Christian Blanckaert, Président de La Fondation J.M. Weston

Christian Blanckaert préside la Fondation J.M. Weston.

La Fondation d’Entreprise J.M. Weston accompagne les jeunes artisans du cuir sur la voie de l’excellence. Elle est présidée par un expert de l’artisanat d’art et des métiers du luxe, qui a œuvré chez Hermès et au sein du Comité Colbert. Christian Blanckaert revient sur les actions menées et les défis à relever.

La valorisation du travail manuel et la transmission de savoir-faire d’exception sont les principaux piliers de la Fondation J.M.Weston. Pour rappel, Eugène Blanchard – fils du fondateur de la manufacture à Limoges – est parti parfaire son apprentissage à Weston aux États-Unis dès 1904. C’est dire l’importance de la formation et de l’échange dans un itinéraire professionnel. Une cinquantaine de voyages d’études ont ainsi été soutenus par la Fondation depuis sa création en 2011, de l’Europe au Canada en passant par l’Australie… Le voyage fait aussi partie intégrante du Compagnonnage, inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. L’association des Compagnons du Devoir et du Tour de France est le partenaire historique de la Fondation J.M.Weston. Elles s’unissent chaque année pour organiser le Défi Innover Ensemble, un projet collaboratif, unique en son genre, rapprochant artisans compagnons (cordonnier bottier, maroquinier sellier), designers de l’ENSCI et étudiants de l’IFM. La Fondation qui encourage également le programme Savoir-Faire et Création de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) a lancé en 2017 les J.M.Weston Foundation Awards. La troisième édition de cet échange franco-japonais, valorisant le métier de cordonnier bottier, s’est achevée en novembre dernier.

La Fondation d’Entreprise s’adresse à la jeune génération. Quel message voulez-vous lui transmettre ?

La Fondation J.M.Weston a été créée en 2011 par le dirigeant d’EPI, Christopher Descours pour valoriser le travail des artisans – essentiellement bottiers maroquiniers – et encourager la transmission. Le grand message à faire passer est qu’on travaille pour l’excellence de l’artisan. Stimuler l’innovation est un objectif fondamental. Les métiers du cuir en ont besoin.

Les Compagnons du Devoir et du Tour de France sont partenaires depuis le début. En quoi cette association est-elle exemplaire ?

Elle l’est par sa modestie, sa discrétion, la qualité intrinsèque de ses artisans compagnons. Les Compagnons du Devoir sont des professionnels d’une grande compétence, passionnés par le geste. Ils sont formés à bien faire, à comprendre le détail, à s’améliorer, à lier le geste à la pensée. Ils ont le goût de l’excellence. Ce sont des partenaires très valorisants pour notre Fondation. Ils représentent un vivier de savoir-faire. Les Compagnons du Devoir basés au Pôle d’Excellence des Matériaux Souples à Pantin me donnent beaucoup d’espoir pour l’avenir.

Vous présidez la Fondation depuis 2016. Quelles ont été vos priorités ?

Renforcer l’action avec les Compagnons du Devoir et internationaliser. J’ai eu l’idée d’allouer des bourses pour le projet avec le Japon. J’ai eu l’occasion d’y travailler, j’adore la culture japonaise, Kyoto, le sens du détail, le culte de l’artisanat… J’ai rencontré le maître bottier Yohei Fukuda à Tokyo et proposé d’envoyer dans son atelier pendant deux mois deux Français choisis par les Compagnons du Devoir. L’immersion se passe aussi au sein de la manufacture Scotch Grain, dont le cordonnier Takumi répare toutes les chaussures J.M. Weston au Japon. Inversement, deux étudiants japonais viennent parfaire leur apprentissage dans la manufacture de Limoges. Chacun des lauréats réalise sa paire de chaussures d’exception. C’est très porteur pour la Fondation dont la vocation est le partage d’expertise. C’est aussi très motivant pour les lauréats français et japonais qui continuent d’apprendre en voyageant. L’échange avec le Japon s’inscrit dans la durée. Si un jour on a plus de moyens, on pourrait imaginer des actions similaires avec d’autres pays, en Angleterre, en Italie, en Afrique… On reçoit d’ailleurs de plus en plus de demandes.

À quels défis, selon vous, devra faire face l’artisan du cuir dans l’avenir ?

C’est une question qui m’intéresse beaucoup. Le premier défi auquel les artisans sont confrontés est l’innovation et la créativité sur un produit naturel, le cuir, qui tend à souffrir. Les cuirs de très belle qualité se font plus rares. Comment innover avec cette matière ? Comment faire en sorte que les peaux soient belles alors qu’elles ont tendance à ne plus l’être ? Comment traiter des peaux brutes abîmées ? Le second point, c’est le style. Le troisième défi est la raréfaction de matière première. L’approvisionnement est une vraie problématique. Est-ce que le cuir suffira ou pas à l’avenir ? Auquel cas, il faudra trouver des alternatives. Je pense au crocodile, à l’autruche, au latex d’Amazonie, au carton, au papier… La compétition entre les différents matériaux, quels qu’ils soient, représente un défi passionnant.

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Rédaction Nadine Guérin 

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