grain naturel, sa souplesse, son toucher soyeux unique, sa résistance aux agressions, ses nuances élégantes en font un cuir remarquable et rare », précise-t-il. Un matériau haut de gamme qui souligne l’équilibre et la poésie d’un luminaire disponible en suspension et lampe à poser.

Cosse Ludovic Roth Mobilier national luminiare Oled cuir collet tannage végétal
Cosse de Ludovic Roth fait partie des acquisitions 2023 du Mobilier national. Le luminaire Oled en acier est gainé de cuir de collet à tannage végétal et cousu par les sellières de l’atelier Autour du Cuir. Prix sur demande - Photo © Thomas-Lang.

Cosse et Belt, deux luminaires primés

Ludovic Roth, designer architecte depuis une quinzaine d’années, est un touche-à-tout aussi à l’aise dans le dessin d’objets, le design d’espace que le graphisme. « La réalité du métier de designer abolit les limites », dit-il. En 2021, il fonde son studio parisien et, dans la foulée, rejoint les lauréats du French Design 100, qui consacre les designers faisant rayonner la création française à échelle internationale. Autre reconnaissance, l’acquisition par le Mobilier national en 2023 de son luminaire Cosse. Le designer, exigeant et sélectif, explore volontiers les matériaux. Tel le plastique recyclé Le Pavé, qui compose sa précédente lampe éditée par Furniture For Good. Le cuir n’est pas vraiment inconnu à Ludovic Roth. S’il avait déjà dessiné des sacs et de la petite maroquinerie, c’est la première fois qu’il l’intègre à la lumière. C’est même ce défi innovant qui est à l’origine de sa suspension en cuir sellier. Aérien par son dessin d’aile, Cosse n’en est pas moins complexe du point de vue technique. « Le luminaire réunit le savoir-faire de trois corps de métier : la métallerie, la sellerie et la technologie Oled, explique le designer. Le défi était d’intégrer discrètement les Oled à la tôle d’acier qui sert de structure. » Pour l’habiller, un cuir de sellerie à tannage végétal a été découpé au laser en une fine épaisseur puis cousu et piqué sellier à Paris, dans l’atelier Autour du Cuir. Belt, édité par Flos, porte aussi un nom évocateur. Ce système lumineux, aérien malgré ses dimensions imposantes, doit son nom à la fluidité, la légèreté, la souplesse propres à une ceinture. « C’est de la pure flexibilité, une ligne sinueuse, dont la nature est en équilibre entre la douceur du cuir et la rigidité de l’aluminium », synthétisent les co-designers bretons Ronan et Erwan Bouroullec. Le cuir constitue la matière première de cette suspension hybride et modulaire, au caractère brut et couture à la fois. Les sangles ajustables, fixées au plafond par des boucles, intègrent les sources Led et le système de connexion de manière invisible et continue. Ce mix innovant d’ingéniosité technique et de maîtrise des matériaux a valu à Belt, à juste titre, un prix Compasso d’Oro, prestigieuse récompense internationale de design. « Belt propose une synthèse parfaite d’innovation, de performance lumineuse, de design centré sur l’utilisateur, d’élégance de la forme et de raffinement artisanal, souligne Roberta Silva, à la tête de Flos. C’est l’occasion pour nous de supprimer toutes les frontières entre les catégories de luminaires technique et décoratif. »

Le cuir, source de pureté formelle

Le cuir n’est pas à proprement parler le premier matériau auquel la lumière fait penser… Mais ses propriétés ont tout pour séduire des acteurs enclins à l’audace et au luxe sur le marché très dynamique du luminaire. C’est précisément ce qui a rapproché la maison italienne de décoration d’intérieur en cuir Giobagnara et le spécialiste de l’éclairage belge Tekna. La première collection a nécessité plusieurs mois de mise au point. « Un vaste choix de nuances de cuir, des détails raffinés comme les coutures artisanales confortent la dimension très décorative de nos luminaires », résume Giobagnara. Les trois pièces, au design élégant, ont été conçues en fonction de diverses fonctionnalités. Le lampadaire « Marquesse » se prête à la lecture avec son tube orientable. La lampe de table Blakes, elle, revisite la lanterne légère et portable, avec ses inserts de verre encadrés de cuir. Quant à Walcoff, c’est au mur que se fixe cette applique en cuir et laiton, telle une composition architecturale. Le cuir apparaît aussi pour la première fois chez Oluce, la plus ancienne entreprise italienne de luminaire, née en 1945. Il gaine l’abat-jour de Parallel, dessiné par Victor Vasilev. Pour sa deuxième collaboration avec l’éditeur italien, le designer bulgare a misé sur la géométrie d’un cylindre en cuir glissant le long d’une tige métallique d’un noir mat. Un contraste bi-matières du plus bel effet.

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Rédaction Nadine Guérin

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