Christophe Dehard
ou l’amélioration de la qualité des peaux brutes

Christophe Dehard
Au sein du Groupe SVA (Société Vitréenne d'Abattage), Christophe Dehard s’attache à valoriser les peaux brutes, coproduits de l’industrie alimentaire, destinées au secteur du cuir.

Élu président du Syndicat des Cuirs & Peaux Bruts le 29 juin 2018, Christophe Dehard, 46 ans, est également responsable d’une activité moins connue de la filière cuir : le traitement du 5ème quartier. Au sein du Groupe SVA (Société Vitréenne d’Abattage), il s’attache à valoriser les peaux brutes, coproduits de l’industrie alimentaire, destinées au secteur du cuir. Rencontre.

Quel est votre parcours et votre rôle au sein du groupe SVA ?

J’ai rejoint le Groupe SVA en 2012, après mes études en management dans le domaine de l’agroalimentaire. SVA est une grosse entité qui appartient aujourd’hui au Groupe Mousquetaires (Intermarché) à 100%. Elle inclue les abattoirs, les unités de découpe de viande ou de produits élaborés, de type steacks hachés, ainsi qu’une activité de traitement des coproduits pour faire du suif, des graisses et protéines alimentaires ou de la gélatine. Je m’occupe de l’ensemble des activités de 5ème quartier du groupe, ce qui englobe aussi bien les abattoirs de bovins, ovins et porcins, que les sites de traitement des gras. Le 5ème quartier, c’est tout ce qui n’est pas de la viande, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas valorisé en boucherie : de la peau bien sûr, en passant par les sabots, la corne et les abats jusqu’aux os.

Qui sont vos interlocuteurs ?

Nous avons des clients de diverses dimensions, sur une base de contrats trimestriels. Le dernier mois de chaque trimestre est en général intense avec les négociations des trimestres suivants. Mais en réalité, nous passons plus de temps sur l’amélioration de la qualité, sur le volume collecté, le respect de l’innocuité car, dans le coproduit, il y a aussi des matières valorisables et des matières qui ne le sont pas. Mon vrai rôle, si je devais résumer mon métier, c’est de m’assurer que le bon produit aille à la bonne destination. Négocier de nouveaux contrats commerciaux, créer des nouveaux produits, suivre la production de près et valoriser ces marchés font partie de mon quotidien. Pour vous donner un ordre d’idée, notre filière bœuf traite à l’année 330 000 gros bovins, 300 000 agneaux et 120 000 veaux sur 2 sites.

Vous avez évoqué l’amélioration de la qualité. Quelles sont les actions que vous avez menées sur cet aspect, notamment en ce qui concerne le cuir ?

Tout d’abord, il faut savoir que la qualité fait partie de la culture du groupe SVA. Les fondateurs de Jean Rozé, Jean et Louis Rozé, ont naturellement toujours accordé de l’importance à valoriser le 5ème quartier. Côté cuir, nous avons une structure qui travaille les cuirs de façon intégrée sur 2 sites d’abattage, à Trémorel, et Vitré, le principal où se situe le siège. Nous sommes donc très outillés et très mécanisés. Par exemple, sur le site de Vitré, nous travaillons avec une plieuse automatique, machine unique qui est issue de « l’engineering » maison. Par ailleurs, nous avons une équipe maintenance et une équipe méthodes pour l’ensemble du parc de machines. Nous nous sommes inspirés de ce qui se fait dans les blanchisseries industrielles pour plier les cuirs, aussi bien de bœuf, de veau, que de taureau, qui sont par nature délicats. Les peaux brutes salées sont ensuite déposées automatiquement sur une palette appropriée en fonction du scenario désiré. Il existe 16 types de palettes avec des classifications bien précises selon le type de surface. Le porc est quant à lui traité dans 3 autres abattoirs situés en Bretagne.

Comment fonctionnez-vous avec les tanneurs ?

Nous sommes en relation directe avec eux, sur une base de contrats de coopération. Nous avons aujourd’hui une clientèle très établie avec laquelle nous signons pour le long terme. Par ailleurs, nos relations commerciales ne sont pas liées qu’à l’acte de prix, même s’il demeure une dominante. Pour le veau, par exemple, nous avons développé un partenariat depuis quelques années avec les principales tanneries françaises, parmi lesquelles Haas, Dupuy, Annonay et Roux, et sommes toujours très présents en Italie. Concernant le veau toujours, nous sommes également intégrateurs, ce qui veut dire que nous les mettons en nourrice chez les éleveurs, à hauteur de 50 % du volume d’activité, ce qui représente déjà un plus par rapport à un pur abatteur.

Et les éleveurs ?

Notre travail sur l’amélioration de la qualité s’inscrit dès l’élevage, avec une attention particulière à l’alimentation des animaux. Nous ne sommes pas forcément sur les mêmes modes d’élevages que nos confrères. Par exemple, nous utilisons davantage de lait. Ces efforts portent leurs fruits au niveau de la qualité de la viande, car il ne faut pas oublier que nos clients principaux sont les magasins Intermarché, soit 1 800 magasins répartis sur toute la France et qui représentent 70% de notre volume d’activité. Nous commercialisons aussi bien sûr auprès des boucheries traditionnelles. Ce qui veut dire que la viande que nous livrons doit être appétissante à l’œil tout en répondant à certaines normes et conformités. Alors, en interne, nous avons mis en place des protocoles de contrôles très poussés. En bref, nous essayons d’améliorer la qualité d’une manière générale, chez nous un cuir a autant d’importance qu’un filet de bœuf. C’est notre philosophie.               

Rédaction Jean-Marc Ménard

Le Groupe SVA en dates clés

1955 : La Société Vitréenne d’Abattage est créée.
1974 : La SVA rachète l’abattoir municipal de Vitré.
1993 : La SVA lance la marque Jean Rozé.
2001 : La SVA Jean Rozé devient une filiale du Groupement des Mousquetaires.

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