Le luxe place les investissements technologiques au cœur de sa stratégie
Alors qu’ils consacrent déjà 3,1% de leur chiffre d’affaires aux investissements technologiques, les acteurs du luxe comptent bien accroître leur budget ...
Sylvie et David Billat sont des passionnés de la chaussure installés en Bourgogne, à Semur-en-Auxois, depuis le milieu des années 1990. Ces ardents défenseurs de la qualité et du service militent pour un métier de proximité et de pédagogie.
Duo gagnant
Le couple, natif de l’Yonne, a débuté jeune. Les deux vingtenaires partagent un même idéal : « s’installer en zone rurale pour être près des habitants ». Une étude de marché les incite alors à choisir Semur-en Auxois, cité médiévale et petite zone de chalandise de 4 000 habitants. Trente ans plus tard, « les clients viennent de plus en plus loin pour notre commerce, précise le dirigeant. Il nous a fallu nous singulariser ». Sylvie et David Billat forment en effet un tandem de choc. La première orchestre efficacement les commandes, les réassorts, l’aménagement intérieur ainsi que la décoration des vitrines de la boutique. L’artisan a fait ses classes sur le terrain dans le domaine de la vente et de la réparation après s’être formé à la gestion de production industrielle. De fait, c’est un double métier qui définit Maison Billat, pour qui des chaussures solides sont forcément réparables. Dans son atelier, David adapte, ressemelle… « La vente et la cordonnerie étaient liées dès nos débuts, ajoute le détaillant cordonnier. Depuis dix ans, on ne répare plus que les chaussures que nous vendons. Cela ne représente qu’une partie infime de notre chiffre d’affaires, mais l’image, la perception s’en ressentent. Savoir qu’il peut faire réparer ses chaussures, si besoin, sur place, rassure le client. » Les réparations les plus demandées sont les changements de talons, de patins… Coutures, collages, mises en forme sont aussi réalisés au sein de l’atelier. Maison Billat est labellisée pour appliquer le Bonus Réparation de Refashion et agréée réparateur Paraboot.
Un multimarques à la sélection rigoureuse
La réparation est une plus-value qui s’inscrit dans une vision élargie du service au client. « Notre objectif est de proposer des produits justes dont le client a réellement besoin », poursuit David Billat. Telles les marques d’entretien du cuir soigneusement sélectionnées, comme Graisse Panda ou Saphir. S’ajoute une poignée de créateurs français de maroquinerie. « Le Sac du Berger a été la première marque artisanale d’accessoires en cuir avec qui nous avons commencé à travailler, précise t-il. Nous partageons les mêmes valeurs. Nous diffusons aussi des articles de voyage fabriqués par Alexandre Mareuil. » Le prêt-à-porter est une autre source de ventes complémentaires et il n’est pas absent du commerce de centre-ville dirigé par le duo. « Trois tailles couvrent les ¾ du marché, observe Maison Billat. Saint James est l’un de nos fournisseurs, l’Anglais Barbour, aussi. » Côté chaussures, l’offre est tout aussi sélective et, cette fois, largement majoritaire, avec une quinzaine de marques de provenance européenne. La qualité qu’exige Maison Billat dépend totalement du « professionnalisme de nos fournisseurs, poursuit le chef d’entreprise. Nous voulons pouvoir justifier le prix par rapport à la matière première, la fabrication, le montage… Nous veillons à proposer des produits chaussants, confortables, abordables, convenant à tous types de besoins. Les marques autrichiennes, par exemple, sont réputées pour offrir des demi tailles et différentes largeurs de pieds, ce qui est un atout. Aujourd’hui, on tend à travailler avec moins de marques afin de privilégier avec elles des relations dans le temps ».
Attention et exigence
En trois décennies, Maison Billat a vu évoluer son secteur de prédilection. « Le marché de la chaussure a beaucoup changé, le détail souffre, confirme le dirigeant. Il est indispensable de se différencier si l’on veut rester dans la course. Le détail de la chaussure demande de passer du temps avec son client pour connaître précisément ses besoins et lui apporter la solution la plus adaptée. » Le moindre problème lié au pied exige une heure au minimum d’observation, d’échanges… Les besoins de chaussures spécifiques, au confort optimal, sont plus nombreux qu’on ne le croit ! À commencer par ceux des marcheurs de tout âge. Le commerce de Semur-en Auxois attire ainsi les randonneurs depuis son ouverture et son offre n’a cessé de gagner du terrain. Deuter, Rohner, Fizan, Galibier sont quelques-unes des marques commercialisées, sans oublier Meindl, « la référence allemande avec plus de 450 modèles, dont le savoir-faire remonte à plus de 300 ans ». David Billat explique l’engouement pour ce type de chaussures spécialisées. « Les magasins de sport en centre-ville sont devenus de plus en plus généralistes. Ils privilégient le porter urbain aux demandes spécifiques. Or, le marcheur veut de la diversité et du conseil. Les délais de livraison pour les chaussures de randonnée sont plus longs que pour la moyenne. Mais nos clients comprennent pourquoi ils doivent patienter. »
Au service du confort
Son choix rigoureux, Maison Billat l’effectue chaque année en visitant les salons professionnels européens, tels MICAM,Crecendo Expo… Le détaillant se déplace également à Colmar, Lyon, Munich ou Düsseldorf. « Le confort du pied concerne toutes les générations, observe le commerçant. Les plus jeunes se montrent très sensibles aux chaussures que l’on peut réparer. Ils réclament des produits authentiques. » Le made in France a aussi sa place dans le point de vente même si les acteurs sont devenus minoritaires. « Les fabricants dans le Choletais étaient capables de fabriquer en très peu de temps, se souvient David Billat. Nous avons fait le choix de diffuser Paraboot, Le Soulor, Gatine. La jeune marque Sessile est un peu notre « danseuse », car les marges sont faibles. Ses sneakers 100% français ont un très bon rapport qualité-prix. Proposer des petites séries produites en France fait partie de notre métier de détaillant. » Maison Billat est adhérente à la Fédération Française des Cordonniers Multiservices (FFCM) et à la Fédération des Détaillants en Chaussures de France (FDCF). Mais c’est à son travail sur le terrain que le détaillant cordonnier se concentre au quotidien. « Vendre facilement des produits avec des marges élevées ne nous intéresse pas. Notre priorité est de sensibiliser et d’éduquer le consommateur à bien se chausser. Car le client achète trop souvent sans savoir. Les pieds sont, certes, plus soignés, plus esthétiques qu’avant. Mais les pathologies liées à des chaussures inadaptées sont bien plus nombreuses. À nos débuts, un client sur dix portait des semelles correctives. Trente ans plus tard, c’est un client sur deux. Une chaussure sans maintien suffisant est l’une des raisons pour lesquelles le pied se déforme. » Toutes les chaussures ne se valent pas !
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Rédaction Nadine Guérin
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